Quand un homme promet quelque chose pour l’éternité, il joue avec la vérité. Rien n’est éternel.
Je déteste et j’adore, cela fait mal.
Le peuple ne renonce pas à l’espoir parce qu’il est déçu, il redouble seulement d’espoir.
Une terrible haine monte en vous dans une bataille, une haine qui vient de la noirceur de l’âme et vous remplit dune colère féroce et sanguinaire. On y prend plaisir aussi.
Le destin est l’ennemi du contentement de soi, et le destin est inexorable.
A quoi penses-tu dans la bataille ?
A rester vivant, à tuer, à gagner.
Les éclaireurs saxons avaient disparu à l’ouest, mais ils revinrent soudain au galop. La poussière se soulevait sous les sabots de leurs chevaux. Leur vitesse suffisait à nous dire qu’ils avaient aperçu Arthur et, bientôt, cette agitation désordonnée des préparatifs saxons se transformerait en un mur de boucliers et de lances. J’empoignai la longue hampe en frêne de mon arme, fermai les yeux et décochai une prière vers le firmament où Bel et Mithra devaient écouter. « Regarde-les ! » s’exclama Cuneglas pendant que je priais, et j’ouvris les yeux pour voir la ruée d’Arthur remplir l’extrémité ouest de la vallée. Le soleil brillait sur les visages et scintillait sur des centaines de lames nues et de casques polis. Près de la rivière, ses cavaliers éperonnèrent leurs montures pour s’emparer du pont, au sud d’Aquae Sulis, tandis que la longue ligne des troupes du Gwent s’engageait au centre de la vallée. Les hommes de Tewdric portaient l’équipement romain : plastrons de bronze, manteaux rouges et casques aux épais plumets, si bien que, vus du sommet du Mynydd Baddon, ils ressemblaient à des phalanges cramoisi et or sous une multitude de bannières qui arboraient, au lieu du taureau noir du Gwent, des croix chrétiennes rouges. Au nord, Sagramor menait les lanciers d’Arthur sous son vaste étendard noir accroché à une hampe que surmontait un crâne de Saxon. Encore aujourd’hui, je peux fermer les yeux et voir cette armée avancer, voir le vent agiter cette mer de drapeaux au-dessus des lignes inflexibles, voir la poussière s’élever du sol derrière elles, et voir les récoltes en pleine croissance piétinées, aplaties, par leur passage
Le destin est l'ennemi du contentement de soi.
Si Arthur avait voulu qu'elle disparaisse de sa vie, il l'aurait livrée aux flammes, et c'est ce qu'il aurait du faire. Rien de tel qu'un bon bûcher pour améliorer le comportement d'une femme, mais inutile de dire cela à Arthur. Ce demeuré est amoureux d'elle !
(Merlin à Derfel)
Les femmes, elles hantent tellement ce récit. Quand j'ai commencé à rédiger la vie d'Arthur, je pensais que ce serait une histoire d'hommes; une chronique pleine d'épées et de lances, de batailles remportées et de frontières délimitées, de traités rompus et de rois détrônés, car n'est-ce pas ainsi que l'on raconte l'Histoire? L'Histoire est le récit des actions des hommes, narrée par des hommes, mais dans celle d'Arthur, tel le scintillement du saumon dans une eau noire comme la tourbe, les femmes brillent à coup sûr.