AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 169 notes
Silvestre a fui la ville et ses démons et se cache dans la brousse africaine pour oublier sa vie d'avant qu'il partageait avec sa femme, Dordalma, et tente de la faire disparaître à jamais dans la mémoire de ses deux fils qu'il a entraînés dans son refuge ainsi que son beau-frère, son domestique et l'ânesse qui bénéficie de tous ses égards. Pour ses enfants, ils sont les derniers survivants. Il a rebaptisé les lieux, les personnages, interdit les livres et construit une forteresse imaginaire. Mwanito, le plus jeune, a tout oublié ; l'aîné, Ntunzi, tente de se raccrocher aux souvenirs parfois trompeurs, il connaît la douleur du manque, surtout celle des bras de sa mère,l'absence de vie, le joug tyrannique du père. Est-ce la culpabilité qui fait sombrer Sylvestre dans la folie ? La venue de Marta, à la recherche de son mari disparu, va briser le silence.
Une langue riche et poétique conte cette histoire magique, inquiétante, musicale, adoucie par la tendresse des femmes et illuminée par la beauté des Africaines.
Commenter  J’apprécie          40
Cela faisait longtemps que je tournais autour de ce livre, pas sûre qu'il soit fait pour moi. Après avoir lu coup sur coup plusieurs notes de lecture élogieuses, j'ai fini par sauter le pas.
Et effectivement, ce n'est pas un livre pour moi. Une histoire qui dit peu et suggère trop, une longue métaphore filée tout au long du roman sans que j'arrive toujours à savoir si mon interprétation est la bonne, un peu trop de violence gratuite entre les personnages… Non, décidément, pas vraiment mon style de roman.
Et pourtant, avec la dernière partie, je me suis laissée prendre dans les rets de l'histoire, et j'ai regardé le coeur serré les personnages se débattre avec leur deuil, leurs culpabilités et leurs regrets. C'est surtout lorsque les personnages quittent Jesusalém que l'histoire m'a happée, un moment que j'identifie à la sortie du deuil, une sortie que chacun négocie à sa façon, pas toujours avec succès.
Je ne suis pas certaine que c'est un livre qui remonterait le moral à quelqu'un qui en aurait besoin, ni qui permettra de cheminer à qui doit trouver son chemin. Mais c'est un livre sur la façon dont les vivants et les morts cohabitent, une façon souvent difficile à démêler et qui peut conduire sur les rivages de la folie.
Commenter  J’apprécie          30
C'est le titre, « L'accordeur de silences », qui a attiré mon attention et a éveillé mon intérêt. de plus, ce livre s'intégrait parfaitement dans le cadre de mon projet de « tour du monde en lectures ».
Dépaysement assuré.
Délicieusement poétique, cet ouvrage est d'un autre lieu, d'un autre temps, d'un autre monde peut-être. L'esthétique de la langue adoucit l'histoire. le lecteur est doublement captivé.
Un rythme différent, une pointe de nostalgie, peut-être cette fameuse saudade.
Une belle découverte, et une escale qui donne envie de revenir.
Commenter  J’apprécie          30
« Je suis né pour me taire. le silence est mon unique vocation. C'est mon père qui m'a expliqué : j'ai un don pour ne pas parler, un talent pour épurer les silences. J'écris bien silences au pluriel. Oui, car il n'est pas de silence unique. Et chaque silence est une musique à l'état de gestation. »

L'accordeur de silences, c'est le petit Mwanito, qui grandit quasiment séquestré par son père Silvestre dans un lieu aride et déserté de tous les hommes au fin fond du Mozambique. Il grandit sans voir d'autres êtres que son père, son frère N'tunzi, Zacaria Kalash qui jouera un rôle important dans l'histoire et l'ânesse Jezibéla qui satisfait les besoins sexuels du père. L'oncle Approximado est le seul humain venant de « l'Autre-côté », il vient régulièrement les ravitailler. Pourquoi sont-ils là, dans ce lieu lugubre que le père nomme « Jérusalem » ? Qu'est-il arrivé à Dordalma, la mère dont on pressent que la mort est à la clé de cet exil tyrannique ? A 11 ans a lieu enfin un événement qui vient rompre cet équilibre précaire et plutôt désastreux pour les enfants : l'arrivée de la première femme que Mwanito va rencontrer, une jeune portugaise à la recherche de son amour perdu.

Tout le roman est porté par une langue très étrange, âpre et énigmatique, poétique et sensuelle et dégage une atmosphère vraiment particulière, fantastique, nostalgique (la fameuse et intraduisible « saudade » – le livre est d'ailleurs très bien traduit du portugais) et assez hypnotique.
Lien : https://dautresviesquelamien..
Commenter  J’apprécie          30
Un livre étrange, une écriture poétique, à la limite du rêve et du réel. Un livre sur la mémoire reconstruite, aussi, l'interrogation d'un enfant sur la mort de sa mère, qui reste longtemps un mystère. Avant un retour à la ville avec son père qui est à son tour devenu muet, à la limite de la folie. Mia Couto a été annoncé plusieurs fois comme pouvant recevoir le prix Nobel de littérature, son écriture n'est pas facile à aborder dans ce roman, moins en tout cas que dans le recueil de nouvelles que j'avais lu, le fil des Missangas.
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          30
A la mort son épouse Dormalda, Silvestre Vitalicio choisit la réclusion, fuit la ville et rejoint un hameau au bout du monde; Jérusalem.
Son caractère tyrannique impose le dénuement le plus total à ses fils, Ntunzi et Mwanito.
Une famille de naufragés vivant en autarcie, à la lisière de la folie.
L'histoire nous est conté par Mwanito. Les yeux d'un enfant qui soupçonne qu'un autre monde existe, celui des hommes, des sens, de la vie...

Une écriture fluide, poétique et hautement symbolique déroute quelque peu le lecteur.
On distingue le message politique, la longue complainte d'un continent africain maltraité.
Je reste sous le charme de l'écriture mais assez mitigé sur le fil de l'histoire difficile à suivre.
Commenter  J’apprécie          20
Un roman surprenant. Chaque page soulève un pan de Jesusalem, ville tristement parodique, où Dieu ne pose plus les yeux sur les quatre derniers habitants de ce monde.

Un père décide de se couper du monde avec ses deux fils et un énigmatique soldat. Il leur fait croire qu'ils sont les derniers, avec leur oncle qui vit en périphérie de cette "ville", petit empire despotique d'un père prêt à tout pour oublier son passé.

Livre d'une grande poésie, d'une grande violence aussi sur un univers construit de mensonges et de secrets qui prendra fin avec l'arrivée inespérée d'une femme.
Commenter  J’apprécie          20
Très poétique pour un sujet aussi grave: la mort, la vie, la tyrannie, la folie
Commenter  J’apprécie          20
"La première fois que j'ai vu une femme j'avais onze ans et je me suis trouvé soudainement si désarmé que j'ai fondu en larmes. Je vivais dans un désert habité uniquement par cinq hommes. Mon père avait donné un nom à ce coin perdu : Jésusalem. C'était cette terre là où Jésus devrait se décrucifier. Et point, final.

Mon vieux, Silvestre Vitalicio, nous avait expliqué que c'en était fini du monde et que nous étions les derniers survivants. Après l'horizon ne figuraient plus que des territoires sans vie qu'il appelait vaguement l'Autre Côté"

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
Commenter  J’apprécie          20
Sublime, l'écriture est un délice permanent, les noms, les trouvailles, les inventions, tout me plaît. Et en toile de fond, ce Mozambique qui oscille entre sa culture, la culture portugaise, la misère et la violence qu'elle engendre. Mia Couto est un conteur hors pair ! Un coup de coeur aussi pour la traductrice Elisabeth Monteiro Rodrigues.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (383) Voir plus




{* *}