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Critique de kielosa


+++++++ SALETÉ AMÉRICAINE +++++++

J'ai rarement lu des louanges aussi dithyrambiques que celles à propos du dernier roman de Jeanine Cummins. Pour Don Winslow c'est "Les raisins de la colère" de notre temps, John Grisham affirme qu'il y a très longtemps qu'il n'a pas tourné si vite les pages d'un livre, et pour Stephen King c'est simplement "marvellous" (merveilleux).

De l'auteure, qui est née de parents américains en Espagne, à Rota en Andalousie, mais à une date gardée secrète, "American Dirt" est son 4e ouvrage. Son tout premier ouvrage, paru en 2004, qu'elle a qualifié de mémoire, est en fait un témoignage d'un crime violent où des membres de sa famille ont été impliqués et qui pour un des responsables s'est terminé sur la chaise électrique (en octobre 2005). "A Rip in Heaven" (une déchirure dans le ciel) n'a pas été traduit en Français, ni ses 2 romans qui ont suivi : "The Outside Boy" en 2010 et "The Crooked Branch" (la branche tordue) en 2013.
Vu les noms et commentaires au 1er paragraphe, peut-être qu'un traducteur français est déjà fébrilement en train de traduire le livre, qui est sorti seulement le 21 janvier 2020.

Jeanine Cummins est une dame "spéciale". Licenciée en lettres et communications de l'université Towson dans le Maryland aux États-Unis, elle a travaillé pendant 2 ans comme barmaid à Belfast (Irlande du Nord), puis pendant 10 ans dans l'édition à New York. Elle donne fréquemment des conférences sur les droits des victimes de crimes et s'est prononcée catégoriquement contre l'application de la peine de mort dans son pays.
Elle a épousé, en Amérique, un Irlandais sans-papiers avec qui elle a eu 2 filles.

Dans la grande ville balnéaire mexicaine d'Acapulco a lieu, ce 7 avril, un cas de folie meurtrière dont les cartels de la drogue du Mexique semblent avoir la spécialité : 16 morts par rafales de mitraillettes. Toute la famille du journaliste Sebastián Pérez Delgado, sauf son épouse Lydia et son fils Luca de 8 ans, qui s'étaient cachés dans la douche et que les 3 "sicarios" (tueurs à gages) n'ont pas trouvé.

Lydia sait que ce n'est que partie remise et que le cartel de "Los Jardineros", qui règne à Acapulco en seigneur et maître, fera tout pour les éliminer, elle et son gamin. Compter sur la police ne sert à rien, au contraire, plein de détectives et policiers sont à la solde du cartel et reçoivent mensuellement une somme égale à 3 fois leur salaire.

La seule issue qui lui reste après ce carnage est la fuite tout de suite, sans plan ou trajet bien défini, en pensant vaguement à Denver dans le Colorado aux États-Unis où vit son oncle. Très vite elle prépare des sacs de voyage avec tout ce dont le duo pourrait avoir besoin pendant leur périple. Habillés de façon à ne pas se faire remarques et en changeant d'autobus tous les 15-20 minutes, Lydia, sous le pseudo de Fermina Daza, et son petit, qui est devenu en peu de temps un jeune adulte, prennent le large,

Notre héroïne pense que s'il y a un seul avantage à la terreur c'est que la terreur est plus immédiate que le chagrin.

Le comble c'est que tout le monde sait parfaitement bien qui a donné l'ordre de ce massacre : Javier Crespo Fuentes, surnommé "Lechuza" ou chouette à cause de son physique et ses énormes lunettes, qui est le chef de "Los Jardineros".
Ce "jefe" Lydia le connaît bien, car il était le meilleur client de sa librairie et elle avait sympathisé avec ce quinquagénaire à cause de ses excellents goûts en littérature : Leah Hager Cohen, Sebastian Barry, Gabriel Garcia Márquez ....
De son mari, qui a écrit des articles sur ce joyeux cartel, elle a appris que Crespo est peut-être un homme cultivé, mais aussi un homme sans la moindre pitié.

Sa mission est d'autant plus périlleuse que le cartel a des yeux partout, ce qu'au Mexique on appelle des "halcones", de simples citoyens tels des chauffeurs de bus, réceptionnistes d'hôtel ... qui agissent comme des vigies volontaires pour le cartel.

Pour défendre son môme et elle-même, elle s'achète une machette qu'elle attache à sa jambe, bien cachée sous son jeans.

Comme je ne tiens pas à recevoir des remarques que j'en dis trop, comme cela fût le cas avec le dernier thriller de Jussi Adler-Olsen que j'ai critiqué récemment, j'arrête, avec le départ de mère et fils de leur maison, transformée en champ de bataille, mon billet.

Dans une interview à la télévision anglaise, l'auteure a expliqué le long et solide travail de préparation que ce livre lui a demandé, notamment en ce qui concerne les problèmes à la frontière entre le Mexique et les États-Unis de Donald Trump. Un élément important dans ce roman et qui va, bien entendu, beaucoup plus loin que la bête idée présidentielle d'un très long mur entre les 2 nations.

Après lecture, je dois dire que je comprends les commentaires de Winslow, Grisham, King et quelques autres grands noms, telles Ann Patchett et Tracy Chevalier : cet ouvrage de Jeanine Cummins constitue une réussite rare à de nombreux points de vue. Ce sont aussi 465 pages de réel suspense.

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