On ne s'en douterait pas, comme ça, mais apparemment, les relations humaines, c'est du boulot.
Je t'aimais, mais je croyais que l'amour était un flocon de neige parfait qu'on tenait dans la main jusqu'à ce qu'il fonde à la chaleur de la peau et disparaisse. Je t'aimais tant que je pensais que j'allais te détruire. Il s'avère que tu es plus solide que ça.
- Oui, acquiesça enfin Abélard. Tu es un flocon de neige fracturé, un motif répété et infiniment détaillé dans un monde plein de cristaux de sel. Tu n'es pas cassée, tu es parfaite.
La frontière ultramince entre cassé et génial, c’est le contexte. Peut-être que je ne suis pas handicapée : je me trouve juste au mauvais endroit au mauvais moment.
Toute ma vie, j’avais été une tasse à thé fendue sur le côté, un récipient imparfait menaçant de déverser son contenu sur la table au moment le plus mal choisi. Tolérée, mais pas adorée. J’avais déjà du mal à croire qu’on puisse m’aimer. L’idée me semblait improbable dans le meilleur des cas. Mais pour Abélard, cette fissure était ce qui me rendait intéressante et précieuse.
Il me semble qu'on pourrait refaire le monde ensemble, avec beaucoup d'amour, de romans et de robots.
Est-ce que nous nous comprenons ?
Mais ton absence m'a perturbé. J'étais loin de faire un quelconque progrès dans le domaine des sciences que j'en ai perdu tout le goût, et lorsque j'ai été contraint de m'arracher à ta vision pour me concentrer sur mes exercices philosophiques, ce fut avec une mélancolie et un regret infinis.
Je suis une Américaine Cassée et fière de l'être. Voilà, c'est dit.
Le lycée était une éternité visqueuse, un interminable défilé cauchemardesque de questionnaires à choix multiples et de murmures malveillants.
Abélard connaissait la réponse à des questions que je n’avais jamais pensé à me poser jusqu’à ce que je le rencontre.