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EAN : 9791033912644
496 pages
Harper Collins (24/08/2022)
3.91/5   113 notes
Résumé :
« Sans les mauvaises filles, les époques n’avancent pas. Elles sont des pionnières, nécessaires à la marche du monde. »

Loin, à l’Ouest est l’histoire de quatre mauvaises filles. Georges, que sa mère a prénommée ainsi pour qu’elle ait « une vie d’homme », Lucie, sa belle-fille, qu’elle a haïe puis aimée, Solange, sa petite-fille à la beauté singulière, et puis son arrière petite-fille, Octavie, qui tente aujourd’hui de résoudre le « mystère Georges » ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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sur 113 notes
Passionnante saga féminine signée Delphine Coulin, Loin, à l'ouest m'a fait traverser plus d'un siècle de luttes, de combats pour la dignité et le respect des femmes.
J'avais déjà bien apprécié Samba pour la France et Une fille dans la jungle et j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Delphine Coulin que j'ai pu écouter aux récentes Correspondances de Manosque.
Avec Loin, à l'ouest, elle s'est lancée dans une écriture ambitieuse qu'elle maîtrise parfaitement en contant la vie de Georgette, morte à 106 ans, qui fut mariée trois fois, porta quatre noms de famille différents, passa de l'est de la France à la Bretagne après une halte à Paris. Elle qui vendait de la lingerie sur les marchés avec Mathurin, son père, épousa Vincent Serrer à 15 ans et fut veuve à 19 ans.
Deux guerres mondiales, beaucoup d'espoirs déçus mais surtout beaucoup de souffrances jalonnent cette vie où la nécessité de mentir, d'imaginer, de s'arranger avec la vérité, se révèlent indispensables pour briser l'hégémonie masculine.
Calamity Jane et Jean McCormick qui prétendait être sa fille, sont les invitées prestigieuses de cette histoire qui débute vraiment avec l'accouchement de Palmyre. Elle met au monde une fille en présence d'Herzélie, la Grande Zélie, sa mère. Celle-ci a déjà enfanté onze fois et elle est elle-même enceinte…
Ce bébé qui voit le jour en faisant beaucoup souffrir sa mère, s'appellera Georges comme le mari de Palmyre. Georges avec un s deviendra Georgette avec le temps et les mariages. Ces femmes sont couturières. Zélie a connu la Commune de Paris et en parle souvent, d'autant plus que Louise Michel, revenue de sa déportation en Nouvelle-Calédonie, anime des réunions politiques et que Georges s'y rend avec Marguerite, son amie de toujours.
Apparaît aussi une certaine Octavie, bien de notre époque, qui débarque chez Lucie, une femme très âgée, à Port-Loin, en Bretagne, près de Lorient. Étudiante aux Beaux-Arts, elle répond à une annonce pour être logée gratuitement. En compensation, elle aidera Lucie dont la vie fait l'objet de la seconde partie de Loin, à l'ouest, et fera les recherches sur internet que sa logeuse lui demandera.
Ainsi, entre le passé qui remonte doucement, le présent avec Octavie et Lucie, me voilà emporté, captivé par quantité d'événements souvent malheureux. Delphine Coulin fait de temps à autre une pause pour consacrer un chapitre à la vie d'Herzélie, à celle de Calamity Jane, puis à celle de Jean McCormick et enfin de Rosa qui quittera la France avec ses trois enfants afin de rejoindre un cousin en Amérique du Sud.
Si je ne peux pas trop en dire, il faut que j'indique que Georges-Georgette deviendra Madame Mankiewicz après avoir épousé Abraham, un juif polonais réfugié en France. Hélas, après l'embellie du Front populaire, la frénésie antisémite, la collaboration, le régime de Vichy et la Shoah vont causer tant de malheurs.
Enfin, une troisième grande partie est consacrée à Solange, petite-fille de Georgette. La Seconde guerre mondiale est passée avec son cortège d'incompréhensions, de traumatismes irrécupérables pour celles et ceux qui ont pu en sortir vivants.
Delphine Coulin, au travers de plusieurs destinées, à des époques différentes, montre bien cela. En tant que lecteur, je souffre en constatant les non-dits, les silences qui ferment définitivement toute issue permettant enfin de pardonner, de comprendre afin de franchir l'obstacle et de rétablir un minimum de communication et de compréhension. Hélas, nous autres, humains, campons trop souvent sur nos certitudes et refusons de faire un pas vers l'autre, ce qui serait décisif.

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C'est une fresque féministe que nous donne à lire Delphine Coulin à travers le destin d'une lignée de quatre femmes, quatre mauvaises filles. le récit s'étend de la fin du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui.
Le livre s'ouvre avec Palmyre, la fille de Zélie, donnant naissance à son premier enfant, en 1895, une fille qu'elle décide de prénommer Georges, afin qu'elle puisse vivre libre comme seuls les hommes le peuvent.
Vincent, le premier mari de Georges, va mourir lors de la première guerre mondiale. Elle a 19 ans. Elle va bientôt rencontrer Abraham et ils vont tomber éperdument amoureux. « Pour fêter leur nouveau départ, et pour se protéger contre les à priori dangereux et les regards scrutateurs, ils se rebaptisent : il sera Albert, elle sera Georgette. » Ils auront un fils Serge. La première partie du bouquin a donc pour titre Georgette et raconte la vie trépidante, fantaisiste et libre de celle qui s'affranchit de tous les codes, « Tout, plutôt qu'être une esclave corvéable à merci. »
Son portrait est tracé dès les premières pages : Elle mesurait 1,48 m et n'avait peur de rien – sauf de la mort – qui l'a eue à 106 ans. Mariée trois fois, elle aimait les chats, les hommes, la justice.
C'est grâce à d'autres femmes qu'elle s'est construite. Il y a sa grand-mère Zélie, un personnage haut en couleurs qui a perdu deux orteils lors de la Commune, sa mère Palmyre qui l'emmènera à une conférence antireligieuse, antimilitariste et syndicaliste de Louise Michel dont certaines phrases la marqueront à jamais.
La petite Georges dont la mère et la grand-mère cousent, développera un don prodigieux pour la couture qui lui sera très utile .
À la mort de Palmyre, le père emmènera ses quatre filles en Bretagne, Georges n'a que 9 ans. Un an après, son père désirant lui faire plaisir et l'arracher à sa douleur lui propose de venir avec lui assister au spectacle que donne la troupe de Buffalo Bill, le Wild West Show. C'est là qu'elle voit Calamity Jane sur son cheval et Georges n'aura de cesse de s'identifier à elle. Les véritables mémoires de Calamity Jane sera son premier livre et l'accompagnera partout.
Avec Lucie, sa belle-fille, résistante anonyme, les rapports seront plus que tendus ; elles se retrouveront autour du livre de Simone de Beauvoir : le deuxième sexe.
Toutes deux défendent la cause des femmes mais de manière différente. Georgette revendique la liberté d'être soi-même et de coucher avec qui elle veut. Quant à Lucie, c'est l'indépendance vis-à-vis des hommes qu'elle recherche avant tout. Lucie, sera le titre de la deuxième partie et le troisième personnage du roman Solange donnera son titre à la dernière.
Solange, ardente féministe, est la fille de Serge et Lucie, elle incarne la liberté sexuelle. Quand la pilule vient finalement d'être autorisée, elle pense que sa vie aurait été tout autre si la loi avait été adoptée plus tôt.
C'est Octavie, sa fille, la plus jeune des femmes de cette lignée, notre contemporaine qui a enquêté sur ses ancêtres et cherché à comprendre Georgette, Lucie et Solange, ces femmes à l'incroyable destin, ces femmes malmenées par la société patriarcale et a essayé de démêler le vrai du faux. Chacune d'elles a en effet menti ou du moins s'est arrangée avec la vérité pour vivre libre. Chacune d'elles a dû faire preuve de beaucoup de force, d'ingéniosité et avoir besoin d'un caractère bien trempé pour tâcher de rester indépendante et libre. Pour s'imposer, il fallait une sacrée dose d'audace, de rêve aussi. Forcées quasiment par la société, elles ont dû souvent mentir, le mensonge et le goût de l'imaginaire leur permettant de sublimer leur vie, « L'imaginaire a le mérite de corriger ce que le réel n'a pas pu réussir ».
Cette traversée du siècle du côté des femmes est particulièrement intéressante et m'a plu de bout en bout. L'auteure a su retranscrire avec talent tous les épisodes de la lutte des femmes Certes, il faut aller au bout des 520 pages, mais cette épopée féministe et historique est tellement prenante et intéressante que je ne les ai pas vues filer. Loin, à l'ouest est également une véritable ode à la littérature et à la fiction.
Loin, à l'ouest, cette saga au souffle romanesque se lit comme un thriller et, Delphine Coulin, rencontrée il y a quelques jours aux Correspondances de Manosque a su nous faire revivre avec talent tous les épisodes qui ont marqué la lutte des femmes durant ce XXe siècle, du droit de vote à l'autorisation de la pilule et au droit à l'avortement.
Je terminerai en laissant la parole à Georgette « le grand avantage du roman : il requalifie les faits, arrange la vérité, défend un point de vue... Voilà en quoi le roman est ce qui représente le mieux la vie. »
Laissons donc parler notre imaginaire, n'hésitons pas à rêver et chérissons la liberté !

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Zélie, Palmyre, Georges (oui c'est une femme), Lucie, Solange, Octavie une lignée de femmes et un combat unique, dévorant, pour la liberté chacune à son époque, chacune à sa façon. Tout commence dans le sang et la douleur de l'accouchement, le passage d'un flambeau millénaire. Répétition des gestes, de la souffrance et du fardeau de naître femme. C'est pour ça que Palmyre prénomme sa fille George, pour conjurer le sort et lui donner une vie d'homme, une vie libre. C'est George qui petit à petit deviendra Georgette qui va le plus marquer cette épopée par son caractère et sa détermination. C'est elle la plus effrontée, celle qui enverra valser les codes et la bienséance au nom de l'amour, de la liberté, de sa rage de vivre, pour elle, et non pas au service des autres.

Mais la liberté a un coût : la mise au ban de la société et bien souvent la solitude par certains côtés. Parce qu'être libre quand on est femme c'est être une mauvaise fille. Elles l'ont toutes été à leur époque, critiquées, enviées, jugées aujourd'hui on les regarde avec admiration. Si elles savaient. Ne parlait-on pas du manifeste des 363 salopes ?

La commune, la première guerre mondiale, la seconde, l'après-guerre, mai 68 tout cela est dans les livres d'Histoire. Des livres écrits par les hommes pour les hommes. Delphine COULIN donne la parole aux femmes et offre un point de vue différent des évènements. Parce que les femmes aussi ont bâti l'Histoire « Les hommes à la guerre et les femmes à l'arrière je t'en foutrais, on la fait, la guerre, nous aussi. ». Oui elles ont fait la guerre, elles ont remplacé les hommes, participé à tous les évènements fondateurs de la société et à côté de ça elles ont mené inlassablement le même combat. Petit à petit de génération en génération, millimètre par millimètre : le combat pour l'indépendance et la liberté.

Après la première guerre mondiale on les renvoie aux fourneaux et on leur demande de pondre des gosses à la chaîne : il faut repeupler la France. Après la seconde on passe les actions des résistantes sous silence. Et de tous temps leur corps ne leur appartient pas il est mis à disposition des hommes, comme quand Lucie accouche et que le médecin qui la recoud fait « le point du mari » pour qu'il ait l'impression de coucher avec une vierge méprisant ainsi la douleur infligée à Lucie lors des rapports par un vagin trop étroit.

La femme était une esclave, soumise à la volonté de son père, de son mari, voire même de son propre fils, toujours sous tutelle. Une chose. Son corps mis à disposition pour enfanter. Son esprit considéré comme inexistant. Tout ce qui est naturel aux hommes a été arraché de haute lutte par les femmes : le droit de travailler, d'avoir un compte en banque, de porter un pantalon, de prendre la pilule, d'avorter, de voter, d'avoir le même salaire que les hommes (et encore…) de toucher le chômage, de ne pas subir les violences conjugales, le droit d'exister, de vivre.

Mais ce livre n'est pas un manifeste féministe, il dénonce, dit la vérité mais il nous parle d'abord et avant tout de la vie de ces femmes. de leurs rêves, de leurs espoirs, de leurs amours, de leurs colères. C'est un roman avant tout même si historiquement il est très bien documenté. Sur cette histoire plane l'ombre de Calamity Jane et de sa vie de laquelle on démêle difficilement le vrai du faux mais est-ce si important ? le message ne prime-t-il pas sur les évènements réels ou non ? Car ce livre c'est aussi une ode à la rêverie et à la fiction. Une ode aux pouvoirs de l'imagination, « Si la légende devient la réalité, imprimez la légende » Vrai faux, peu importe ce qui compte c'est la sincérité du message. Quand la vérité et la légende s'embrassent ça donne une histoire forte.
C'est aussi une histoire pleine de secrets, de non-dits, d'actes manqués et de destins brisés.

L'important hier comme aujourd'hui, c'est de savoir « lâcher les chiens » pour faire changer les choses pour bousculer les lignes, changer le monde, faire exploser les préjugés et ne jamais les laisser reprendre du terrain.

Un roman passionnant au rythme effréné, une fresque ébouriffante à la fois légère et sérieuse.
Merci aux éditions Harper Collins et à babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse critique. Un sacré beau cadeau !

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"Il faut savoir lâcher les chiens" en cette Rentrée littéraire automne 2021

Dans ces 106 ans d'Histoire du point de vue féminin de 1894 à 2001 se côtoient des héroïnes du quotidien; des femmes héroïques, des légendes et des mythes ainsi que des petits et grands mensonges.



Liberté, Egalité - Sororité !?! ou L'éloge du mensonge qui permet parfois d'embellir son quotidien, de mieux le supporter, de sauver sa vie et celle d'autres, de réinventer et de réécrire son histoire pour que demeurent vivantes les légendes et tus certains secrets.



Si la réalité dépasse la fiction, imprimez la légende ! Réplique du western "L'homme qui tua Liberty Valence'

Cette légende, c'est à la fois celle de Georges, femme ordinaire et extraordinaire et celle de Calamity Jane, héroïne mythique dont l'histoire contée dans un petit livre accompagnera tout du long 4 générations de femmes: Georgette (Georges), Lucie, Solange et Octavie.


Qui sont ces femmes, comment ont-elles traversé L Histoire, la petite et la grande de 1894 à 2001 ?
Que se sont-elles apporté les unes aux autres, que nous ont-elles appris ?



C'est Octavie, l'arrière-petite-fille de Georgette, née Georges en 1894, qui va essayer de nous le raconter, de percer le mystère grâce à Internet en 2001 pour comprendre sa propre histoire familiale, la raison de la brouille de Solange, sa mère, avec Lucie, la belle-fille de Georgette, cette grand-mère de 88 ans qu'elle découvre 19 ans après sa propre naissance.



Je "dédierais volontiers la lecture" du roman Loin, à l'Ouest

A tous ces garçons manqués
qui ont fait de nous des filles réussies

A tous ces mensonges ou semi-vérités
qui nous ont permis de croire
à un autre avenir
à un meilleur futur


A toutes les menteuses, Georgette, 1894, qui comme Calamity Jane et Jean Mc Cormick, étaient des femmes à la fois fortes et fragiles, qui ont montré du courage, celui de se réinventer, de s'imprimer leur propre légende.

A toutes les conteuses, Lucie, 1914, véritable héroïne de l'ombre

A toutes les rêveuses, Solange, 1950, image de l'émancipation des seventies

Aux générations suivantes, (Aurélia, 1966) Octavie, 1982 et ---
pour qu'elles reprennent le flambeau
et permettent qu'on continue à se souvenir de ces femmes
Héroïnes épiques ou Héroïnes du quotidien


A toutes ces mauvais filles sans qui nous ne serions pas celles que nous sommes aujourd'hui,
à ces pionnières, à ces aventurières, à celles qui nous ont ouvert la voie.


Cette saga de plus d'un siècle de long, de 1894 (1850) à 2001 (et suivantes) traverse plusieurs générations de femmes : 4 ou 5 tout au plus, 4 ou 5 tout du moins, toutes symboliques de leur époque, de vraies Calamity Jane,- chacune à sa façon - plus vraies que nature,
qu'elles soient simples couturières découvrant la Singer comme révolution et indépendance,
qu'elles soient des femmes au foyer qui ont aimé et puis déserté,
des femmes libérées qui ont décidé d'enfanter ou pas,
des femmes (des lectrices et des écrivaines) qui ont laissé parler leur imaginaire pour se réinventer une vie moins dure, plus jolie, pour résister à l'époque, aux dogmes, à ces sociétés, lois, étiquettes de l'époque, créées par des hommes pour des hommes, à leur image,
des femmes qui ont été dévastées par des guerres plus grandes qu'elles, celle de 14-18, celle de 39-45 et qui y ont perdu des maris, des fils,
des femmes qui ont résisté dans l'ombre au XXe s ou protesté à la lumière telle une Louise Michel au XIXe s,
des femmes qui ont souvent payé au prix fort leur désir de liberté nous ouvrant la voie vers la nôtre.


"Raconter leur histoire, leur part de mensonge, de vérité, et de réinvention, c'est faire un éloge du mensonge, parce qu'il rend la vie plus belle, et que parfois, il la sauve de l'oubli.


C'est revendiquer l'hybride, qui passe par toutes les nuances et refuse une réalité qui serait noire ou blanche, parce que le monde n'est pas binaire.


*** C'est espérer qu'on ne revienne pas en arrière dans leurs avancées, mais au contraire qu'on arrive à aller un cran plus loin : une société où le destin de chacun ne serait, enfin !, plus dicté par le fait d'être un homme ou une femme. ***


C'est ériger la fiction en reine, parce qu'elle permet à chacun de faire le récit de sa vie."


Un roman d'histoires de femmes pour les femmes et pour les hommes aussi traversant les siècles XIX & XX pour rejoindre le XXI, le nôtre, le vôtre.


Octavie gardera de son histoire, 3 objets symbolisant sa famille


Une machine à coudre Singer, tradition couturière transmise par (Her)Zélie, son aïeule, grand-mère de Georgette


Un violon, celui de Serge, son grand-père qui était aussi celui de son arrière-grand-père, Abraham, chassé de l'est par les pogroms et ayant cru trouver son salut à l'ouest, violon qui a résisté à 2 guerres et traversé bien des continents


Un petit livre tout écorné avec une cow-boy célèbre sur sa couverture, une certaine Calamity, bible des femmes de sa famille


Georgette, Lucie et Solange lui lèguent ces trois objets, le goût des livres, et un horizon vers lequel galoper.


C'est à elle de continuer l'histoire commencée par ces Femmes et d'écrire maintenant la sienne propre. Elles lui ont donné toutes les armes, amour, astuces, mensonges, vérités, courage, force, faiblesses


Ces vilaines filles ont fait avancer l'histoire, les lois, les humains -

A nous de permettre qu'il en reste ainsi et qui sait d'aller plus loin encore dans ces avancées et surtout, surtout, d'éviter de retourner en arrière dans quelque pays où l'on soit. A l'Est, Au Nord, Au Sud, A l'Ouest.


- La Femme est un Homme comme les autres [comme tous les autres]
** le deuxième sexe, Simone de Beauvoir, 1949 **


# Loin, à l'Ouest est paru ce 18 août 2021 @ Editions Grasset
# NetGalley France m'a permis de découvrir cette saga en 'pionnière'
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Georgette née en 1895, est une des premières femmes à mettre des pantalons, elle fume parfois la pipe, ne refuse jamais un verre d'eau-de-vie à l'occasion. Collectionneuse d'hommes, militante communiste, elle veut vivre seule, libre, faire des études, braver tous les interdits. Elle mesure 1,48 m et n'a peur de rien, sauf de la mort, qui l'a rattrapée à cent-six ans.

À travers les portraits de Georgette, Lucie, Solange et Octavie quatre générations de femmes, Delphine Coulon nous offre sur un siècle une fresque féministe puissante et émouvante. le point de vue de ces invisibles qui ont eu du pouvoir, même si elles n'avaient pas le pouvoir. Un hommage à toutes les mauvaises filles de cette époque, qui veulent vivre suivant leurs désirs et qui par leurs combats, sans bruit, ont permis à toutes les femmes de devenir ce qu'elles sont : maîtres de leur corps et de leur destin. Ces femmes qui ont remplacé dans les tâches les plus dures leur homme parti à la guerre et qui ont lutté pour obtenir le droit de vote, le droit de divorcer, le droit d'avoir un compte bancaire à leur nom ; le droit à la contraception, le droit à l'avortement. Une saga familiale entrecoupée par les évènements du XXe Siècle de la drôle de guerre à Mai 68, avec la cause des femmes en toile de fond, portée par une écriture vivante, naturelle et directe.

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Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Louise Michel apparaît affaiblie, plus vieille que ce à quoi elle s’attendait. Ses cheveux gris et son visage marqué portent les traces de ses années de lutte et de bagne, mais son corps mince reste droit, altier face à ceux qui la regardent avec admiration. Dès qu’elle ouvre sa large bouche qui articule chaque mot comme pour les imprimer dans les esprits des spectateurs, elle galvanise la foule :
« Partout, la lutte est engagée. Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. Les êtres sont égaux, les races sont égales, et dans les races, ces deux parties de l’humanité, l’homme et la femme. »
(page 79)
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Celle qui souffle se sent liée à une longue chaîne de femmes. Elle les entend crier, celles qui ont accouché sur ce même lit, de génération en génération, et toutes celles qui, depuis la nuit des temps, ont connu cette douleur, cette peur, cette vie qui passe au travers d’elles, toutes celles qui au même instant mettent elles aussi un enfant au monde.
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Elle a une vie réelle et une vie imaginaire, qui l’agrandit et la prolonge. On ne devrait pas pouvoir parler d’une existence sans y inclure les rêves qui définissent autant une personne que sa vie au milieu des autres, et les rêves incluent bien sûr les livres et les projets. Depuis Simone, elle sait qu’on ne naît pas femme, et que les libertés ne lui seront pas données, alors elle va les chercher, une par une, et même si elle se rend bien compte que l’égalité homme-femme n’est pas pour demain, elle progresse.
(page 507)
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Marguerite est toujours au Bon Pasteur. Elle travaille comme une folle dans ce couvent qui est aussi une usine de blanchisserie, où les filles dévoyées sont exploitées à bon compte. Les religieuses s’enrichissent sur le dos de leurs pensionnaires et celles-ci doivent obéir et travailler dix-huit heures par jour. Les hôtels, les restaurants, mais aussi certaines familles donnent leur linge à laver et à repasser à l’institution.
(page 122)
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Celle qui souffre se sent liée à une longue chaîne de femmes. Elle les entend crier, celles qui ont accouché sur ce même lit, de génération en génération, et toutes celles qui, depuis la nuit des temps, ont connu cette douleur, cette peur, cette vie qui passe au travers d’elles, toutes celles qui au même instant mettent aussi un enfant au monde.
(page 17)
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