Mon soleil sous la pluie

La revoir a généré des tas d’émotions chez moi, d’abord la joie, puis la déception, et c’est finalement la colère qui domine ces derniers temps. Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle m’en veut autant, et la distance qu’elle met entre nous m’a clairement blessé. Ma fierté d’homme en a pris un coup, et bien que je crève d’envie de la retrouver, je ne suis pas prêt à me rabaisser. J’estime que je ne mérite pas d’être si peu considéré, pas après la si belle amitié que nous avons partagée.

Tu es partie comme une voleuse, à faire la gueule pour un truc débile, à t’imaginer que je couvrais Jules alors que c’est faux. Je ne savais pas qu’il te trompait putain, tout comme toi je l’ai découvert ce soir-là ! Il m’a pris au dépourvu, et quand je t’ai vu arriver, j’ai paniqué, j’avais juste envie de te protéger. C’était notre dernière soirée avant ton départ, je voulais que tu sois heureuse, que l’on s’amuse ! J’aurais fini par t’en parler, mais égoïstement je ne voulais pas gâcher notre dernier moment ensemble.
Des flashs de cette nuit-là me reviennent en mémoire. Et s’il pense avoir menti pour me protéger, il a tout faux. S’il m’avait dit la vérité, je ne me serai pas sentie trahie, je n’aurais pas fui la propriété, et ne serai pas rentrée chez moi, seule, dans la nuit. Sans le savoir, Mattia m’a jetée dans la gueule du loup, et ma vie entière a basculé.

S’il y a bien une chose qui m’agace dans ce monde, ce sont les snobinards, qui se croient meilleurs parce qu’ils sont friqués. Bien que notre fortune soit considérable, mes parents m’ont toujours appris à faire preuve d'humilité et à traiter les gens avec respect et bienveillance. Attention, j’aime cependant les belles choses, et je serai totalement hypocrite de prétendre le contraire.

Nous étions les meilleurs amis du monde, et voilà qu’à ses yeux je me sens comme un vulgaire étranger. Son indifférence commence sérieusement à m’agacer, et surtout, elle m’affecte. Je suis profondément blessé, vexé et en colère. Je ne comprends pas sa rancœur, pas après tout ce que j’ai fait pour elle. Je crève d’envie d’aller la voir et d’exiger qu’elle m’accorde une discussion mais j’en ai marre de lui courir après, je suis lassé d’être le seul à vouloir que les choses s’arrangent. Je me fais violence pour me contrôler, et j’ordonne alors à mon cerveau de l’ignorer. Je suis plutôt doué pour camoufler mes émotions, et bien que j’enrage à l’intérieur, je ne laisse rien paraître et j’enfile le masque du mec qui n’en a rien à branler.

Je rêve de l’enlacer, mais je ne bouge pas ; je crains de l’effrayer et qu’elle me rejette à nouveau. Après quelques secondes, durant lesquelles j’arrête de respirer, sa main droite caresse ma joue alors que son bras gauche s’enroule autour de mon cou. Son visage frôle ensuite ma peau pour se loger sur mon épaule.