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Ce que j'ai ressenti:

▪️Respiration Iboki.

Le karaté est un état d'esprit. Rien de plus vrai dans ce titre et cette affirmation. Alors respire et entrevois la sérénité qui se cache derrière l'écriture survoltée de Harry Crews, le karaté comme filet de sauvetage en cas de chute vertigineuse. Cette discipline implique un contrôle de soi et de son esprit, et ses personnages en marge de la société essayent de saisir son pouvoir apaisant. C'est une interprétation très spéciale de cet enseignement ancestral, et dans cette histoire, l'état d'esprit est au dépassement de toutes les limites du corps et des codes de la société. Autant vous prévenir tout de suite, il vous faudra maîtriser votre respiration pendant cette lecture…Violent. Déjanté. Sulfureux. Il ne vous laissera pas indemne…

La respiration.Tout est dans la respiration. Inspirez le monde et expirez-le…

▪️Pousser un kiai.

John Kaimon en a, des cris à pousser, et il se jette donc à corps perdu dans cette petite communauté de karatékas, au fin fond de cette piscine vide, pour essayer de calmer ses ardeurs et la puissance de ses souffrances. Tous les personnages de ce roman énergique, sont des êtres torturés, abîmés, des Freaks, des marginaux, tellement en souffrance, que plus qu'un choix de vivre autrement, c'est une destinée. Une destinée de losers, chaotique et sublimée par une poésie vibrante que Harry Crews nous déploie pour nous faire apprécier ces monstres humains, en trop plein de fractures diverses. L'auteur met de l'intensité violente et une passion dévorante dans ces mots. Tellement qu'il m'a été difficile de quitter ses pages. Il y a des cris qu'on pousse, des larmes qu'on perd, des obsessions qu'on gère plus ou moins, et du sang qu'on est obligé de laisser couler dans cette piscine…A vous de voir, jusqu'où vous irez à suivre cette communauté… »Rai! »

-Pour croire ce qui est ici, vous devez cesser de croire le reste du monde.

▪️Frapper le makiwara.

Avec ce roman inédit, les éditions sonatine frappe fort! Je découvre un nouvel auteur avec une plume forte, poétique et torturée. Très torturée. Il n'a pas peur des mots et des étiquettes, il les fait saigner à coup de poing, les brise dans un cri de fureur, pour en sortir tout un mal-être d'une génération, celle des seventies, et cela donne une lecture karaté-ment intense!

Avez-vous déjà mis le nez dans un livre? Je veux dire vraiment mis le nez? Tous ses petits mots qu'il y a dedans. Toutes ses lettres. Vous êtes-vous jamais demandé ce que ça implique pour un homme?



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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John Kaimon, vagabond américain reconnaissable à son pull à l'effigie de Faulkner, a traîné sa bosse à travers tout le pays. Un matin, il se retrouve sur une plage de Floride et assiste à un entraînement des « addicts du calme », une secte de karatékas illuminés, sous la férule de leur gourou, Belt. Parmi eux, une jeune femme féroce et gracieuse, répondant au nom de Gaye Nell Odell, tape immédiatement dans l'oeil de John Kaimon. Après avoir été mis à l'épreuve au cours d'une longue course sous le cagnard – dont il sort exsangue et vomissant ses tripes – John Kaimon est adoubé par le maître. À lui la vie de karatéka : discipline de fer, méditation, entraînements sauvages dans le fond d'une piscine abandonnée, repas insipides, etc. Il y rencontre toute une faune biscornue, parmi lesquels Lazarus, fan de publicité qui se récite les slogans des grandes marques comme des prières, et un vieux karatéka borgne, banni par Belt à cause de son goût pour les enfants, et qui s'entraîne la nuit en secret.

Peu à peu, John Kaimon se transforme. Il rase sa barbe et ses cheveux longs, et s'endurcit considérablement. Même le viol qu'il subit dans une boîte queer de Miami, alors qu'il est rendu impuissant par ses poings brisés, ne parvient pas à l'entamer ; il se met même à entraîner toute une bande de travestis au fond de la piscine, parmi lesquels Marvin et George, ses deux violeurs désormais subjugués par son charisme. À ce rythme, John Kaimon devient vite le chouchou du maître, mais la situation dégénère quand Gaye Nell Odell lui apprend qu'elle est enceinte de lui….

Une sorte de manga de kung-fu dans un univers burlesque et trash. Tout marche à merveille : le cadre du motel, avec sa cour craquelée, sa piscine vide, la route nationale qui passe à proximité ; la psychologie des personnages, à la fois très convenue et très fine ; la galerie de personnages, tous plus loufoques les uns que les autres ; l'humour décapant qui parcourt le texte, écrit en phrases percutantes et bien ciselées ; et enfin, l'espèce de quête spirituelle qui anime John Kaimon, insufflant à ce roman toute sa tension narrative.

On est pris par l'histoire, tant grâce à son écriture, qu'à son cadre et aux enjeux psychologiques de son personnage principal, John Kaimon. Dans ce récit virtuose, on se sent de bout en bout en présence d'un narrateur qui maîtrise parfaitement son sujet et mène son histoire – et le lecteur avec – à la perfection.

Une chose est sûre : il faut redécouvrir Harry Crews de toute urgence.
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