AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 236 notes
5
30 avis
4
20 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quel monde se trouve au-delà de cette mer, je ne sais,
mais chaque mer a une autre rive, et j'y arriverai.
CESARE PAVESE

Roman de l'effroi.
Roman du désespoir.
Roman profondément humain.
Roman des candidats à la vie.
Roman de la dignité.
Roman des fuites. Vers un meilleur lendemain. Coûte que coûte. Même si les chemins (et ça les migrants ont ont conscience avant de prendre le départ) sont semés d'embûches, d'incertitudes, de désillusions, de peurs, de souffrances physiques (atroces) et morales. de rencontres aussi...Fuir la guerre et les cauchemars, fuir une dictature, fuir une terre de moins en moins nourricière. Trois destins de femmes fortes et courageuses, qui ont fait le choix du départ et pas par gaieté de coeur. Qui aurait le coeur à la fuite quand on sait d'avance qu'elle a de fortes chances de prendre la forme d'une plongée dans l'horreur ?

Il y a bien des années que le seuil de l'horreur a été atteint, et pourtant, pourtant...

Louis-Philippe Dalembert, merci pour cet écrit puissant et ô combien nécessaire. Nous savons les naufrages. Nous savons la Méditerranée cimetière. Nous savons le désastre humain, le trafic humain (juteux/mortifère), la tragédie de l'immigration. Nous comprenons, en vous lisant, pourquoi ce titre Mur Méditerranée. Et réalisons notre impuissance...
Un roman dur. Un roman à lire.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          196
« Toute l'Afrique subsaharienne était représentée dans le hangar. Dans sa désolation comme dans son humanité. Dans sa diversité et dans sa jeunesse. »
Hormis les séjours pénibles dans des baraques surpeuplées, sans eau ni électricité, il y eut des déplacements dans des bennes de camions brinquebalants sur des routes défoncées, des marches à pied sous un soleil brûlant, des coups à la volée pour avancer plus vite sous la surveillance de passeurs armés et cupides, dans une migration forcée par les famines, les guerres civiles, les dictatures, les changements climatiques ou tout simplement pour améliorer son sort. Chochana et son frère Ariel, Nigérians, Semhar et son amie Meaza, Érythréennes, Dima, son mari Hakim et leurs filles Hana et Shayma, Syriens, tous, sous l'impulsion d'un avenir meilleur, décident de quitter leur communauté pour la Lybie, point de départ sur la Méditerranée vers l'île de Lampedusa. Une navigation périlleuse d'abord en zodiac puis en chalutier bondé de centaines de migrants pour atteindre la terre promise : l'Europe.
Louis-Philippe Dalembert raconte sans fard mais avec beaucoup d'empathie ces différents parcours d'êtres humains à bout, prêts à endurer l'indicible, portés par leur foi et l'appui de leur famille restée au pays. Mur Méditerranée, à l'instar du roman de Christy Lefteri, L'apiculteur d'Alep, frappe durement le lecteur occidental, bien à l'abri dans la paix de son foyer. Encore un livre qui aura une place au sein de ma liste tristement dénommée Grande Noirceur.
Commenter  J’apprécie          180
Même si le roman tend à faire perdre toute foi en l'être humain à de nombreuses reprises, ce roman est sublime et indispensable. Quelle force narrative. J'ai déjà lu pas mal de romans sur le sujet des migrants, mais celui-ci est particulièrement maitrisé, instructif et romanesque. Un coup de poing!







Commenter  J’apprécie          180
Chochana est nigériane de confession juive, c'est une jeune femme volontaire et plutôt grande. Semhar est érythréenne, elle est catholique, toute petite et sèche. Les deux femmes se rencontrent au cours de leur périple et sont amenées à s'entraider.
Puis le moment du départ tant attendu arrive... sur le bateau qui doit les mener en Europe elles croisent Dima et sa famille. Ils sont syriens, musulmans et plutôt aisés.
Trois femmes, trois volontés de fuir leurs pays pour des raisons différentes. Chochana a endetté sa famille et sa communauté.
Au fil des pages nous découvrons ces femmes déterminées à fuir un quotidien insupportable. Ce qu'elles vont vivre au cours de leur voyage est au delà du supportable mais elles sont tellement déterminées qu'elles sont prêtes à endurer les pires épreuves pour atteindre leur but.
Un roman nécessaire et superbement écrit par Louis-Philippe Dalembert. Une ode à la tolérance. Ce texte met en lumière le parcours de ces gens si désespérés qu'ils sont prêts à braver tous les dangers et toutes les humiliations pour une vie meilleure.
À lire absolument...
Commenter  J’apprécie          160
Comme beaucoup de lecteurs devenus jurés, je me suis lancée dans cette aventure des prix littéraires pour découvrir des romans qui n'auraient jamais croisé mon chemin autrement et pour dénicher des pépites. Aujourd'hui, c'est le coeur lourd que je vous présente le roman que je considère comme la pépite du Landerneau 2019 : Mur méditerranée de Louis-Philippe Dalembert.

Je ne peux pas dire que j'ai été heureuse de lire ce roman tant son thème est dramatique et son traitement bouleversant mais ce qu'il a remué en moi est exceptionnel, à tel point qu'il vient de rejoindre mon Panthéon personnel.

Lorsque j'ai reçu les finalistes du Landerneau, j'ai mis Mur méditerranée tout en bas de la pile tellement je rechignais à le lire. Je redoutais de tomber dans une intellectualisation du sujet si brûlant des migrants. J'avais peur de lire un roman beau mais qui ne me toucherait pas. Un roman dont l'esthétisme prendrait le pas sur l'humain. Finalement, il ne m'a pas fallu plus de la première page pour comprendre que cet auteur était fait pour raconter cette histoire. Avant même de faire connaissance avec les trois héroïnes de son récit, j'ai été frappée par une forme d'évidence : je tenais entre mes mains un roman qui allait me marquer à vie. La plume de Louis-Philippe Dalembert a été une révélation, un émerveillement pour moi. J'y ai trouvé tout ce qui me touche et m'émeut dans l'écriture : de la fluidité, une certaine musicalité, un sens du rythme qui ménage ses effets, de la modernité, de l'empathie pour ses personnages autant que pour ses lecteurs. Une écriture cristalline et profondément humaine qui sait se faire oublier pour servir l'histoire et ses personnages. Cet avis est très personnel mais j'ai trouvé que Louis-Philippe Dalembert faisait preuve d'une réelle humilité dans sa démarche en ne cherchant pas à faire des effets de style ou à rendre plus littéraire son récit, bien au contraire c'est son naturel qui m'a tant séduite et que je retrouve si rarement chez ses contemporains.

Mais aussi belle soit-elle, cette plume ne peut pas faire oublier l'effroyable récit qu'elle a servi. Car c'est bien en enfer que nous convie l'auteur. Celui de ces hommes et de ces femmes prêts à abandonner leur vive, à sacrifier tout ce qu'ils avaient pour espérer un avenir à peine meilleur. Pour rendre hommage à ces milliers de migrants qui tentent chaque année la traversée de la méditerranée, l'auteur a fait le choix de nous relater l'histoire de trois femmes qui, en plus d'être embarquées dans le même bateau, on en commun une force de caractère extraordinaire. Chochana, juive et Nigériane et Semhar, Erythréenne, se rencontrent dans des conditions sordides au fin fond d'un entrepôt dans lequel sont stockées les femmes candidates à la traversée, le temps pour elles de réunir les fonds nécessaires pour payer des passeurs toujours plus gourmands. Ce qu'elles vont vivre dans cet espace confiné donne la nausée et il est même difficile d'imaginer qu'elles en sortent en vie et saines d'esprit. Pourtant elles tiendront bon, leur projet en ligne de mire, l'espoir chevillé au coeur.

Dima n'a pas vécu ce confinement terrifiant. Elle et sa famille font partie des Syriens aisés qui décident de fuir leur pays pour offrir à leurs enfants, ce que leur pays ne peut plus leur garantir : la sécurité. Pour elle et son mari, ça n'est qu'une question d'argent et d'argent ils n'en manquent pas. C'est donc confiante qu'elle embarque sur le chalutier à destination de Lampedusa, cette île italienne symbole d'une nouvelle vie. Confiante et avec un profond mépris pour ces migrants de seconde zone, ces singes de Nigériens et autres parasites qui voyageront en cale pendant qu'elle et les siens voyageront sur le pont. Même en enfer on peut exiger de voyager en première classe…

Mur Méditerranée tient son origine d'un drame survenu en 2014. Hasard sordide, j'apprends ce matin aux informations qu'un nouveau bateau de migrants à fait naufrage cette nuit au large de Lampedusa. Deux corps ont été repêchés et 25 personnes sont portées disparues dont huit enfants. Je lis « La Méditerranée est devenue la voie maritime la plus dangereuse du monde. Depuis le début de l'année, au moins 1041 hommes, femmes et enfants sont morts en tentant la traversée depuis les côtes d'Afrique du Nord pour gagner l'Europe ». Ce matin, pour la première fois, je mets des noms et des histoires sur ces disparus, ce fait divers prend une toute autre réalité. Il est évidemment triste qu'il me faille un livre pour m'amener à cette prise de conscience mais c'est aussi à cela que sert la littérature. Demain, à Paris, c'est en tout cas pour cette raison et avec cette actualité dramatique en tête, que j'irai défendre Mur Méditerranée.


Lien : https://www.lettres-et-carac..
Commenter  J’apprécie          160
Un récit exceptionnel, d'une dureté sans doute en-deça de réalités inimaginables, mais déjà à peine soutenable pour le lecteur. Pourtant, l'humanité des femmes que suit le romancier donne tout son relief à cette tragédie. L'écriture est précise et jamais complaisante dans l'horreur, c'est la ligne de vie du lecteur qui pourrait sinon perdre pied face à la violence dépeinte. Une oeuvre magistrale !
Commenter  J’apprécie          150
Dire que ce livre est fort relève d'une grande pauvreté de vocabulaire, il est un coup de poing à l'estomac, une claque en raccord avec une actualité quotidienne récurrente. Derrière les images de bateaux surchargés, de corps échoués sur les plages, il y a des itinéraires de vie, de mort, de multiples origines géographiques et des causes hélas communes : un sentiment d'impossibilité de vivre ainsi, de continuer dans le déni et une résilience qui trouve ses limites, malgré Dieu et son fatalisme séculier ou, au choix, malgré le nationalisme outrancier, la peur de la répression ou l'incertitude de mirages lointains.
C'est assez ! Notre bonne conscience à géométrie variable se fait une vague idée des causes de la détresse qui pousse des milliers de déshérités sur les routes de l'exil. Nous sommes l'Eldorado, le rêve vendu sur les canaux virtuels des réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu, l'abondance et la paix, un bonheur de spot publicitaire. Entre eux et nous, il y a les autres, les passeurs ou intermédiaires de tous poils à l'adaptabilité effrayante, prêtes à tout dans les lieux de passage obligés que sont les déserts et la mer, guides dans ces milieux hostiles, garde-chiourmes retrouvant les réflexes ataviques des anciennes routes de l'esclavage. La fermeture de la route des Balkans leur a ouvert le robinet des déshérités de la ceinture sahélienne et des désespérés d'une guerre syrienne interminable, fruit pourri des lâchetés politiques occidentales. Les responsabilités sont multiples, ce n'est pas le propos de ce billet que d'analyser et de juger.
Ici, on souffre, on hurle, on pleure, on s'entretue pour un bidon d'eau, les femmes vendent leur corps pour survivre, la Libye post-Khadafi est en proie aux milices surarmés ( par nous), tout n'est que chantage et transport de bétail humain.
Avant de larmoyer devant les embarcations qui coulent en Méditerranée, demandez-vous d'où viennent ces gens et par où elles et ils sont passés, le bateau que vous voyez peut-être un tombeau mais il est surtout un concentré de volontés farouches d'accéder à une certaine tranquillité.
A lire absolument
Commenter  J’apprécie          140
"Mur Méditerranée", un titre sublime, d'une puissante vérité, pour un roman qui ne l'est pas moins. Louis-Philippe Dalembert signe ici un texte très fort et redonne tout son sens à un mot devenu tellement commun qu'on en a oublié ce qu'il cache d'horreurs : MIGRANT.

En réalité, plus qu'un roman j'ai découvert dans cet ouvrage une véritable oeuvre. Oeuvre littéraire, bien sûr, de par sa splendide écriture, une écriture extrêmement travaillée, fouillée, qui ne craint pas pour autant d'utiliser, quand l'occasion se présente, un langage parler, familier, peu académique parfois. le plaisir est immense de voir se côtoyer ainsi des termes aussi "officiels" et anciens que "concomitamment" ou "nonobstant" et des dialogues à l'emporte-pièce, le tout dans une harmonie totale. Oeuvre littéraire encore par la documentation fouillée, il ne peut en être autrement. La précision des faits racontés est impressionnante et nous donne à vivre le drame de l'intérieur. Oeuvre littéraire enfin par la qualité, l'envergure, la consistance de ses personnages.

Et, j'aurais presque envie d'ajouter que "Mur Méditerranée" est aussi une oeuvre de bienfaisance. En prenant comme fil conducteur la vie de trois femmes, candidates au départ vers l'Europe et une vie meilleure, l'auteur nous rend non seulement témoins, mais acteurs – actrices – de l'histoire. Il nous donne à réfléchir sur ces drames quotidiens autrement qu'à travers la sécheresse des articles de journaux ou l'énoncé de chiffres à la radio. Comment ne pas s'identifier à Chochana, Nigériane de confession juive qui aurait dû être avocate si les troupes de Boko Haram n'avaient semé la terreur dans son pays, Semhar, jeune Erythréenne chrétienne orthodoxe qui a déserté du service national ou encore Dima, Syrienne et musulmane, plutôt aristocrate qui fuit les bombes avec son mari et ses filles. Nous partageons leur quotidien, sordide, dangereux, ignominieux, du départ de leur foyer jusqu'à l'arrivée dans l'El Dorado imaginé… et peut-être imaginaire.

L'histoire racontée est réelle. C'est en juillet 2014 que le pétrolier danois Torn Lotte s'est porté au secours d'un rafiot de fortune perdu dans une tempête en Méditerranée, débordant de passagers clandestins. En transformant ce fait, que je ne saurais qualifier de divers, en roman l'auteur rend un hommage personnel à chacune de ces victimes des griffes de passeurs mafieux, proxénètes, et violeurs.

Je ne suis pas membre de l'Académie Goncourt mais… je verrais bien "Mur Méditerranée" récompensé par ce prestigieux prix littéraire.

Lien : https://memo-emoi.fr
Commenter  J’apprécie          140
Mur Méditerranée est l'Odyssée moderne de migrants tous à la recherche d'un ailleurs, en fuite d'une guerre, du changement climatique, de difficultés économiques. L'Europe est au-delà de la mer Méditerranée, cette vaste étendue qu'ils vont devoir traverser au péril de leur vie et après de nombreux mois à traverser les frontières de pays africains jusqu'en Libye, terre de leur départ mais aussi commencement des pires atrocités vécues durant leur périple. Il y a Chochana qui fuit le Nigeria et ses terribles sécheresses, Semhar jeune érythréene désertant le service militaire obligatoire, Dima et sa famille fuyant la guerre syrienne et de nombreux autres personnages tant il s'agit ici d'une galerie de portraits humains, attachants ou pas (passeurs, esclavagistes modernes, racistes...).

L'écriture, intense et dense nous plonge dans la vie de ses réfugiés, comme si l'on était à leur côté. Leurs histoires sont contées de manière hyper réaliste avec une écriture très fine et des plus sublimes que j'ai pu découvrir dans ma vie. Ce roman pourrait servir de base à un documentaire filmé ou une adaptation cinématographique, il appelle tellement d'images et de réalité mêlées à la fiction, inspirée d'ailleurs d'une histoire vraie.

Vous l'aurez compris, voici un grand coup de coeur et un livre qui m'a sincèrement touchée d'un auteur dont je vais m'empresser de découvrir d'autres écrits.
Commenter  J’apprécie          120
Elles se nomment Chochana, Semhar et Dima. Trois femmes, trois vies, trois pays, trois religions, un seul chalutier, un seul horizon.

Qu'elles fuient la guerre, la dictature ou les conséquences intenables du réchauffement climatique, ce n'est pas de gaieté de coeur que ces femmes et leurs compagnons d'infortune ont décidé de tout sacrifier pour se tourner vers un espoir européen. Louis-Philippe Dalembert s'empare d'un sujet fort qui va bien au delà d'un récit sur l'exil. Il nous raconte à hauteur d'homme les étapes d'un périple effroyable. La cruauté des passeurs, le racisme latent, l'hypocrisie politique de certains pays (si vous n'aviez pas encore honte de la position de la France, c'est le moment d'ouvrir ce livre), une mer capricieuse ; le plus souvent c'est chacun pour soi et Dieu pour tous. Si le roman nous plonge dans la noirceur la plus totale de l'âme humaine, il n'en oublie pas la chaleur des îlots de solidarité. On tremble beaucoup, on respire si peu. On admire le courage et l'abnégation. Est-ce qu'il y a seulement une issue à ce tunnel des Enfers ?

C'est un livre difficile, prenant et nécessaire. Les personnages secondaires, mêmes ceux croisés dans une fulgurance éphémère, marquent les esprits. Toujours dans un style accessible, l'auteur mêle à une langue très littéraire quelques uppercuts de langage familier, comme pour mieux nous rappeler la brutalité qui habite ses pages. Une fois encore, les mots parlent bien mieux que les chiffres.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (564) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
291 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}