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Critique de fbalestas


Daredjane est une jeune danseuse géorgienne qui, à l'occasion d'un voyage à Paris avec son ballet géorgien, fait la connaissance de Tamaz dans les coulisses du Théâtre des Champs Elysées.
De ce coup de foudre réciproque, va naître une relation improbable, amour fusionnel incertain, même si Tamaz a lui aussi des origines géorgiennes.

Après bien des épreuves (pas facile du tout d'obtenir un passeport pour la France quand on habite un pays contrôlé par les Russes) et après s'être mariés en Géorgie, elle va réussir à rejoindre celui qu'elle aime et avec qui elle veut vivre, malgré toutes les tentatives de ses parents (et notamment de son père) de lui en dissuader.
De leur idylle naîtront deux filles : Kessané puis Tina.
La vie semble idéale pour les 4 membres de la famille.

Le roman s'ouvre pourtant sur une scène peu banale : Daredjane emmène ses deux filles régulièrement en Géorgie (sans Tamaz son mari) et celles-ci doivent affronter des douanières russes redoutables, qui n'hésitent pas à les humilier, et à menacer leur mère de lui interdire de prendre son vol pour la France à tout jamais. Mais qu'importe : Daredjane tient à ce que ses filles connaissent leurs grands-parents et le pays de son enfance.
différentes périodes : nous vivons ainsi les premières amours de Kessané pour un jeune géorgien qui l'intrigue et la séduit en même temps.
Puis nous découvrirons Kessané et Tina devenues mères à leur tour, et la perte de leur père qui meurt de maladie.

Mais la belle entente familiale se grippe : Les deux soeurs, jusqu'à l'adolescence très proches l'une de l'autre, s'éloignent et deviennent même comme deux étrangères. Leur mère Daredjane prend le parti de Tina, la plus jeune, mais aussi la plus fragile face à Kessané la soeur aînée à qui tout réussi dans la vie.

J'ai découvert l'histoire de la Géorgie au travers de « Nous nous aimions » - j'avoue que j'ai dû me plonger dans Wikipédia pour mieux comprendre le fond historique, pour ce pays, situé sur la côte Est de la mer Noire dans le Caucase, c'est-à-dire à la fois en Europe de l'Est et en Asie de l'Ouest. J'ai appris que la Géorgie était considérée comme faisant culturellement, historiquement et politiquement parlant partie de l'Europe et qu'elle rêvait de rentrer dans l'OTAN – un pays qui a eu de nombreux démêlés avec la Russie voisine, ce qui n'est pas sans rappeler l'actualité que nous connaissons.

De Kéthévane Davrichewy j'avais déjà lu « Les séparées », qui traitait d'amitié fusionnelle, mais relevant déjà des failles entre deux amies, et « L'autre Joseph », où elle raconte l'histoire de son mystérieux arrière-grand-père prénommé Joseph, et qui côtoya de près un autre Joseph qui devint plus connu sous le nom de Staline.

Mais le plus intéressant dans ce récit, un peu brouillon dans ses allers et retours dans les différentes époques, se situe dans les relations intrafamiliales qu'il relate : amour fusion entre les deux parents, vision idyllique de la vie à quatre au Vésinet, près de Paris, pendant l'enfance des deux filles, et puis surtout déréliction des liens familiaux, notamment dans la relation entre les deux soeurs, et, par voie de conséquence, entre la mère et sa fille aînée. Il règne un fond de tristesse sur ce récit – dont on se demande quelle est la part autobiographique, l'auteure étant d'origine géorgienne – qu'une lettre finale tente de moduler : dans cet épilogue final Kessané (Kéthévane Davrichewy ?) s'adresse à sa mère pour lui écrire ce qu'elle n'arrivera pas à lui dire.
« Il y a dans ce monde où tout s'use, où tout périt, une chose qui tombe en ruine, qui se détruit encore plus complètement, en laissant encore moins de vestiges que la beauté : c'est le chagrin. »

Cette citation de Proust, que Kessané insère dans sa lettre, pourrait servie de résumé à ce récit douloureux, marqué par le sceau du chagrin pour un passé qui n'est plus.
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