Citations sur Loin, à l'ouest (101)
- Au contraire, répond sa mère. Elle va apprendre à se méfier des curés, des soldats et des patrons. C’est un très bon départ dans la vie
Elle a douze ans et elle est contente de cette nouvelle vie. Plus elle apprendra à être libre, moins elle dépendra des autres, et en particulier des hommes.
"Partout, la lutte est engagée. Si l'égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. Les êtres sont égaux, les races sont égales, et dans les races, ces deux parties de l'humanité, I'homme et la femme."
C’est une idée assez répandue : les enfants ne savent pas discuter, et les bébés ne ressentent rien (d’ailleurs ils sont opérés sans anesthésie, puisqu’on pense qu’ils ne ressentent aucune forme de douleur — un peu comme les crustacés).
(Grasset, p.383)
Ce pour quoi Palmyre decide de donner à sa fille ce prénom , la vraie raison qu'elle ne révèle à personne, surtout pas à sa mère, c'est qu'elle lui souhaite une vie libre, une vie aventureuse: une vie d'homme.
Jamais elle n’a eu à ce point la certitude d’avoir fait un choix qui transforme son existence tout entière, et jamais elle n’a ressenti à ce point qu’elle a eu raison de le faire - qu’en l’absence de ce choix, elle serait passée à côté de sa vie. Elle en est la première surprise.
- Tu ne comprends rien. On m'a volé ma vie, et je la regarde en spectateur. Je n'ai l'impression de vivre que pour mourir.
La vie des femmes nécessite encore plus la fiction que la vie des hommes, puisqu'on a gardé d'elles peu de récits ou de preuves d'existence.
Elle sait pourquoi elle préfère le roman à tout autre genre littéraire. L'imaginaire a le mérite de corriger ce que le réel n'a pas pu réussir. Voilà ce qu'elle va pouvoir opposer à Lucie, le grand avantage du roman : il requalifie les faits, arrange la vérité, défend un point de vue. C'est ce qu'elle a voulu faire toute sa vie.
Parfois, elle rentre seule à pied et dans les rues désertes du port de commerce elle file vite parce qu'elle a peur de faire une mauvaise rencontre. Est-ce qu'elle aurait aussi peur si elle était un garçon? Non. Ce qu'elle ressent, c'est la peur des filles. Celle qui les tient dès l'âge de dix ans, et jusqu'à la vieillesse, incluse. On en est encore là.