Par notre simple présence, nous déréglons la course du temps. Nous troublons l'ordre du vivant.
Avant de penser aux morts, on ferait mieux de se soucier des vivants.
Jusqu'à l'âge de sept ans, je croyais que la mort était un pays. Un autre continent, une terre oubliée au bout du monde...
Tu me manques. C'est curieux. A la deuxième personne du singulier on dirait que le manque se conjugue au pluriel. Alors toutes les formes du manque se retrouvent rassemblées en un seul mot.
Parfois, je voudrais que les mots n'existent pas. N'existent plus. Parfois, je voudrais qu'on se contente d'observer. De sonder nos craintes, nos envies, de passer son chemin ou de suivre qui bon nous semble, mais sans avoir à se justifier. Sans jamais s'expliquer. A l'instinct...
Je suis la poussière.
Je suis le vent.
Je suis les ronces.
Je suis l'eau qui s'écoule et se rassemble.
Je suis la flaque.
Je suis le pied qui marche dedans.
Je suis le genou qui se plie, le corps qui avance, la terre qui tourne.
Je suis la tête.
Le parfum des orties, le chant des merles, l'arbre couché en travers du chemin.
Je suis la route, le virage, le fossé, la rosée du matin.
Je suis le cœur.
Je suis tout à la fois.
Je ne suis rien de précis.
Il m'a fallu du temps pour me rappeler qui je suis.
Mon prénom est Louise.
Je suis revenue parmi les vivants ...
J'ai l'impression que ma tête est une sorte de maison hantée. Avec des chauve souris au grenier, des toiles d'araignée au plafond, des ombres qui dansent sur les murs, et mon arrière grand-mère qui va et vient dans l'escalier...