Extrait 10
quelques chiens se répondent, aboient en échos, de ferme en ferme,
isolées sur les coteaux
le grelot diffus des clarines
une voiture au loin sur la route du col
l’enfant
bouche de terre
à l’intérieur de moi
Extrait 6 bis
une autre image les alpages dans la lumière d’un matin d’automne
la vallée se creuse et c’est bientôt beaucoup plus qu’une ombre
vaste
et tout le ciel
les herbes
grasses encore
sèchent sur les lauzes
dans les creuses, sur les pentes accrochées entre les falaises
une paume dans la terre
contre la roche
et quoi les mots m’ont-ils donner à vivre ?
Extrait 6
il aimerait
être emporté dans le filet d’une eau glaciale qui cherche son chemin
entre les graviers saillants dans la terre noire
dans la lumière rasante des mélèzes sur la neige
que déchirent les branches nues des vernes, des embrunes, des rosages
et les herbes brûlées
respirer avec la pierre
Extrait 5
retrouver le goût de la terre
sous la langue les ongles
des mots
mon sang
ne pas se laisser séparer
retrouver l’enfant
me lover contre lui dans la terre
comme le vide au creux de ma main
et c’est ma main encore
quand si loin regarder une image
avoir bouche de terre
pour essayer encore de
creuser l’image
Extrait 9
redescendre dans la nuit
suivant le sentier entre les roches, les pâtures, les bosquets
la forêt
marcher sentir au creux du dos
le mufle de la nuit
respirer
l’humide le froid la terre les herbes sèches
la pierre à fleur de paume ronces écorces bois morts
la menthe l’ortie le serpolet
les bêtes et les branches
frémissent
et c’est comme un appel, sourd et lointain
le lourd galop du temps
Extrait 8
rechercher tout ce qui de ma chair fait corps
la respiration de la pierre
le cri de la chevêche dans la nuit qui tombe
l’empreinte des mousses des lichens comme morsure torse
et plus bas la terre la fuite des eaux toutes les eaux le sable nous emportent
l’humidité gagne mon être avec le froid la nuit
et c’est matière d’être rendu à l’éphémère dans la danse des ombres grandes et des lambeaux de lune, étranges ramures, entre les blocs, dans la combe
nuit de cris et de chants
dans l’herbe noire
contre la pierre
Extrait 7
l’enfance n’est pas un refuge
mais elle desserre la corde étranglée du soir sur la ville
avec la nuit les mots à force d’essayer tissages incertains béances abandons
dénouent le chant
l’air sur la peau descend de la montagne
le dos contre la pierre la nuit
la ville
respirent
la lumière tremblante des phares
la solitude d’un poème
et le corps-lappiaz
de l’enfant écoute
Extrait 4
parfois l’enfant perdu
on marche
dans le murmure fou de la ville, horizontale sans fuite
on essaye des mots
déchirer
le poing contre les pierres
de murs qui n’existent pas
la paume ouverte à la coupure des herbes
Extrait 3
le vent dans les fougères dans les rues de la ville folle
on marche
comme sous un ciel plus bas
dans la lumière torve du couvert des sapins
sur le béton
tapis d’épines, humus, mousses, épilobes et digitales
et quelques roches
on chemine entre les tours
l’enfant erre en ce chant
Extrait 2
l’enfant de la falaise couché sur le bitume
chant sans fin
et ce n’est plus le chant
brûlant
sans déchirure
au creux de la grand ville folle
de ses tours sans ombre
je dis falaise et j’entends le souffle de la pierre
je ferme les yeux, elle me respire