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EAN : 9781506715162
112 pages
Dark Horse (09/02/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
From the world of the Eisner Award-winning Black Hammer series comes a bizarre, sci-fi adventure origin story!

Wacky space adventurer Colonel Randall Weird leaves Black Hammer farm and embarks on a strange journey through space and time for something that he's long forgotten, with his sanity and life at stake!-
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette aventure se déroule dans l'univers partagé de Black Hammer créé par Jeff Lemire, avec Dean Ormston. Il vaut mieux que le lecteur ait une connaissance a priori de cet univers partagé avant de lire ce récit. Ce tome regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020/2021, écrits par Jeff Lemire, dessinés, encrés et mis en couleurs par Tyler Crook. Il comprend les couvertures de Tyler Crook, ainsi que les couvertures variantes de Jeff Lemire, Evan Dorkin, John McCrea, Mlachi Ward. Il se termine avec 7 pages d'études préalables de Crook.

Peut-être au temps présent, Randall Weird apparaît dans une décharge d'énergie électrostatique, au beau milieu d'une route déserte, dans une zone désertique. Il semble avoir une soixantaine d'années avec ses cheveux blancs, et sa barbe blanche, et il est revêtu de sa combinaison rouge de cosmonaute, avec sa bouteille d'oxygène sur le dos. Il force ses pieds à se poser au sol, et il marche jusqu'à atteindre une station-service déserte. Il a déjà vu cette configuration. Il a déjà tout vu mais il ne parvient pas à s'en souvenir. Quelle est la dernière chose qu'il a vue ? Ses amis se précipitant à travers le portail ouvert par Madame Dragonfly, pour rentrer chez eux : Barbalien, Golden Gail, Talky Walky, Abraham Slam et peut-être Joseph Weber. Ses amis sont rentrés, et, lui, il est arrivé là. Il a soif. Il pénètre dans la station-service désaffectée et à l'intérieur il est accueilli par un homme âgé bienveillant derrière le comptoir, alors qu'il est redevenu un enfant. À son invitation, il va se servir dans l'armoire réfrigérée : il en ouvre la porte et de l'autre côté Anti-God est enveloppé d'une énergie verdâtre. Weird est comme happé de l'autre côté, et y choit retrouvant son âge véritable et arrivant sur le toit d'un immeuble de Spiral City, où l'attendent les superhéros Barbalien, Golden Gail, Talky Walky, Abraham Slam et Black Hammer. Ils ne comprennent pas bien ce qu'il raconte et qu'il veut avec son histoire de soda.

Colonel Weird se retourne et la ville est la proie des flammes, avec la silhouette démesurée de Anti-God en arrière-plan. Golden Gail dit à Barbalien qu'elle pense qu'ils ne sont pas à la hauteur et qu'ils vont probablement mourir ici lors de l'affrontement contre Anti-God. Weird se tourne vers et la rassure : ils ne vont pas mourir ici parce que… Lorsqu'il finit sa phrase, il est à nouveau dans la station-service désaffectée, un vieil homme ayant ouvert la porte d'une armoire réfrigérée débranchée depuis plusieurs décennies, et pourtant il tient une bouteille fraîche dont il boit le contenu. En partant, il laisse une pièce de monnaie sur le comptoir. À l'extérieur, il découvre que sa fusée est là. Il prend le pistolet de la pompe pour faire le plein de carburant. Des années plutôt, il est sur le siège du pilote de la même fusée, dans le silo de décollage. Dans la salle de contrôle de la base, Eve Randall procède au compte à rebours, à côté du docteur Robinson. Quelques temps plus tard, le colonel Weird se tient devant un mur avec des peintures rupestres, et il demande la permission d'enquêter plus avant. Eve lui accorde sous réserve qu'il soit de retour pour le nouvel an.

Difficile d'imaginer un lecteur dont le premier contact avec l'univers partagé de Black Hammer serait par le biais de cette histoire. Il découvre un vieux fou en combinaison de cosmonaute faisant l'expérience du temps de manière non linéaire, dans un désordre chronologique, aussi pour lui-même que pour les superhéros qu'il croise de temps à autres. D'ailleurs, la lecture de ce seul tome ne permet de comprendre qui est cette équipe de superhéros, ni pourquoi elle se bat contre une entité géante qui semble entraîner la fin du monde de manière inéluctable. S'il est aventureux, il peut accompagner Randall Weird de bonne grâce dans cette succession de moments à la chronologie disjointe, aux liens de cause à effet semblant ne répondre qu'à l'inspiration du moment du scénariste. D'un autre côté, cela ne l'empêche de tomber sous le charme de la narration visuelle, avec une mise en couleurs réalisée par des aquarelles très organiques, et des traits de contour réalisés au pinceau apportant une douceur agréable aux personnages et aux décors. Il ne peut qu'en ressortir avec l'envie irrépressible de découvrir d'autres séries illustrées par cet artiste : ça tombe bien, la série Harrow County de Cullen Bunn n'attend que son bon vouloir et elle est magnifique (à part une poignée d'épisodes confiés à un autre dessinateur).

La mise en couleurs en peinture associée à des visages un peu naïfs donne un caractère intemporel à la narration visuelle, plutôt vaguement surannée quelle que soit l'époque à laquelle la scène se déroule. Les auteurs jouent avec des marqueurs datés, et des artefacts de la mythologie des États-Unis, entre réalisme et éléments devenus iconiques avec la patine des années écoulées. le ruban d'asphalte au milieu d'une zone désertique est un cliché maintes fois vu, mais la mise en couleur transcrit bien l'impression donnée par une étendue sablonneuse à perte de vue, avec quelques tâches de verdure.la station-service désaffectée présente des traces de rouille, des tâches d'humidité, à la forme un peu vague, incitant le lecteur à projeter ses propres images toutes faites, capturant l'impression générale avec une exactitude d'autant plus remarquable qu'elle se limite aux généralités visuelles, un tour de force graphique. Pour la fusée, les auteurs ont choisi la forme d'un cigare oblong avec quatre réacteurs en bas, servant également de pied pour la stabiliser en position verticale, une forme plus fantasmée sur les couvertures des romans de science-fiction des années 1940 et 1950, qu'une réalité, une forme inscrite dans l'inconscient collectif, datée. L'artiste fait preuve d'une capacité surnaturelle à ainsi retranscrire des images évidentes devenues des clichés, tout en leur insufflant une émotion vraie, ce qui les rend unique, et totalement au service du récit, plus du tout des éléments préfabriqués et prêts à l'emploi. Ainsi le lecteur sourit en voyant Randall Weird en gourou des années 1960, dans une pièce où ses élèves sont assis en tailleur autour de lui, et dans le même temps il ressent l'honnêteté et la bienveillance qui se dégage de Weird, ainsi que le besoin d'apprendre des adultes qui l'écoutent, animés d'une volonté de devenir plus sages. Impossible également de résister à la détresse de Randall à 10 ans, allongé dans son lit, avec sa mère assise sur le rebord en train de le rassurer : c'est à la fois un moment presque naïf, à la fois l'incarnation de la chaleur humaine désintéressée.

Les dessins de Tyler Crook développent une force de conviction tout aussi intense pour les éléments qui relèvent plus de l'aventure ou de l'action. Dans la série initiale de Black Hammer, ce personnage faisait penser à deux personnages de l'éditeur DC Comics, à la fois Captain Comet pour son costume d'astronaute rouge, à la fois Adam Strange et au rayon Zeta pour cette façon d'être transporté d'un endroit à l'autre contre son gré. Dans cette minisérie, il apparaît un troisième héritage, celui de Doctor Strange, lors des passages dans la Para-Zone, avec des éléments visuels faisant penser à Steve Ditko, que ce soient les yeux flottants ou les structures en forme de liaison atomique entre noyau. Indépendamment de l'intérêt qu'il peut trouver au récit, de sa capacité à s'adapter à sa structure, le lecteur tombe sous le charme de la narration visuelle, et se retrouve à déguster chaque page, même si le scénariste l'a perdu en cours de route, ou même s'il ne souhaite pas jouer à rétablir les liens chronologiques sciemment mélangés par l'auteur.

S'il a déjà lu la série mère Black Hammer, le lecteur s'est déjà forgé son idée sur les allers-retours du colonel : soit il a décidé d'essayer de reconstituer le fil chronologique, soit il a décidé que cela n'a pas de réelle importance par rapport à l'intrigue. Dans le premier cas, sa concentration est fortement sollicitée puisque Randall Weird apparaît à 5 âges différents : 10 ans, trentenaire, quadragénaire, quinquagénaire, sexagénaire, et à plusieurs périodes de sa vie comme enfant chez ses parents, astronaute pour son premier vol, membre de l'équipe de superhéros à Spiral City, paumé dans une station-service abandonnée, etc. En outre, il n'apparaît pas forcément au bon âge, pouvant être le sexagénaire à l'époque où il avait une quarantaine d'années. Dans le deuxième cas, il se laisse aller, sans se préoccuper de la logique chronologique, préférant rester dans un état d'esprit de déstabilisation provoquée par ces apparentes incohérences. Dans les deux cas, il lui est possible de détecter une trame d'intrigue. Ce n'est pas tant de savoir à quoi va arriver le voyage de Randall Weird, plutôt que de découvrir différentes étapes de sa vie, et d'essayer de les mettre en relation avec son enfance, exercice dans lequel Jeff Lemire excelle comme il l'a prouvé dans de nombreux récits. La chronologie chaotique rend caduque la notion de causalité, rendant impossible de savoir si Randall était déjà bizarre enfant, ou si c'est le premier contact avec la Para-Zone qui l'a rendu ainsi. Contre toute attente, le dernier épisode apporte bien une réponse, ou plutôt une confirmation quant à ce que rechercher Randall. C'est même montré de manière tellement explicite, que le lecteur peut ne pas y croire dans un premier temps, et continuer à chercher. C'est un besoin basique et très universel qui apporte une logique émotionnelle au récit, au point que le lecteur peut en venir à oublier qu'il aurait bien aimé savoir ce qu'est devenue Eve.

À l'évidence, cette minisérie n'est pas pour tous les lecteurs : il faut être aventureux, et accepter de s'adapter à la volonté de Jeff Lemire. Sous cette réserve, le voyage visuel est éblouissant, séduisant, incroyablement évident et satisfaisant, avec des images aussi stéréotypées que rendues uniques par une émotion bienveillante de tous les instants. Cette histoire est certainement la plus originale de toutes les miniséries, ne s'apparentant que de très loin à hommage à d'autres superhéros. S'il fallait en mettre une évidence, ce serait Jon Osterman, non pas parce que Colonel Weird a la peau bleue et manipule la réalité (ce n'est pas le cas), mais parce que le scénariste essaye à son tour de transcrire l'effet d'une expérience non linéaire de l'écoulement du temps. En outre, ce n'est pas un simple exercice de style stérile, c'est aussi faire connaissance d'un personnage lunatique qui se révèle être très touchant dans son aspiration profonde.
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