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3,46

sur 450 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu ce roman l'été dernier, avec plein d'attentes, comme beaucoup de gens après les claques inoubliables que sont La Sirène rouge et Les Racines du mal. J'étais ouvert au passage SF de Dantec, et j'ai de l'affection pour l'individu qui est plus souvent victime du protocole télévisuel (où il faut surveiller ce qu'on dit, sortir des banalités, faire de la lèche, parler des livres en surface, ne retenir que trois phrases pseudo-chocs sur l'ensemble d'une oeuvre, se faire traiter de polémiquard alors que les ainés et influences respectées comme K. Dick et Céline avaient des vues toutes aussi particulières, mais sont désormais vénérés...) Et je fais même un mémoire, entre autres, sur Les Racines du mal!

Étant donnés la trajectoire vers le Canada, et le goût pour le roadtrip de Dantec, je m'attendais, en lisant la quatrième de couverture, à une sorte d'errance vers la terre promise, intimiste, entre Toorop et Marie Zorn... C'était tout sauf ça. Ça m'a à la fois rebuté et fasciné. Ces personnages de chefs de guerre, qui spéculent sur les conflits, étaient terrifiants, le sujet ne m'intéressait pas, et pourtant, la perspective, et la façon dont l'auteur les révélait étaient effrayantes, j'étais happé, mais pas passionné. le propos sur l'homo sapiens neuromatrix n'était pas non plus génial ou crédible, mais j'ai surtout retenu l'ambiance de ce bloc noir au milieu du Canada, refuge autotellique, utopique, paradisiaque (mais temporaire) des penseurs/pionniers, amorce de ce que sera Satellite Sisters où cet éloge de la recherche de l'évolution permanente est scandé.

Babylon Babies est très bien écrit, avec un style à la fois chargé et harmonieux, ce qui n'est pas forcément le cas de sa suite. le seul problème, c'est que malgré le caractère percutant de tout ce à quoi on assiste (et on s'en souvient bien, mention spéciale aux crises de schizophrénie de Marie et celle qu'elle provoque à Toorop) le sujet nous intéresse moins... Babylon Babies et Satellite Sisters ont pour moi la même note, mais je préfère nettement le style littéraire du premier, et l'histoire du deuxième.

Très agréable de retrouver Joe-Jane aussi, avec les discrètes allusions qu'il descend de Schaltzmann.
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Pour celles et ceux qui n'auraient jamais entendu parler de ce livre, les résumés officiels donnent un aperçu de l'ambition extraordinaire de l'auteur. Au fil de ces quelques centaines de pages, il balade le lecteur à travers une foule de concepts complexes qu'il ne cesse d'entrecroiser, de l'intelligence artificielle au chamanisme en passant par la schizophrénie.

Pour le regretté Maurice G. Dantec, c'est apparent dans chaque page de ce roman, tout est connecté, et chaque chose est d'une infinie complexité. Partant de ce double principe, sa plume ne se repose jamais, et il n'y a pas un seul personnage, un seul concept, un seul lieu cité dans le livre qui ne fasse pas l'objet d'une digression pour nous expliquer d'où il vient et comment il s'entrecroise avec tous les autres aspects du roman. Rien n'est anecdotique, tout est chargé de sens, tout se perd dans une complexité labyrinthique, à l'infini, comme dans « Tristram Shandy », sauf qu'ici tout est très sérieux.

Pour qui est amateur de littérature à fort contenu conceptuel, ici, on se régale : la manière dont l'auteur connecte entre eux des morceaux de théorie scientifique, de croyances et de géopolitique pour donner naissance à des hyperobjets littéraires, presque trop complexes pour tenir en entier dans le cerveau du lecteur, force l'admiration.

Pour ancrer cette explosion d'informations autour de quelque chose que le lecteur soit capable d'identifier et d'apprivoiser, la trame principale épouse la forme familière d'un thriller, avec un homme d'action revenu de tout qui est mandaté pour protéger une femme mystérieuse. L'histoire en elle-même, cela dit, si on devait la raconter, occuperait probablement moins d'une centaine de pages. Mais comme chaque événement, et en particulier une scène spectaculaire au milieu du livre, nous est raconté de manière fragmentaire, via des points de vue différents, des documents, des pièces rapportées, des conjectures, au final, chaque action occupe une place monumentale. Si on y ajoute de longues séquences hallucinatoires jubilatoires mais touffues, il y a de quoi avoir le vertige.

Qu'au final, on ne soit jamais perdu, et qu'on referme le livre avec des réponses à toutes les questions qu'on pouvait se poser, est à porter au crédit de l'auteur, qui réussit un tour de force. Si on se souvient que le roman constitue une sorte de suite de deux autres ouvrages de Dantec, avec lesquels il partage un univers fictif et dont il reprend les personnages, on ne peut qu'être admiratif que tout cela soit, au final, aussi compréhensible. Un lecteur pourra sans difficultés commencer ici, sans avoir l'impression d'avoir manqué quelque chose.

« Babylon Babies », c'est presque inévitable pour un roman aussi expérimental, souffre de quelques gros défauts. Pour commencer, les concepts avec lesquels jongle Dantec sont si complexes, et il les trouve visiblement si fascinant, que la deuxième moitié du livre est presque entièrement constituée d'explications. Soit le narrateur omniscient nous décrit longuement des situations ou des aspects de l'intrigue, soit un personnage explique longuement à un autre un élément du narratif qui nécessite d'être éclairci. L'intrigue, à ce moment-là, fait pratiquement du surplace. On est à fond dans l'ornière d'une histoire racontée plutôt que montrée.

La boursouflure des concepts est telle que les personnages n'ont presque plus d'espace pour exister. le protagoniste, Toorop, est plutôt bien dessiné, et c'est le cas de plusieurs autres figures croisées au fil de l'histoire, mais le livre ne porte absolument aucun intérêt à les faire exister les uns par rapport aux autres. Si, chez Dantec, tout est connecté, les personnages font exception : ils n'ont pas de sentiments les uns pour les autres, ne partagent rien, leurs relations n'évoluent pas. Ce sont des automates qui s'observent de loin, sans se connaître. Ils ne sont là que pour demander ou pour se fournir des explications les uns aux autres. C'est embêtant, parce que, en particulier dans les dernières longueurs du livre, le livre cherche à s'appuyer sur la complicité entre Toorop et Marie, mais celle-ci n'a pas du tout été établie au fil de l'histoire, ce qui fait qu'une bonne partie de l'impact émotionnel souhaité tombe à plat.

Dernier défaut, dont on ne fera pas grief à l'auteur : le livre est daté. Écrit dans les années 90, il est constellé de références culturelles à cette époque, alors que l'action du roman est censée se dérouler en 2013-2014. Certains éléments récurrents, comme la guerre dans les Balkans, les sectes, les hackers, sont ceux qui fascinaient le grand public à cette période, et ancrent résolument l'oeuvre dans les années de sa parution plutôt que dans celle où est censée se dérouler l'action. Par ailleurs, Dantec n'a pas su prévoir l'omniprésence des réseaux et de la téléphonie mobile, aussi le futur antérieur qu'il nous présente se retrouve parfois en porte-à-faux avec notre vécu actuel. Ça n'est pas grave : la raison d'être de la science-fiction est de parler du présent, pas de l'avenir. On notera aussi un sexisme léger mais omniprésent, où tous les personnages féminins sont décrits en fonction de leur potentiel de séduction, ce qui permet de mesurer à quel point nous avons cheminé en vingt ans.

« Babylon Babies » est une oeuvre géniale mais imparfaite, constamment fascinante mais souvent frustrante, plus facile à admirer qu'à adorer, mais si singulière qu'elle est propre à laisser une marque durable dans la mémoire du lecteur.
Lien : https://julienhirtauteur.com..
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Toorop, soldat de fortune et ex-mercenaire en Bosnie et au Kazakhstan, est chargé de convoyer d'Asie Centrale jusqu'au Canada Marie Zorn, une jeune schizophrène semi-amnésique porteuse d'une arme biologique révolutionnaire pour le compte d'un officier corrompu des services secrets russes qui lui-même travaille pour la mafia sibérienne. Réussira-t-il sa mission au milieu de sectes post-millénaristes, de scientifiques apprentis sorciers et de gangs de bikers déjantés qui se livrent à des guerres sans merci à coup de lance-roquettes ?
le livre culte de  Maurice G. Dantec nous entraîne dans une sorte de maëlstrom d'anticipation où tous les grands thèmes sont abordés sur des bases plus ou moins scientifiques : le clonage, l'immortalité, l'intelligence artificielle, l'influence des drogues hallucinogènes, le phénomène sectaire, la transmission de pensée et la télépathie par le biais de machines devenues intelligentes. On l'aura compris, ce livre relève de la pure science-fiction. On se demande d'ailleurs pourquoi il est référencé comme « policier » par Gallimard… Malgré un aspect général brouillon et foisonnant, des personnages venus de nulle part qui apparaissent puis disparaissent et des évènements qui se produisent sans crier gare, l'auteur arrive à ménager un véritable suspens et à maintenir en alerte l'attention du lecteur qui ne peut lâcher le livre avant l'apothéose finale.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Dantec c'est du bon puis parfois du moins bon. En l'occurence j'ai apprécié Babylon babies qui se situe à la croisée du thriller géopolitique et de la littérature cyberpunk. Ambitieux, voir presque épique, Babylon babies fait du bien là où ça fait mal. Jouissif !
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Toorop est un mercenaire, il doit escorter une jeune femme jusqu'au Québec. Il va vite se rendre compte qu'elle est le réceptacle de nombreuses convoitises de groupes criminalisés. Lire un livre de Dantec n'est jamais de tout repos, et c'est un stimulant sans pareil. Inclassable quant au genre, roman noir, thriller ou livre de SF cyberpunk ? Il est d'une force incroyable, touchant à la géopolitique, aux manipulations génétiques, manipulant lui-même la technologie informatique, injectant dans tout ça des drogues hallucinogènes pour déboucher finalement sur une métaphysique de l'évolution. le style de Dantec est très efficace, un mélange détonnant d'action et de philosophie, une réflexion profonde sur l'avenir de l'homme. Rien dire du film, quand on monte ce type de projet avec comme ciment un acteur possédant, au mieux, deux neurones, au talent artistique moins développé que celui d'un mollusque, on récolte ce que l'on mérite, malgré tout son talent, un beau ratage.
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Après le polar, Dantec verse ici dans le road-movie mondial en compagnie d'une équipe de personnages comprenant ses héros Toorop et Darquandier. L'aspect science-fiction explose et se marie relativement bien avec le reste.
Sans verser dans le délire métaphysique (élément présent mais dilué dans des rebondissements plus terre-à-terre). On reste donc en terrain connu (et lisible !) pour ce pavé* assez plaisant et bien mené qui méritait son adaptation cinématographique.

*format d'écriture favori de Dantec (qui n'a jamais fait moins de 600 pages !).
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Très bon ouvrage de science fiction. L'auteur s'amuse à nous plonger dans un charabia technologique, avec une histoire de mafieux et d'espionnage qui reste très prenante. Enfin, un auteur de science fiction qui se montre un peu innovant dans le style!
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du cyberpunk pur et dur coloré avec les eternels delire metaphysiques de dantec
ca reste tout de meme bien divertissant et fidele aux codes du genre
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Je l'ai lu il y a presque dix ans. Je lis très peu de science-fiction. Avec le recul, j'en garde l'impression d'un livre très fort, très intelligent, et angoissant et le pire c'est qu'il est finalement très bien "vu" si l'on considère la part de réalisation effective dans ce qui y est pré-"vu". Dantec est sans doute un génie... Et, my god, on peut avoir peur.
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Babylon Babies est le troisième roman de l'écrivain français naturalisé canadien Maurice Georges Dantec, dit Maurice G. Dantec, qui fait donc suite à La Sirène rouge (1994) et Les Racines du Mal (1996) en y intégrant le ...

Suite : Cliquez sur le lien ci-dessous !!!
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