Comme dans toutes les familles du temps, les grossesses se succédaient.
Quelques mois plus tard, Catherine, comme toutes les femmes du début du siècle, se trouva de nouveau enceinte. Mathilde, témoin des grossesses consécutives, voyait le ventre de sa mère se gonfler et se dégonfler, à répétition. Elle commençait à se poser des questions sur les mystères de la vie.
Sa mère n’était pas du genre à jeter ses vieilles choses ; si les extrémités des chaussettes étaient percées, elle remontait les mailles une à une et tricotait de nouveaux bouts de pied ou talonnettes, ce qui donnait une deuxième vie aux vêtements.
" Il faut que les liens qui soudent un enfant à sa mère soient bien forts pour que celle-ci ne baisse pas les bras devant l’épuisement ".
— C’est à l’aînée des filles que revient la tâche d’aider sa mère dans la maison.
— J’aime pas ça être l’aînée.
Les jeunes âmes ne connaissent pas la rancune, les mesquineries ne viennent que plus tard au cours de la vie.