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Elles sont trois, trois femmes qui vont se retrouver à bord d'un chalutier, après des mois d'errance, unies dans le même espoir d'une nouvelle vie en Europe. Chochana, jeune nigériane, de forte corpulence qui souhaitait faire des études de droit pour devenir avocate et Semhar, petite Érythréenne sèche qui voulait devenir institutrice se retrouvent toute deux dans la cale. Dima, la bourgeoise, accompagnée de son mari et de ses deux fillettes fera le voyage, sur le pont. Dans la cale, en fait seront entassés tous les Subsahariens et sur le pont se retrouveront les Moyen-orientaux et les Maghrébins.
Louis-Philippe Dalembert va nous faire vivre avec ces trois personnages la furieuse traversée, vers cette île de Lampedusa, de manière plus que réaliste, sur ce rafiot de fortune.
Ce qui est tout à fait original et vraiment intéressant dans ce roman inspiré de la tragédie d'un bateau de clandestins sauvé par le pétrolier danois Torm Lotte pendant l'été 2014, c'est le portrait magnifique de ces trois femmes. L'auteur s'est attaché à nous les présenter et à nous faire saisir ce qui a pu les pousser à tout quitter pour un avenir plus qu'incertain. La plupart du temps, lorsqu'il est question de réfugiés dans les faits divers, c'est pour nous indiquer des chiffres et une masse de gens anonymes. Là, l'auteur a pris le parti de nous décrire la vie de chacune de ces femmes avant leur décision de faire le grand pas vers l'inconnu. Cette personnalisation a le très grand mérite de nous faire comprendre que ce n'est pas pour un voyage d'agrément qu'elles se préparent mais parce que c'est l'ultime solution qui leur permettra de rester vivantes.
Depuis leur départ de leur terre natale, l'Érythrée pour Semhar, le Nigéria pour Chochana et Alep pour Dima, nos trois protagonistes de confession chrétienne orthodoxe, juive et musulmane n'auront de cesse de s'adresser à leur Dieu respectif. Quel parcours, en effet notamment pour nos deux africaines avant de pouvoir embarquer ! Elles auront dû payer le prix fort avec les passeurs pour en arriver là.
On ne peut qu'être subjugué par le tempérament et l'énergie incroyables déployés par ces femmes qui, en plus, devront laisser en cours de route, pour un destin inconnu, des amies très chères et un frère.
La façon dont les passeurs maltraitent ces gens qui déjà, doivent laisser derrière eux leur famille, leurs amis, leur pays est abominable et indigne d'êtres humains. Profiter du malheur des autres pour asseoir son pouvoir et s'enrichir est scandaleux et ils sont pourtant nombreux à le faire et se font même concurrence ! de plus, même dans les pires moments de souffrance, s'ajoute le racisme des Arabes vis à vis des Africains.
Mur Méditerranée peint une fresque saisissante, bouleversante de la migration et de l'exil. Ce livre nous entraîne au coeur de cette tragédie que vivent chaque jour des centaines d'êtres humains et je suis sortie complètement épatée, ébranlée, retournée, à la fois par la force, le courage et la ténacité dépensés par ces personnes et l'horreur des conditions de leur périple.
Mais ce qui est sublime et qui est un petit rayon de soleil dans ce récit, récit d'ailleurs parfois non dénué d'humour, ce sont l'entraide et la solidarité manifestés par ces femmes.
À une période où le sujet de l'immigration est récurent, il me semble indispensable de lire Mur Méditerranée, roman captivant, qui ne peut laisser insensible !

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Mur Méditerranée est un grand roman absolument indispensable tant il rend compte du sort des réfugiés, en les faisant vivre, souffrir, espérer, déprimer, reprendre goût à la vie. Tous, ils fuient des conditions de vie impossibles, insupportables.

La guerre, la dictature, un service militaire qui n'en finit pas, la famine, des sècheresses aux conséquences dramatiques… les motifs pour partir ne manquent pas et Louis-Philippe Dalembert a le mérite de mettre tout cela en scène au travers de trois femmes d'origines géographiques et sociales différentes.
D'emblée, il m'a plongé en plein cauchemar, à Sebratha, en Lybie, à soixante-dix kilomètres de Tripoli. Ainsi, petit à petit, j'ai fait connaissance avec Semhar, jeune Érythréenne, Chochana qui vient du Nigéria et Dima, Syrienne accompagnée d'Hakim, son mari, et de leurs deux filles. Pour ces derniers, pas de doute, l'argent ne manque pas. S'ils fuient les bombes de Daech ou d'Assad, ils sont à l'hôtel en attendant le départ pour l'Europe.
L'intérêt de ce roman est immense car l'auteur fait partager la vie de chacune et connaître les motifs de leur départ, motifs qui apparaissent de plus en plus évidents. Régulièrement, les médias évoquent le sort tragique de réfugiés ou parlent du refus d'accueil de quelques pays mais ils n'abordent jamais en profondeur les causes de la migration. Louis-Philippe Dalembert le fait avec talent, ménageant suspense et intérêt jusqu'au bout.
D'autres auteurs ont parlé de ce sujet. Je pense à Laurent Gaudé dans Eldorado, ou à Delphine Coulin (Une fille dans la jungle) ou encore à Baudoin et Troubet dans leur BD, Humains, la Roya est un fleuve mais il y en a bien d'autres… Pourtant, jamais je n'avais lu autant de détails sur le cauchemar que vivent ces enfants, ces femmes et ces hommes qui voudraient simplement vivre dignement.
Pour écrire cela, l'auteur est allé vivre un mois sur l'île de Lampedusa et a recueilli de nombreux témoignages de réfugiés comme d'habitants de l'île ou encore de bénévoles travaillant pour les ONG. Son grand mérite est de ne stigmatiser personne mais sans épargner non plus ceux qui exploitent sans vergogne la détresse de leurs semblables. Il montre à l'oeuvre les passeurs, tous ces réseaux qui se sont constitués pour prospérer sur la misère, gagner un maximum d'argent tout en infligeant les pires souffrances et d'atroces outrages à celles et à ceux qui sont contraints de passer par eux.
Au passage, la France n'est pas épargnée. « le pays des Droits de l'homme » où l'on se gargarise de mots mais où l'on fait trop peu. L'Angleterre, l'Allemagne, les pays du nord de l'Europe semblent plus accueillants mais les mouvements d'extrême-droite sont très actifs pour refouler ces gens qui rêvent de s'intégrer pour vivre dignement. L'Italie est au premier rang avec la Grèce et Malte mais quand un bateau va couler en Méditerranée, il faut agir sans attendre. Combien de femmes et d'hommes n'ont pas pu être sauvés ?

Il faut lire ce Mur Méditerranée afin que ceux qui rêvent d'imiter les Nazis lorsqu'ils fortifiaient notre littoral méditerranéen, ne puissent pas réaliser leur projet.


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Inutile de se lancer dans un long résumé du livre...D'abord , prenez- le en mains et observez la couverture . Sur fond bleu , le titre " Mur Méditerranée".Erreur d'impression ? Bon , à voir...Maintenant , lisez attentivement la quatrième...deux fois si besoin ....Vous voyez bien que je n'aurais fait que me montrer redondant , pompeux et ....prétentieux , vous savez tout .
Et maintenant ? Vous le prenez ? Vous le reposez ? Ça a l'air bien , mais dur , non ? Et puis , savoir que la Méditerranée est un gigantesque cimetière, quand on revient juste d'y passer de belles ( et on ne peut plus légitimes ) vacances ,.....Et puis , les migrants , on en entend parler tous les jours à la télé , dans la presse , alors...Pour tout vous dire , si une circonstance ne m'avait pas obligé à le lire , ce livre , je ne l'aurais pas choisi , voilà , c'est dit , non pas que je sois indifférent , non , mais parce que ...quoi , au fait ? Oh , parce que je ne suis qu'un "citoyen lamda"et que tout ça me semble bien loin .....
Allez , on ouvre la première page et ...on plonge , c'est le cas de le dire, dans un univers ....incroyable .Et l'on se dit immédiatement que certains auteurs , vraiment , on se demande où " ils vont chercher ça " , qu'heureusement , c'est de la fiction , que non , l'Humanité , ce n'est pas ça, que forcément , il y aura une " happy end " aux atrocités que vont connaître " les candidats au voyage " dès lors qu'ils confient leur (s ) destin( s ) à des passeurs que je vous laisse le soin de découvrir. Sans commentaires . La lecture avance , avance , on attend l'apparition de cet éclat lumineux qui viendra mettre un terme à cette odyssée infernale .Mais non , pas la moindre lueur .C'est terrible et , malgré tout , on a envie , envie de poursuivre pour savoir , sinon à quoi bon , et puis , les principaux personnages, ceux dont on parle sur la quatrième, on les connait maintenant trop pour les abandonner aux mains d'assassins , aux flots déchaînés d'une mer démontée .
Et puis , la fin , l'arrivée en Europe sous le regards des baigneurs , sous les flashes des portables ......On n'envoie plus de cartes postales mais ça , transmis aux copains , quel souvenir de vacances .La " cerise sur le gâteau ". " Tu te rends compte , j'y étais "
Ça y est , la dernière page....Pas terrible la fin , l'espoir est mince...et tant de morts...
Ah , il y a quelques précisions à la fin du roman .Une bibliographie .Mais alors , ce n'était pas une fiction . C'était vrai ? Je comprends mieux la distance prise par l'auteur .C'est extraordinaire , il reste à l'écart , ne prend pas parti et , pourtant , il nous en relate des faits , il nous en donne à voir . Mais alors , c'est à moi de prendre parti ...Oui , mais les migrants , moi, c'est pas trop " mon truc " , je ne sais que penser...La Méditerranée ? Elle n'est pas loin ? Oui , c'est vrai.....
Comme je vous l'ai dit , ce livre , je ne l'aurais pas forcément lu ( je peux même affirmer que je NE l'aurais PAS lu ).....Et pourtant , c'est un texte fort , fort et brillant , comme son auteur .Et " non , rien de rien , non , je ne regrette rien ".
J'ai compris : le titre , c'est bien " Mur Méditerranée "......



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Un roman bouleversant : la tragédie de la migration clandestine

Parce qu'à préférence nationale je préfère "foule sentimentale"
Parce que "Lily" de Pierrot, écrite en 1977, parle de cette réalité : le racisme et des milliers de vie qui se perdent en Méditerranée.
Parce que les politiques se gargarisent de mots : pays des droits de l'homme, terre d'accueil mais avec cynisme parlent des migrants en chiffres, pourcentage savant, sondages "pour ou contre", proposent un pacte Européen sur la migration qui ne fera qu'accroître les souffrances humaines : une loi qui fait triompher les idées de l'extrême droite.
Parce qu'être bien nés et du bon côté est une chance pas une supériorité.
Leur mépris est indigne, indécent face à tous ces désespérés fuyant la guerre, la famine, les persécutions, ainsi forcés à l'exil. Cet exil souvent lié à une histoire d'oppression et spoliation impérialiste depuis des siècles.

"Avec le sang de nos pères, vous avez fait vos guerres,
pillé nos matières premières
Vous êtes l'origine de notre galère
Avec haine et mépris, vous nous avez dit merci "
Alpha Blondy.

Louis Philippe Dalembert se saisit de la crise migratoire, éloigne le lecteur des chiffres aseptisés qui font oublier trop souvent que derrière, ce sont des vies.
Il s'appuie sur une tragédie réelle : le dix huit juillet 2014, le pétrolier Danois Torm Lotte secourt huit cent personnes sur un mouroir flottant en perdition au large de Malte.
L'auteur d'"avant que les ombres s'effacent", de son écriture soignée, élégante, son regard plein d'humanité et son humour subtil, va donner voix à des femmes :
Trois destins, trois femmes aux histoires, aux religions, aux langues et caractères différents, cherchant la paix, la sécurité et un avenir possible.
Un magnifique portrait de femmes, de solidarité : elles vont tout quitter perdant la maîtrise de leur existence mais conservant un ultime instinct de survie.
Chochana la Nigériane juive réfugiée climatique, fuit le Nigéria où le criminel Boko Haram sème la terreur.
Semhar l'Erythréenne chrétienne fuit la dictature d'Isaias Af Werki, le service militaire obligatoire de vingt ans, les tortures et disparitions inexpliquées.
Dima la Syrienne musulmane, bourgeoise fuit les bombes, prête à tout pour assurer un avenir à ses filles.
Après avoir traversé leur pays respectif, puis le Sahel ou le Sahara, Chochana et Semhar échouent en Lybie dans un entrepôt, en transit. Elles vont attendre des mois dans cet enfer, l'autorisation de monter à bord d'un bateau reliant l'Europe. Elles sont à la merci de passeurs mafieux, les trafiquants de l'espoir, et autorités complices. Une violence au quotidien : battues, violées, endettées, réduites à l'esclavage.
Des centaines de migrants africains "remplissent" déjà le chalutier du désespoir pour Lampedusa, lorsque embarquent nos trois héroïnes.
Dima, plus privilégiée, voyage sur le pont. Chochana et Semhar font la traversée dans la cale, sans oxygène.
Elles vont subir la colère d'une mer sans pitié, tenir, garder leur dignité, se soutenir, s'endurcir.
Aucun homme, aucune femme ne peut endurer sans limite le mépris et la peur.
Trop d'humiliations, trop de morts, les damnés de la terre, toutes ethnies confondues, vont se lever contre ces trafiquants d'êtres humains qui leur ont tout pris jusqu'à la dignité.
Alors "la voix de Chochona déchira le silence, les premières notes du gospel montèrent puissantes, emplirent chaque recoin de la cale, pénétrant les coeurs."
Toute la cale chantait.
"Le chant porté par des centaines de poitrines était une arme létale, plus forte que les flots et les vents. Plus dangereuse que la Méditerranée même."

Ce roman rend hommage à tous ceux et celles qui ont perdu leur vie dans leur voyage vers l'Europe, qui se battent contre l'oppression raciste et xénophobe au quotidien sur le continent Européen mais aussi dans leur pays d'origine.
Je l'ai lu comme un grand récit humaniste !
Alors que le changement climatique est avéré, l'instabilité politique se propage, les débats sur l'intégration ne doivent pas être prétexte à l'inaction !

Un livre fort, puissant, indispensable. Il pose la vraie question :
La vie des autres n'a-t-elle aucune valeur à nos yeux ?
"Par-delà les frontières, la Terre doit appartenir à tous ou à personne ! "
Citoyen du Monde

Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières
Nous aussi on veut connaître la chance d'étudier,
La chance de voir nos rêves se réaliser,

Avoir un beau métier, pouvoir voyager,

Connaître ce que vous appelez liberté.
On veut que nos familles ne manquent plus de rien,

On veut avoir cette vie où l'on mange à sa faim,

On veut quitter cette misère quotidienne pour de bon,

On veut partir d'ici car nous sommes tous en train de péter les plombs ! »
Tiken Jah Fakoly « Ouvrez les frontières »
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Chochana , la juive nigériane, Shemhar, la catholique érythréenne ainsi que Dima , la musulmane syrienne et sa famille se retrouvent sur le même chalutier en route vers Lampedusa. Mais avant cela , il a fallu le courage de quitter une terre que l'on aime et d'affronter le cauchemar qui les a amenées à Sabratha , port de départ libyen vers le Graal de l'exil.

Très beau roman , sur un thème largement évoqué mais , à mon avis , très bien traité ici.

On se doutait des conditions apocalyptiques du chemin, du fait que les migrants étaient traités comme du bétail , mais peut être pas à ce point.
Tout y passe : les premiers contacts, les premiers mètres de l'échappée , l'étau qui se resserre, l'espoir qui devient la seule lanterne dans un contexte cataclysmique, les sévices , les conditions de vie qui seraient dénoncées par les animalistes ...

L'auteur appuie son argumentaire en choisissant bien ses migrants : des familles établies, ne manquant de rien. mais soit la guerre en Syrie , soit l'incompétence des dirigeants en Erythrée où le surnommé 'TséTsé' , celui qui endort le peuple,choisit aléatoirement la durée du service national de chacun (moyenne 7 ans ) ou encore le manque de perspective au Nigéria propulse sur les routes de l'exil des êtres humains qui ne demandaient qu'à servir leur pays et y vivre tranquillement. Et que dire de ce marocain, marié en Italie où il vivait depuis ses dix ans et expulsé suite à des broutilles ?
Au cas où le tout manquerait un peu de force, l'auteur nous livre de petites réflexions sur le rôle de la société occidentale, prêchant le respect et la démocratie , peu de temps après avoir asservie la quasi totalité de la planète. La France , donneuse de leçons en chef, en prend pour son grade , Obama également.
"Et puis , chaque peuple doit faire son propre chemin à son rythme, sans recevoir de leçons qui, hier encore, le colonisaient au mépris des valeurs qu'ils prêchent aujourd'hui".
ou encore
"C'était bien beau pour Obama de parler de "ligne rouge" et "d'énormes conséquences"en cas de bombardement chimique , puis de s'asseoir dessus".

Un livre aussi où le racisme entre migrants n'a rien à envier à d'autres formes que nous connaissons malheureusement mieux.

Un livre fort , sur un thème aujourd'hui éculé, mais très bien traité , qui apporte indéniablement un plus au sujet de part sa vison globale du parcours et des protagonistes et où il est difficile de ne pas s'attacher à ces migrants , dont l'espoir du meilleur n'a d'égal que la déchirure de la rupture avec leur passé.
Une très belle réussite.
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Un texte exceptionnel pour plusieurs raisons.
.
D'abord la plume. L'auteur privilégie un vocabulaire riche, précis sans être pédant. Et quelle plume ! Tout y est méticuleusement décrit et donné à ressentir. J'ai tellement aimé le style de l'auteur que, passant à la bibliothèque hier soir, j'ai pris un autre de ses livres. Juste pour le plaisir de son style sans même savoir quelle histoire raconte ce texte.
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Autre point : le récit. Et là pour celles et ceux qui ne savent pas ce que raconte le livre, autant l'avouer tout de suite, vous êtes embarqués dans une histoire violente, très violente, mais réaliste.
3 femmes.
Une jeune nigériane juive qui décide de quitter sa terre autrefois fertile désormais aride, pour un voyage vers le Nord.
Une jeune érythréenne chrétienne qui fuit un service militaire sans fin (elle a déjà fait deux ans) dans son pays devenu un camp à ciel ouvert.
Une mère de famille syrienne qui fuit la guerre dans son pays avec son mari et ses deux petites filles.
3 parcours où se multiplient racket, violence, viols, tortures.... Tout ça pour arriver face à la Méditerranée à franchir....
3 histoires qui se rejoignent sur les berges lybiennes, 3 femmes qui vont se retrouver sur le même bateau. Un chalutier vétuste, terriblement vétuste. Une mer violente elle aussi.
.
A lire pour savoir, pour refuser d'ignorer, pour affronter la réalité des chiffres, pour se rappeler que la Méditerranée n'est pas qu'un lieu de villégiature, c'est un lieu de mort aussi.
.
Sans lien avec le livre mais ça m'y a fait penser....
J'habite dans le Pas-de-Calais, je vais régulièrement à Calais pour mon travail. Je suis toujours effarée de l'argent dépensé pour empêcher les migrants de passer en Angleterre..... La double rangée de barbelés au port et à Eurotunnel, le grillage intelligent (capable d'alerter quand un homme essaie de l'escalader et de dire où exactement ça se passe), les 3 tunnels de vérification des camions (le 1er peut détecter la chaleur d'un corps - d'où les couvertures de survie, le 2e peut détecter le CO2 - d'où les sacs plastiques très dangereux sur le visage, le 3e est infranchissable : le scanner peut détecter un coeur qui bat dans un camion complet).
Nous vivons dans un triste monde.....
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L'Odyssée des «migrants»

Dans un roman bouleversant et richement documenté Louis-Philippe Dalembert nous fait découvrir le parcours de trois femmes venues du Nigéria, d'Érythrée et de Syrie et qui se retrouvent à bord d'un bateau voguant vers l'Europe.

La chose devient malheureusement courante: les êtres humains se transforment en statistique, les vies se marchandent en quotas et les destins individuels se retrouvent agglomérés sous le terme générique de «migrant». C'est pourquoi il convient de remercier d'emblée Louis-Philippe Dalembert pour ce roman qui leur dignité à ces personnes et en particulier aux trois femmes qui se retrouvent à bord d'un bateau qui vogue vers Lampedusa.
Chochana vient du Nigéria, Sembar d'Érythrée et Dima de Syrie. La construction du roman va nous permettre de découvrir successivement leurs parcours respectifs et nous faire comprendre combien le choix de l'exil ne se fait pas par gaieté de coeur, combien les risques sont extrêmes. Chochana vit tous les jours dans la crainte d'être la proie des partisans de Boko Haram, d'être prisonnière dans son propre pays, de n'avoir plus d'autre choix que la soumission et qui voit dans la fuite le seul espoir d'une vie meilleure.
Semhar, qui rêve de devenir institutrice, est quant à elle soumise à un pouvoir dictatorial qui l'enrôle dans son armée pour une durée qui n'est pas précisée – les habitants parlent de «prison à ciel ouvert» – et qui élabore avec son fiancé un plan pour fuir ce pays qui a l'indice de développement humain (IDH) le plus bas au monde et où elle n'a pas d'avenir.
Pour Dima, l'idée même de l'exil était impensable quelques mois plus tôt, faisant partie de la bourgeoisie syrienne et vivant très agréablement avec son mari ingénieur et ses deux filles à Alep. Au début de la guerre, elle a fait le dos rond et a pensé que la paix reviendrait vite, mais il lui a vite fallu déchanter en constatant que le déluge de bombes prenait de l'ampleur et qu'il était plus raisonnable de suivre les convois de réfugiés profitant d'un cessez-le-feu provisoire pour se mettre à l'abri, pour échapper aux Islamistes autant qu'à l'armée de Bachar el-Assad.
Si ce roman, qui s'appuie sur des témoignages et en particulier sur le récit du sauvetage effectuée en juillet 2014 par l'équipage du tanker danois Torm Lotte, est si fort, si prenant, c'est qu'il nous place littéralement aux côtés de ces centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont quasiment déjà tout perdu avant de monter à bord, victimes de passeurs sans scrupules et dont la survie devient au fil du temps de plus en plus incertaine.
Comment aurions-nous réagi en constatant que dans la cale l'air devenait de plus en plis irrespirable et que la place sur le pont était déjà réduite au minimum vital, en découvrant qu'une voie d'eau rendait les conditions de navigation de plus en plus aléatoire, que les passeurs devenaient de plus en plus nerveux et n'hésitaient pas à tabasser toutes les voix protestataires et à jeter par-dessus bord tous ceux qui étaient trop affaiblis pour survivre?
Bouleversant par son réalisme et par l'intensité extrême des situations, ce roman touche aussi par son humanité. On y découvre des femmes qui ne se connaissaient pas avant de se retrouver sur ce bateau, se solidariser, se battre pour sauver un enfant, s'unir pour survivre. Au moment où le jour se lève, où cette Odyssée tragique s'achève, on se prend à rêver que l'Europe sera à la hauteur, même en sachant qu'il ne sera rien.
Avec Louis-Philippe Dalembert, on ne pourra toutefois plus dire qu'on ne savait pas, que le message de Chochana, Semhar, Dima et les autres doit être entendu et relayé.


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Roman inspiré par un fait divers qui illustre l'un des fléaux de ce nouveau siècle, l'immigration clandestine en Méditerranée, Louis-Philippe Dalembert nous met face à une réalité que beaucoup d'européens préfèrent ne pas voir, ne pas regarder ou juger de façon hâtive.
De manière plus poétique qu'Olivier Norek dans son roman Entre Deux mondes, ici l'auteur décrit autant qu'il dénonce dans une langue très poétique entre rage et impuissance, faiblesse d'âme et corruption le parcours de trois femmes très différentes unie par le seul but de vouloir échapper au rude destin que leur réserve leur pays. Une Syrienne, une Nigeriane, une Érythréenne. L'une est musulmane, l'autre chrétienne et la dernière juive. Elles ne prient pas le même Dieu, pas dans la même langue et pourtant elles ont le même rêve. Toutes ne sont pas égales face à la dureté de ce parcours et chacune d'elle a sa façon questionne ce qui fait notre humanité et notre capacité à compatir.

À la manière du Journal d'Anne Frank, ce roman fait appel à une certaine magie incantatoire de la littérature qui permet au lecteur d'entendre et faire revivre le destin de plusieurs de ses personnes désespérées qui ont pris la mer pour fuir la guerre, les conséquences du réchauffement climatique ou l'absence d'avenir pour quelque motif qu'il soit. Mais c'est bien plus que de la littérature, car c'est un roman engagé, un roman politique, qui n'hésite pas à se montrer très critique (et certes à juste titre) face à la réaction complaisante et donneuse de leçon des politiques français qui se sont contentés de dispenser la bonne parole et distribuer l'aumône de la bonne conscience depuis son piédestal alors que les autorités grecques ou italiennes galèraient sur le front avec de vrais cadavres ou de vraies personnes dont il fallait s'occuper.

Le choix du romancier d'avoir mis en avant des personnages féminins lui permet de montrer à quel point celles-ci sont parmi les victimes les plus exposées du départ jusqu'à l'arrivée.
Si j'ai trouvé le récit parfois un peu répétitif, pour toutes les raisons que je viens de citer je dirai que c'est un roman nécessaire. Même si, avec cette lecture je comprends qu'en fait, je préfère les romans qui mettent en scène des situations déconnectées du réel immédiat (passées ou futures), qui grâce à cette distance temporelle nous disent quelque chose de notre présent.


Multi défis 2020
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Mes lectures se suivent mais ne se ressemblent pas du tout.
Ici, le sujet abordé est beaucoup plus sombre. Il s'agit du récit du voyage périlleux d'hommes et de femmes qui fuient leur pays dans l'espoir d'un avenir meilleur.

Il y a des scènes qui m'ont choquées. J'ai immédiatement visualisé les descriptions d'actes barbares. Les passeurs n'ont aucune pitié et aucune âme, ils traitent ces hommes et femmes comme du bétail à mener d'une destination à une autre, un point c'est tout. Pour moi, les scènes décrites s'apparentent à de l'esclavagisme où l'on déshumanise le corps humain qui devient une simple marchandise que quiconque peut maltraiter, supprimer.

Ce n'est pas seulement le récit d'une traversée à bord d'un bateau, c'est également le portrait de trois femmes qui ont fait le choix de partir après avoir pesé le pour et le contre. C'est le récit de femmes qui veulent s'en sortir et améliorer leur destin.

J'ai ressenti beaucoup d'émotion à la lecture de ce roman. J'ai découvert, même si j'avais une vague idée, ce que pouvait être leur parcours avant d'arriver sur les terres européennes, leur calvaire pour franchir ce Mur Méditerranée.

Sans plus de détails à vous apporter à l'histoire car l'ayant moi-même découvert sans beaucoup d'informations, je vous invite à découvrir ces hommes et ces femmes qui tentent chaque jour cette traversée au péril de leurs vies.
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Quand la réalité télescope la lecture d'un roman.
Alors que j'étais dans la lecture de Mur Méditerranée de Louis Philippe Dalembert , une embarcation de migrants sombrée dans la Mer du Nord au large de Calais. Une trentaine de morts.
Mais peut on dire que Mur Méditerranée est un roman ?
C'est une longue psalmodie sur la route des migrants qui tentent d'arriver en Europe via Lampedusa.
Louis Philippe Dalembert s'est emparé d'un naufrage qui a eu lieu au large de Lampedusa en 2014. 700 migrants sur un chalutier. 500 rescapés récupérés par un pétrolier danois et déposés au port de Messine en Sicile.
Mur Méditerranée raconte l'histoire de trois femmes. Trois vies. Trois parcours.

Chochana est nigériane. Elle est de famille juive. Elle est jeune. Elle veut quitter le Nigéria. Pas d'avenir. La présence de Boko Haram. Sa judéité pourrait lui donner envie d'un retour en Israël. Ce sera non. Elle est attirée par l'Europe. Elle partira avec Rachel , direction Sabratha en Lybie.

Semhar est Erythréenne. Chrétienne orthodoxe. Son pays est en proie à la dictature et aux bons vouloirs des militaires. Hommes et femmes sont obligés à un service militaire sans date de fin . Aux bons vouloirs de la dictature. le départ s'impose. Direction Sabratha et la Lybie.

Dima est syrienne. Elle est mariée avec Hakim . Ils ont deux filles. Ils sont issus de la bourgeoisie Syrienne, vivaient à Alep, qu'ils ont du quitter pour rejoindre Damas lors de l'avancée de Daesh et de la guerre civile. Ne trouvant pas d'avenir à Damas ils se résolvent au départ pour retrouver de la famille en Grande Bretagne. Direction Sabratha en Lybie.

Chochana et Semhar se retrouverons à Sabratha dans l'attente d'un départ pour l'Europe
Elles rencontrerons Dima sur le chalutier.

Louis Philippe Dalembert nous livre un roman poignant , au creuset de l'humanité , de la cruauté et de l'indicible..
D'abord la route de l'exil , un long chemin d'humiliation orchestré par les passeurs. Humiliation physique , sexuelle. Violence exacerbée , recherche des dollars salvateurs afin d'avancer vers cette mer Méditerranée.
Et puis l'attente en Lybie jusqu'à un an .Accepter toutes les humiliations afin qu'un jour un passeur vous dise " C'est bon .Vous partez "
Embarquement sur un zodiac. Accrochés aux uns aux autres. S'accrocher à un bras , une fesse, ne pas tomber.
Et puis la cale du chalutier . les uns sur les autres . l'obscurité, le mal de mer , les vagues qui tapent.
Dans la cale , l'humanité souffrante. Sur le pont ceux qui ont payé plus cher ou qui socialement se situe mieux.
Et que pensez vous qu'il advienne ? L'homme reste un homme. Pourquoi la cale et pas le pont ? pourquoi accepter que ceux qui sont dans la cale puissent voir la lumière et respirer un air un peu pur ?
L'humanité est glaçante.
Nous en prenons notre part .Mur Méditerranée. Comment dressé ce mur devant ces migrants dont les souffrances acceptées sont pourtant moins importantes que le besoin de quitter un pays .
Louis Philippe Dalembert a le don d'ausculter notre humanité et nos peurs et faiblesses.
Que ce soit dans Milwaukee Blues ou Mur Méditerranée , il met notre regard et notre coeur au sein de cette humanité
Cela n'est pas s'en rappeler le magnifique roman de Laurent Gaudé : Eldorado
Toujours les migrants , Lampedusa et la prise de conscience du capitaine d'un bateau qui transporte les migrants
Des livres brûlants mais diablement nécessaires
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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