Maurice Darmon et un spécialiste du cinéma de
Marguerite Duras. Il a publié cinq Tomes couvrant l'ensemble de ses films.
Avec ce tome 3 intitulé "Les chambres noires" il s'attaque aux années 1976 et 1977 durant lesquelles
Duras à réaliser trois films qui ont plusieurs points communs.
Tout d'abord «
Des journées entières dans les arbres » et « Baxter Véra Baxter » sont des réécritures de pièces de théâtre mise en scène plusieurs années auparavant. Ce sont des films qui parlent de la famille, du rapport mère-fils ou du couple. Ils obéissent aux mêmes règles d'unité d'action et de temps : en une journée une mère arrive et s'en va dans «
Des journées entières dans les arbres »; de même, dans la journée une femme visite une villa que son mari absent a loué pour les vacances d'été dans « Baxter Véra Baxter ».
Maurice Darmon indique qu'apparemment sans rapport, ces deux drames et "Le camion" sont pourtant indissociables. D'abord parce qu'ils ont été tournés à la même période et programmés durant le Festival de Cannes (même si seul « le camion » a été retenu à l'unanimité par les membres de la commission de sélection) mais aussi parce que c'est une façon pour
Duras de revenir au texte écrit. D'ailleurs, j'ai appris que le texte du Camion a été intégralement écrit avant le tournage et respecté à la lettre puisque, feuillets manuscrits en main, le film est leur lecture sans retouche et surtout sans aucune répétition préalable, au moins pour
Gérard Depardieu, invité à découvrir ses répliques devant la caméra, à sa table, chez
Marguerite Duras à Neauphle-le-Château.
Ce film nous montre le jeu quotidien de la dame du camion qui fait de l'auto-stop et raconte une histoire dont tout indique qu'elle n'est jamais la même. C'est un film culte pour moi. Il faut dire que j'adore le cinéma des années 70 propices à la montée des femmes dans l'espace social et culturel.
D'ailleurs, Darmon fait de nombreuses comparaisons (parfois un peu tortueuses), notamment avec le film « Wanda » de Barbara Loden ou encore avec « le mépris » de
Jean-Luc Godard... que des chefs-d'oeuvre.