-Vous passerez à l'armurerie avant de partir. Je ne tolèrerai aucune emplette de ce type sur place, c'est bien compris ?
Je le regarde avec ahurissement et je me demande s'il le fait exprès. J'ai à peu près autant besoin d'une arme qu'un poisson d'une machine à coudre. Je "suis" l'arme, Saint Pépère, t'as pas encore compris ?
L'éternité est longue, surtout vers la fin, du moins c'est ce qu'on raconte.
- C'est un monstre, il est totalement inhumain !
La prochaine fois qu'on me sort une connerie de ce genre, je jure que j'ouvre mon cran d’arrêt et que je donne une leçon d'humanité bien comprise à l'abruti qui l'aura proférée. Je ne me rappelle pas avoir entendu parler de monstres canins ou félins. La monstruosité, c'est une caractéristique typiquement humaine. Les tigres ont juste faim, eux. Mais le mal pour le mal...le mal con en plus, c'est humain, très humain.
Avec un peu d'imagination, de loin, dans le noir et bourré, ça peut passer pour une certaine forme d'excuses.
Comme toutes les histoires à propos des vampires, celle-ci est à moitié vraie: une dose de réel, une dose de délire- et je m'aperçois que cette recette est également celle delà majorité des histoires du monde, mais passons.
J'ai un faible pour les beaux. De tous bords. De toutes races. Et même parfois de toutes espèces : je garde un souvenir ému d'un étalon lipizzan, cadeau de reconnaissance d'un inquisiteur cordouan, avec lequel j'ai vécu seize années de passion. Je parle du cheval, pas de l'inquisiteur. Je ne bande pas pour les inquisiteurs. Mais j'ai aussi arrêté les chevaux un certain temps, ils sont trop éphémères. Faudrait pas s'attacher.
Parfois, j'estime que la toute nouvelle définition du crime contre l'humanité gagnerait à être étendue. Surtout dans la section tissus d'ameublement. Les fleurs qui ornent les taies d'oreiller sont de véritables monstruosités. Je suis persuadé que leurs homologues naturels sont carnivores. Sortons d'ici.
Vite.