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Critique de Fandol


Mur Méditerranée est un grand roman absolument indispensable tant il rend compte du sort des réfugiés, en les faisant vivre, souffrir, espérer, déprimer, reprendre goût à la vie. Tous, ils fuient des conditions de vie impossibles, insupportables.

La guerre, la dictature, un service militaire qui n'en finit pas, la famine, des sècheresses aux conséquences dramatiques… les motifs pour partir ne manquent pas et Louis-Philippe Dalembert a le mérite de mettre tout cela en scène au travers de trois femmes d'origines géographiques et sociales différentes.
D'emblée, il m'a plongé en plein cauchemar, à Sebratha, en Lybie, à soixante-dix kilomètres de Tripoli. Ainsi, petit à petit, j'ai fait connaissance avec Semhar, jeune Érythréenne, Chochana qui vient du Nigéria et Dima, Syrienne accompagnée d'Hakim, son mari, et de leurs deux filles. Pour ces derniers, pas de doute, l'argent ne manque pas. S'ils fuient les bombes de Daech ou d'Assad, ils sont à l'hôtel en attendant le départ pour l'Europe.
L'intérêt de ce roman est immense car l'auteur fait partager la vie de chacune et connaître les motifs de leur départ, motifs qui apparaissent de plus en plus évidents. Régulièrement, les médias évoquent le sort tragique de réfugiés ou parlent du refus d'accueil de quelques pays mais ils n'abordent jamais en profondeur les causes de la migration. Louis-Philippe Dalembert le fait avec talent, ménageant suspense et intérêt jusqu'au bout.
D'autres auteurs ont parlé de ce sujet. Je pense à Laurent Gaudé dans Eldorado, ou à Delphine Coulin (Une fille dans la jungle) ou encore à Baudoin et Troubet dans leur BD, Humains, la Roya est un fleuve mais il y en a bien d'autres… Pourtant, jamais je n'avais lu autant de détails sur le cauchemar que vivent ces enfants, ces femmes et ces hommes qui voudraient simplement vivre dignement.
Pour écrire cela, l'auteur est allé vivre un mois sur l'île de Lampedusa et a recueilli de nombreux témoignages de réfugiés comme d'habitants de l'île ou encore de bénévoles travaillant pour les ONG. Son grand mérite est de ne stigmatiser personne mais sans épargner non plus ceux qui exploitent sans vergogne la détresse de leurs semblables. Il montre à l'oeuvre les passeurs, tous ces réseaux qui se sont constitués pour prospérer sur la misère, gagner un maximum d'argent tout en infligeant les pires souffrances et d'atroces outrages à celles et à ceux qui sont contraints de passer par eux.
Au passage, la France n'est pas épargnée. « le pays des Droits de l'homme » où l'on se gargarise de mots mais où l'on fait trop peu. L'Angleterre, l'Allemagne, les pays du nord de l'Europe semblent plus accueillants mais les mouvements d'extrême-droite sont très actifs pour refouler ces gens qui rêvent de s'intégrer pour vivre dignement. L'Italie est au premier rang avec la Grèce et Malte mais quand un bateau va couler en Méditerranée, il faut agir sans attendre. Combien de femmes et d'hommes n'ont pas pu être sauvés ?

Il faut lire ce Mur Méditerranée afin que ceux qui rêvent d'imiter les Nazis lorsqu'ils fortifiaient notre littoral méditerranéen, ne puissent pas réaliser leur projet.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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