Un monde loin de toute civilisation ,créé pour oublier la mort de son aimée et baptisé Jesusalem, c'est ce que Sylvestre impose à ses deux fils, accompagné d'un domestique Zacaria, un ancien soldat et d'une ânesse Jezibela au fin fond d'une réserve de chasse oubliée dans un Mozambique déchiré par la guerre avec comme seul lien avec la réalité, l'oncle Aproximato.
Mwanito, le cadet des fils raconte , il s'invente un monde , recherche le souvenir du visage de sa mère qui a le sourire de toutes les femmes puisqu'il n'en connait aucun...
C'est lui,
l'accordeur de silences, dont le père sollicite la présence apaisante .
Histoire envoutante, troublante car la poésie flirte en permanence avec la folie du père .
L'amour, la mort, l'oubli et le chagrin se jouent de la distance que l'on met entre soi et les autres et la saudade, cet état d'esprit si cher aux portugais prend ici toute sa dimension .
Et puis la femme fait irruption dans ce monde masculin, Marta, femme, épouse ou mère, Marta l'amoureuse elle aussi à la recherche de son amour disparu .
Elle va faire éclater la bulle de ce monde impossible dans lequel Sylvestre avait enfermé ses enfants .
Très beau roman, à l'atmosphère étrange, on est porté par la musique des mots ou du silence.