Un homme (Cooper) et sa fille âgée de 8 ans (Finch) vivent reclus dans une cabane perdue dans les Appalaches. Une vie rugueuse, minimaliste, au plus près des éléments, dans la froidure des hivers et la douceur des étés. Cooper incarne un fantasme somme toute universel : vivre sa liberté en disparaissant aux yeux du monde.
Mais qui sont-ils ? Que font-ils là ? Où étaient-ils avant ? Pourquoi avoir choisi une vie d'ermites, retirés du monde ?
Ecrite à la première personne du singulier et au présent de l'indicatif, la narration viendra très progressivement et très délicatement répondre aux questions qui assaillent d'emblée le lecteur. Des allers et retours réguliers avec le passé du père (ancien des guerres d'Afghanistan), viendront éclairer peu à peu les zones d'ombres du présent, jusqu'au dénouement final... "J'essaie juste d'expliquer qu'on ne peut pas être complètement libérés des actes qu'on a commis, c'est comme ça" dira Cooper. le récit est adulte et impose une forme certaine de maturité : nous sommes ce que nous faisons et avons fait.
Le silence des repentis est un vrai thriller : le roman fait frémir, instaure une tension, un stress, une oppression singulière. le lecteur se trouve inéluctablement en empathie avec Cooper et Finch, il prend fait et cause pour eux, et partage de ce fait leur quotidien de bêtes traquées, dans une nature brute et séduisante, inhospitalière et fascinante.
Un beau roman noir, doté d'une intrigue bien ficelée, servi par une écriture directe, rythmée, toujours délicate, fluide et sensible. Un bémol : le final tire un peu sur la romance sucrée, voire confite.