Libye 2019
Francesca Mannocchi/
Gianluca Costantini
Rackham 2220, 144p
C'est l'amour d'un pays. Il est riche de pétrole et de gaz. Mais les gouvernants cupides ont en fait une terre de peur, de résignation, de violence, de corruption. A la dictature de Khadafi, a succédé une milice qui proposait de débarrasser le pays des terroristes et des groupes islamistes, mais la milice avait pour vrai but de s'accaparer les richesses. l'chef de cette milice est Khalifa Haftar, ex-général de Khadafi, soutenu par la France et la Russie, tandis que l'Italie et le Qatar sont pour Sarraj.
C'est aussi une accusation des gouvernements occidentaux qui ont légitimé ces bandits. Déjà avec Khadafi qui brandissait la menace d'une Europe noire, la France et l'Italie avaient signé des accords, qui stipulaient que les migrants ne devaient pas arriver sur leurs côtes, peu importait de savoir comment l'arrêt se faisait.
On jette en prison des innocents ou ceux qui ne baissent pas la tête devant le pouvoir. le marché noir fait grimper de 4 à 7 fois le taux officiel. C'est un fardeau énorme pour les citoyens qui, de plus, ne peuvent retirer des banques, contrôlées par les milices qui exigent des pots-de-vin, que 500 dinars par mois, soit 90 euros au marché noir, Les jeunes, sans avenir stable, tentent de gagner les côtes italiennes, mais gare aux membres de Daech qui capturent, violent et exercent des sévices. Gare aussi aux trafiquants d'hommes organisés en mafias : chaque individu a un rôle bien précis dans le trafic, et il est difficile de désigner le coupable. de passeur, il n'y en a pas, c'est un migrant qui en tient lieu, plus dégourdi que les autres et à qui on donne une boussole pointée vers le Nord.
Est-il possible de faire quelque chose contre les puissances d'argent et quand l'Occident ferme les yeux ?
Cette BD, en noir et blanc, d'un graphisme réaliste, avec des portraits d'hommes et de femmes souffrant qui emportent la sympathie, présentant des pages touffues saturées de violences diverses et des cartes qui permettent de situer les lieux, veut avec leurs auteurs F. Mannocchi, journaliste d'investigation, et G. Costantini, militant des droits de l'homme, que les yeux restent ouverts. La démonstration est claire, qui a pour intermédiaires des
Libyens qui vivent dans leurs chairs les atrocités du pays.