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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La religion dans ce qu'elle peut avoir de pire, de destructeur pour l'individu, voilà un thème qui m'intéresse.
J'avais lu avec grand intérêt un roman d'Anouk Markovits sur le sujet il y a quelques mois, ce livre-ci est l'autobiographie d'un homme qui dès l'enfance appartient à un milieu religieux orthodoxe, c'est une famille juive de la mouvance hassidique.
Ce sont ces hommes (on ne voit que très peu les femmes) qui passent la majorité de leur temps à l'étude de la Bible et du Talmud.
Enfants ces jeunes juifs se voient refuser des études normales, pas de littérature, pas de sciences, pas d'histoire, matières censées corrompre l'individu.
Une vie en circuit fermé, une union bien entendu arrangée avec une jeune femme qu'il rencontre quelques minutes avant le mariage.
Une famille nombreuse évidement, une vie très difficile financièrement et épuisante. Impossible pour Shulem de trouver un emploi correctement rémunéré n'ayant aucun bagage, aucune formation professionnelle.
Le quotidien de la famille repose sur des règles, des lois, plus restrictives et contraignantes les unes que les autres.
En écrivant cela j'ai l'impression de faire le portrait d'une famille du quart-monde et pourtant tout cela se passe aux Etats-Unis à une heure de New York !
Une fois dépeint ce milieu hyper religieux où le moindre faux pas se paie de représailles de l'entourage, Shulem Deen s'attache à nous révéler son parcours propre, ses interrogations, ses doutes, sa lassitude mais aussi sa soif de savoir, de lecture, sa curiosité toujours en éveil.
Il nous révèle à quel moment il a perdu la foi, comment il a longtemps fait semblant pour ne pas perturber sa femme et ses enfants.
Sa communauté le surveille, il enfreint les règles d'abord en cachette, puis plus ouvertement. Quand je parle de transgression n'allez pas imaginer des choses effrayantes,par exemple il se met à écouter la radio, il apprend à lire et écrire l'anglais, il emprunte des livres en bibliothèque, il se forme à l'informatique et même au scandale de tous y compris de son épouse, il va sur internet.
C'est un récit peut être un peu trop long mais tellement prenant qu'on oublie qu'il se passe aujourd'hui, dans le monde dit civilisé !
Vous avez déjà deviné que cela se termine mal pour lui, la religion juive orthodoxe n'est pas tendre pour les renégats de son espèce, il est littéralement chassé de chez lui, privé de ses enfants. Il doit faire le deuil de sa famille.
L'hérétique ne peut revenir car la société « normale » est comparée à une prostituée, et celui qui va vers elle ne revient pas c'est la Bible qui le dit hélas.
Il lui faut reconstruire sa vie et oeuvrer pour aider d'autres juifs qui comme lui ont quitté le milieu hassidique.
C'est un récit sobre, d'une grande honnêteté et poignant. Shulem Deen ne garde aucune haine, aucune rancune et l'humour juif n'est jamais loin.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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J'ai des sentiments ambivalents quand, dans nos métropoles, non pas dans des contrées exotiques, des hommes ou des femmes choisissent de se distinguer par leur costume. D'une part, j'apprécie que la monotonie soit ainsi brisée, que l'uniforme citadin ne soit pas endossé : un sari coloré, un turban sénégalais, une djellaba élégante....D'autre part, je me demande ce qui pousse certains à se coiffer en pleine canicule d'un large bonnet de fourrure. Les gamines de l'école Otzar HaTora près de chez moi qui sortent telles une volée de corbeaux ou de pies, affublées quelle que soit la saison de bas opaques et de manches longues, me font pitié. Sans parler de nikab. Barbes broussailleuses semblent partagées par nombreux ultras de toutes confessions.

"Grâce à trois principes méritoires, les enfants d'Israël furent délivrés d'Egypte : ils ne modifièrent ni leurs noms, ni leur langue, ni leurs vêtements[....]Le but en est la ghettoïsation volontaire. Se distinguer par sa langue et sa tenue permet de réduire au minimum les échanges avec le monde extérieur, et contribue à vous maintenir à l'écart. Limiter l'éducation profane et le savoir venu de l'extérieur tient à distance les idées étrangères. Interdire les médias et les divertissements populaires préserve de la tentation."

Dans le cas de Shulem Deen, il s'agit de juifs ultra- orthodoxes, américains. A ce sujet j'ai lu avec beaucoup d'intérêt Hadassa de Myriam Baudouin racontant l'année d'enseignement d'une québecoise dans une école de filles de la communauté hassidique de Montréal. J'avais aimé le rapport chaleureux de l'institutrice à ses élèves, déploré le sort des filles enfermées dans leur rôle de mère, d'épouse. C'est un livre plutôt tendre et relativement léger par rapport à celui de Shulem Deen témoignage d'un homme qui perd la foi, s'éloigne puis est rejeté de la communauté.

Si le rôle traditionnel des filles n'est guère enviable, je n'avais pas mesuré l'enfermement des garçons. Dans la communauté skver les garçons sont voués uniquement à l'étude des livres saints. le narrateur avait choisi de s'y intégrer, il avait été subjugué par la chaleur de l'accueil

."..fit resurgir dans ma mémoire les souvenirs de mon premier tisch au sein de la communauté skver - les chants m'avaient captivé, l'accueil chaleureux que m'avaient réservé les fidèles, des adolescents de mon âge qui m'avaient serré la main et invité à prendre place sur les gradins, les hommes bourrus qui m'avaient tendu les assiettes bien garnies de poulet ..."

Les adolescents étaient endoctrinés par un mentor.

"Au fil du temps, j'en viendrais à considérer Avremel comme une sorte de Savonarole du monde hassidique un fanatique si caricatural qu'il en devenait caricatural."

Enfermés dans leur monde, sans parler Anglais pour certains, mariés sans avoir rencontré leur promise. Ils sont complètement déconnectés du monde extérieur. Shulem, chargé de famille, doit trouver les moyens financiers de nourrir ses enfants. Il n'est aucunement préparé au monde du travail. Pourquoi le serait-il? tout un système d'assistance existe pour éviter que les hommes ne sortent de la communauté.

Dans ce livre, Shulem raconte pas à pas ses premières ouvertures qui sont autant de péchés contre les règles établies. La radio est le premier interdit qu'il franchit, timidement, puis Internet - paradoxalement Internet ne subit pas la censure totale qui prohibe la télévision - Internet et l'ordinateur lui permettra de trouver un travail comme programmeur, mais aussi de s'affranchir complètement de ses doutes : il perdra la foi et ouvrira un blog.

On assiste à l'ouverture d'esprit du héros mais en même temps à son rejet de la communauté. Déménagement, puis divorce. Schulem croyait se libérer en rejoignant le monde moderne, il trouve la solitude et perd l'affection de ses enfants. Il perd meme son travail.

"Nous avons le moyen de le détruire, financièrement et affectivement"

La violence de la réaction des hassidim est effrayante. Ce témoignage est poignant.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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