Sabre de sarment, sabord enrhumé et bitte en bois !
J'avais oublié que
Lionel Davoust écrivait si bien.
Et ben tiens, prends ça dans tes dents jaunies et pleure de plaisir.
En quelques pages, l'auteur construit un monde structuré, peut-être plat, au bord de la folie, une tapisserie avec des fils de chaos dedans, un contrepoint de notre Âge Classique – dont les noms géographiques résonnent de ressemblance avec les nôtres – de pirates et corsaires égarés et empêtrés dans une « glace » aussi immobile qu'au zéro absolu et changeant pourtant de phase sous l'effet du rayonnement lunaire.
Empêtrés et appelés par les chants de sirènes de l'impassibilité finale, destin de l'univers en expansion, les chants d'une vérité clamant l'inutilité et l'incongruité de tout. Chaos disais-je auparavant ? Plutôt son antonyme, l'essence d'un ordre extrême et définitivement figé.
Et malgré cette agression de leur environnement, pirates et corsaires persistent dans leurs objectifs surannés de s'entredévorer, afin de satisfaire à l'honneur de la nation, à la force de la morale, à la violence de la liberté ou, plus prosaïquement, pour se changer les idées.
Mais les matelots Davenport, Blavious et Rupert ont compris que tout cela ne les mènerait autre part que dans les bras gelés de la glace. Et ils tentent d'imaginer des contre mesures.
De l'action hollywoodienne, de la tragi-comédie où l'humour et le sarcasme pointent leur nez derrière le vocabulaire inventif des marins de bas rang. Un texte entrecoupé d'extraits presque surréalistes du carnet de bord, à l'écriture manuscrite et tâchés d'encre et de ratures.
De la jouissance à lire, même si quelque le propos est peu désespéré ou désespérant.
J'embarque à nouveau avec
Lionel Davoust quand il veut. Ô Capitaine, mon Capitaine !