Les fans d'Indiana Jones se souviennent sans doute de la scène d'ouverture du troisième opus de la saga, la « Dernière croisade », dans laquelle en 1912 dans l'Utah le jeune scout Indiana dérobait puis rendait à des pilleurs de tombes la fameuse croix de Coronado qu' Hernán Cortés aurait offert au conquistador en 1520, avant de la récupérer en 1938 sur les côtes portugaises.
Avec son nouveau roman, Coronado, Ignacio del Valle surtout connu pour sa tétralogie consacrée à Arturo Andrade (deux titres traduits en français, Empereurs des ténèbres et Les démons de Berlin) s'intéresse à ce conquistador qui voyagea à travers le Nouveau Mexique au XVIème siècle.
Coronado, c'est Francisco Vázquez de Coronado, gouverneur de Nouvelle-Galice (Sinaloa et Nayarit ) qui partit vers le Nouveau-Mexique, où il rencontra le frère franciscain Marc de Nice (Marcos de Niza, auteur entre autres de Relation du voyage à Cíbola ) Ce dernier lui parla des Cités d'or - Cíbola- et Coronado partit à leur recherche en 1540 avec 340 Espagnols, autant d'alliés autochtones et un millier d'esclaves.
C'est via les souvenirs vieux de vingt ans du franciscain fray Tomás de Urquiza que del Valle nous plonge dans cette odyssée débutée le 23 février 1540. Nous suivons Coronado à la recherche des Cités d'or, qui parvient à Cíbola où il y a autant d'or que de beurre en branche. A défaut de trésors cachés , il « découvre » en suivant les côtes de la mer de Cortés, ce que l'on nomme aujourd'hui le Nouveau Mexique, puis le nord du Texas, Albuquerque, des paysages grandioses et désertiques, des animaux étranges nommés bisons. La recherche du mythique El Dorado s'est transformée en authentique traversée du désert.
C'est en 1542 qu'il retourne au Mexique avec seulement une centaine d'hommes.
Coronado est un bon roman historique rédigé à la manière des anciennes Chroniques des Indes, par un franciscain humaniste que les massacres de l'expédition plongent dans les souvenirs funestes de l'Inquisition. La mort d'Indiens Otomis, Zuñis lui rappelle les juifs et les luthériens sur les bûchers. Tomás de Urquiza apparaît utopiste comme Marc de Nice, qui fut l'ami de Bartolomé de Las Casas.
Avec cet ouvrage nous réalisons que Coronado, moins connu que les autres conquistadores, effectua l'une des expéditions les plus longues de l'histoire.
Ignacio del Valle nous plonge au coeur de l'aventure et avec lui nous parcourons les chemins recouverts de poussière, assistons à la faim, à la soif, aux attaques humaines et animales qui s'abattent sur la troupe, traversons des villages misérables vidés de leurs habitants par peur de la peste ou des attaques des Indiens tepehuanes. Puis, pour la première fois, nous foulons avec les Européens les grands canyons et rencontrons des wichitas et des apaches. Car des Cités d'or il n'y en avait donc point, mais le récit des grands espaces les vaut bien toutes. Et del Valle le fait avec beaucoup de talent.
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En Tacuba está Cortés
con su escuadrón esforzado,
triste estaba y muy penoso,
triste y con gran cuidado
una mano en la mejilla
y la otra en el costado ...