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Citations sur Vous n'écrivez plus ? (9)

La standardiste

C'est la vie de ma mère. Trente ans à attendre, assise à la même place, que quelqu'un vous regarde et vous parle, que quelque chose commence. Et rien, jamais rien. Il y a une expression pour ce type de personne, c'est -femme de peu-Ma mère était une femme de peu d'importance, et même de peu d'existence. Une femme de peu d'exigence.
"Alors le soir, la nuit, vous avez vu: ça fait un bon quart du roman, elle était prise d'une espèce de rage d'en rajouter dans le rien. Vous avez lu ce qu'elle en dit. Elle creusait le rien avec fureur. (...) (p. 19)
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La standardiste

Un des grands prix littéraires de l'automne, pour une femme qui n'a pas été gâtée par la vie- le livre était autobiographique, Dervieu en aurait mis sa main en feu. Elle ne doit pas peser beaucoup plus de quarante kilos. Ce n'est pas rien, ce qu'on apporte aux gens. Il y a la magie là-derrière. On peut transformer la vie d'une petite employée en conte de fées. Et c'est pour ça que les lecteurs aiment les prix littéraires: ils sont en quelque sorte associés à ce conte de fées. (p. 11)
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C'est pas qu'on soit inoccupé, à un standard,disait Josée Barry,mais on a le temps de rêver-Le travail est tellement creux. (...)
"Éditions Martel,bonjour.".Elle devait prononcer dix phrases dans la journée, toujours les mêmes. Deux cents fois chacune des dix phrases. C'était devenu une espèce de robot." (p.16)
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La Standardiste

Je voyais le moment où l'éditeur en ferait un argument de vente, Le dernier souffle d'une femme qui s'éteint, ou genre. Après tout,quand ma mère écrivait, c'était une autre femme ,lucide, pour ne pas dire extralucide, avec la rage d'écrire, à défaut d'avoir la rage de vivre. (p.22)
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C'est cette femme un peu moins indifférente que les autres qui a donné à ma mère l'énergie d'écrire. Elle lui a passé Marie-Claire, de Marguerite Audoux, en lui disant qu'un très beau livre pouvait surgir d'un milieu pauvre en tout, sous la plume d'une personne sans culture. Ma mère a pensé que c'était une invitation à se lancer. Ç'a été comme un déclic, pour elle. Le soir même elle a écrit sa première page. Elle y était prête, elle a pensé que la dame aimable l'avait deviné.
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Il ne regrettait pas d'avoir voté pour elle. Un prix pareil, ce n'est pas rien. Un des grands prix littéraires de l'automne, pour une femme qui n'a pas été gâtée par la vie – le livre était autobiographique, Dervieu en aurait mis sa main au feu. Elle ne doit pas peser beaucoup plus de quarante kilos. Ce n'est pas rien, ce qu'on apporte aux gens. Il y a de la magie là-derrière. On peut transformer la vie d'une petite employée en conte de fées. Et c'est pour ça que les lecteurs aiment les prix littéraires : ils sont en quelque sorte associés à ce conte de fées.
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« Quand je vois le succès de ce livre, j'enrage, dit Josée. Ce n'est pas tant l'argent qu'il rapporte, encore que... C'est surtout que ma mère se serait vue différemment. Elle aurait enfin su qu'elle valait quelque chose. Il est arrivé des centaines de lettres pour Anne Ibarry chez Belmont. Son livre touche beaucoup. Elle qui ne touchait personne... L'argent, je vous assure que je sais quoi en faire. J'en détournerai pas un sou. Tout ira à ma mère. Elle ne me reconnaît plus, elle ne comprend rien à ce que je lui dis. Elle n'a plus qu'un seul plaisir, elle se goinfre. À l'hôpital, on la rationne. Soupe de légumes, compote de poire. Mais avec moi, ça va y aller. Elle aime les trucs de pauvres, les bonbons fondants, le chocolat au lait, le pain d'épice. Elle va en avoir, je vous le jure. J'irai en acheter chez Fauchon. Je lui en apporterai des sacs. »
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Moi, c'est Josée. Josée Barry, j'ai le même nom que ma mère, mais c'est une autre histoire. Elle a travaillé trente ans aux Éditions Martel, au standard. Je suppose qu'un certain nombre de gens ici la reconnaîtraient. Parce que, bien sûr, ils ne connaissaient pas son nom. Ma mère a été toute sa vie une de ces personnes qui n'ont pas de nom. Même pas de prénom. “La rousse du standard”, c'était bien suffisant. Pas la belle rousse, non : la rouquine. La petite rousse du standard. »
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Elle n'avait rien à voir avec ce livre, elle était attachée de presse chez Martel, pas chez Belmont, n'empêche. Elle avait connu Annie Barry, et elle allait être assaillie de questions qui n'en seraient pas. Alors, on n'a rien vu venir, chez Martel ? On n'a pas soupçonné qu'on tenait un auteur de ce calibre parmi les smicards de la maison ? Jennifer n'avait rien à répondre, il fallait qu'elle voie les Martel et que la maison adopte une ligne de conduite. Ce ne serait pas évident. Les Éditions Martel n'avait pas grand-chose à se reprocher, mais cette histoire les ridiculisait.
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