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EAN : 9782752905215
416 pages
Libretto (01/03/2012)
3.73/5   54 notes
Résumé :
Berlin, 1945. Les chars russes sont sur le point d'entrer dans la capitale bombardée. La défaite de l'Allemagne est imminente. La División Agul, corps de volontaires composé pour moitié de militaires franquistes et de phalangistes, a été rapatriée : seule une poignée de soldats espagnols continue de se battre aux côtés de l'armée allemande. Parmi eux, Arturo Andrade, jeune homme ambigu et fascinant, décide de rester à Berlin « pour voir ». Pour scruter l'horreur et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu L'empereur des ténèbres il y a quelques années. Ce ne fut pas une lecture d'un enthousiasme immédiat mais j'avais fini par bien l'aimer. Je trouvais original l'idée de suire Arturo Andrade, de la la division Azul. Vous savez, ces Espagnols qui ont pris les armes pour aider les nazis à baffer les communistes. Là, il s'était démarqué en démasquant un meurtrier en série. Dans ce deuxième tome, Les démons de Berlin, Andrade a quitté le front est et se retrouve à Berlin dans les derniers jours du Reich. La ville est constamment bombardée par les Alliés, les Russes sont aux portes de la ville. Et Ernest von Kleist, un scientifique chargé du programme atomique, est retrouvé mort assassiné. Donc, Andrade est réquisitionné par les Allemands pour aider à résoudre cette affaire et l'ambassade espagnole le pousse dans cette direction, tant pour démontrer son soutien chancelant au Reich que pour profiter des découvertes, s'il y a lieu. Et peut-être la partager aux Alliés pour démontrer sa bonne volonté…

J'ai bien aimé «déambuler» avec Andrade dans Berlin chaotique, en ruine, quelque peu apocalyptique. Une vision d'enfer ! L'auteur Ignacio del Valle a réussi à rendre cette ville réaliste, avec moults détails, allant de la chancellerie du Reich au zoo. (Peut-être pas autant que Philip Kerr et sa Trilogie berlinoise, mais presque.) On peut même croiser quelques personnages importants du régime nazi. Mais attention, ce n'est pas un voyage touristique, c'est une guerre horrible et del Valle n'épargne pas ses lecteurs. Des réfugiés arrivent de l'est avec des histoires terribles, beaucoup cherchent à fuir encore plus loin, ceux qui restent survivent difficilement. Aussi, l'enquête sur l'assassinat de von Kleist est plutôt réussie, développée comme un thriller, les chapitres se terminant sur une note dramatique de suspense. Et il y a de l'action à volonté, surtout à partir du moment où les Russes atteignent la banlieue.

Malheureusement, quelque chose dans Les démons de Berlin n'a pas autant opéré pour moi. Ça a peut-être à voir avec le fait que l'intrigue se complexiait un peu trop à mon goût. L'enquête criminelle, celle sur la mort de von Kleist, se perd dans ce qui devient un roman d'espionnage. Ça aurait pu être positif si ça avait été plus clair ; à un moment, je ne savais plus ce après quoi Andrade courait. Et, à partir du milieu, l'investigation tournait en rond, l'intrigue semblait s'enliser et, moi, je commençais à m'ennuyer. Peut-être quelques longueurs ? À cela s'ajoute son histoire d'amour pathétique avec une Allemande. C'est un peu comme si Ignacio del Valle avait en tête une grande fresque mais Les démons de Berlin donne plutôt l'impression de partir dans toutes les directions. Au final, ces éléments m'ont agacé mais pas suffisamment pour me détourner de ma lecture. Je suis encore intéressé par les aventures d'un Espagnol pris dans une guerre allemande et, si un autre tome sort, je crois que je le lirai.
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Le crépuscule de ceux qui se sont pris pour des dieux.
C'est sur le front de l'est, près de Leningrad, qu'on avait laissé le soldat Arturo Andrade, un espagnol de la Division Azul qui fut envoyée par Franco pou prêter main forte aux allemands durant la dernière guerre.
Après les Empereurs des ténèbres, voici donc : Les démons de Berlin du même Ignacio del valle.
Le Reich vit ses derniers jours et comme tant d'autres, Arturo erre dans un Berlin qui courbe l'échine sous les bombes, en espérant que les américains arriveront avant les russes, les Ivans, les terribles Ivans qui réussirent à terroriser les nazis.

[…] le Reich offrait son visage le plus terrible dans le chaos des routes, bloquées par un flot gris de véhicules et de réfugiés faméliques, exténués et terrorisés par les cris de der Iwan kommt !

Dans le bunker de Hitler, un haut gradé est assassiné, Arturo enquête. On parle d'espionnage. Les américains seraient à la recherche de mystérieuses WuWa, les WunderWaffe, les armes miracles que les nazis seraient sur le point de lancer ... Délire SS ? Propagande nazie ? Ou réel danger atomique ?
Arturo et quelques rescapés de la division Azul se lancent sur les traces des espions Alliés, des scientifiques allemands et d'une mystérieuse confrérie nazie, ...

[…] - Stratton en a-t-il dit plus ?
– M. Stratton est décédé ce matin, répondit Bauer avec une froideur notariale. Arturo écarquilla les yeux.
– Que s'est-il passé ?
– Crise cardiaque. C'était un homme sain et robuste, et ceux qui étaient chargés de l'interroger étaient des gens compétents… C'est un coup de malchance.
Un sentiment diffus de solidarité crépita dans le sang d'Arturo à l'évocation du corps du commando américain roué de coups, couvert de plaies et électrocuté : ce n'était pas une mort pour un soldat.
– Toutefois, il nous a livré une dernière chose intéressante avant de nous quitter.

Comme d'habitude, del Valle convoque tout un ensemble de personnages et de faits réels, même si c'est sans grand souci de vraisemblance, pour les mélanger habilement, ici dans le chaudron infernal de Berlin en 1945 : l'ordre de Thulé par exemple a bel et bien existé, tout comme le baron von Sebottendorf ou encore la division Charlemagne, l'équivalent français de la division Azul.
Tout cela est instructif mais les quelques dérives qui parsemaient l'épisode précédent prennent ici une importance beaucoup trop grande. Dans cette ambiance de fin de règne, de déroute militaire, la fin du monde est si proche, Berlin ressemble tellement à l'enfer, que del Valle se laisse emporter par ses propres démons. Ses envolées philosophiques ou lyriques, ses digressions romantiques ou mystiques, prennent beaucoup de place et de pages, pour finir par dévorer l'intrigue policière.

[…] Et partout, des cadavres atrocement déformés, tordus dans les flaques de leur propre graisse, réduits à un tiers de leur taille normale, et sur certains, de petites flammes de phosphore bleutées et tremblotantes.

Tel un Néron pyromane, l'auteur se perd (et nous avec) dans les descriptions flamboyantes de la ville en proie aux bombes et aux flammes.
Il faut dire que tandis que les allemands courent après l'arme atomique, les américains quant à eux peaufinent encore, quelques mois seulement après les terribles bombardements de Dresde et Hambourg, leurs techniques d'extermination massive. Et l'artillerie russe est toute proche.
Tout cela est décrit avec une fascination morbide et disons-le, parfois trouble et inquiétante, pour la folie suicidaire des soldats du Reich : le crépuscule de ceux qui se sont pris pour des dieux.
Pour celles et ceux qui aiment les fins du monde.


Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Berlin, 1945. La ville peu à peu s'anéantit dans le feu et les bombes. Les Russes approchent, précédés de rumeurs de pillage, de meurtre et de viol. le grand rêve inhumain du Troisième Reich s'apprête à s'effondrer. Dans cette apocalypse en devenir, Arturo Andrade, ancien de la División Azul désormais dissoute, a choisi de rester, fasciné par le désastre en devenir, investi aussi de deux missions. Pour l'ambassade espagnole : renseigner. Hitler a-t-il encore une chance, ou la diplomatie doit-elle pour de bon se tourner vers les Alliés ? Pour les autorités allemandes : élucider. le corps d'un savant de renom vient d'être retrouvé à la chancellerie, poignardé sur une grande maquette de Berlin. On suspecte un commando américain infiltré, qu'il faudrait retrouver, mais dans ce contexte les jeux d'alliance sont plus complexes que jamais. Les fidèles indéfectibles, modelés jusqu'au fond de l'âme par la propagande du régime, ceux qui mourront plutôt que d'abdiquer, sont faciles à reconnaitre - mais les autres, tous les autres, que ne feraient-ils pas pour sauver leur peau, leurs proches, leur pays ?
Seulement, se murmure dans l'ombre ce mot : Wunderwaffe, l'arme miraculeuse promise par Goebbels, qui pourrait anéantir l'armée russe, renverser la situation, assurer la victoire. le savant mort à la chancellerie travaillait justement là-dessus, il a certainement été tué pour ça... mais pourquoi et par qui ? Cette promesse ultime de victoire n'est-elle qu'une illusion ou faut-il la prendre au sérieux ? Jusqu'où pourront aller les Furies, les démons du chaos qui étendent leurs ailes noires sur Berlin ?

Les Démons de Berlin est de ces romans où l'intrigue criminelle, bien que tout sauf inintéressante, vaut surtout pour ce qu'elle permet d'évoquer. Cette ambiance de ville en guerre, ravagée, où tout se délite peu à peu, les bâtiments, les hommes, les repères, les espoirs, de plus en plus fascinante à mesure que se précise l'apocalypse. Cette grande tragédie de l'histoire, mille fois répétée : la chute de quelque chose qui s'est voulu immense et s'effondre à la profondeur de sa démesure. Une réflexion très intéressante sur les ressorts et la banalité du mal, l'éternelle dualité du désespoir et de l'illusion, les outils fabuleux qu'y trouve la manipulation politique, les ferments du fanatisme, la difficulté immense à trouver sa voie face à la tentation du nihilisme... L'intrigue criminelle se perd un peu là-derrière, oui, c'est voulu et c'est tant mieux, c'est ce qui donne au roman sa profondeur et sa force percutante.
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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Déjà très impressionnée par le premier livre de Ignacio del Valle "Empereurs des ténèbres", j'ai retrouvé avec grand intérêt, dans cette nouvelle enquête, Arturo Andrade, officier espagnol de la division Azul démantelée, sorti indemne de l'enfer du front russe. le voici en nouvelle affectation, guère plus confortable, dans une ville de Berlin exsangue sous les bombes des fronts russe et alliés, à l'agonie du régime nazi.
On est en 1945, une quinzaine de jours avant le suicide d'Hitler.

Entre disparitions de savants, course à l'armement nucléaire, espionnage et querelles de boutiquiers des différents services de l'Etat allemand en décomposition, c'est un contexte quasi documentaire qui illustre le roman, dans une vision d' enfer et de violence : Berlin en ruines, couleur sépia, fumées des incendies et bombardements, cacophonie et fureurs des armes, odeurs pestilentielles dans l'air calciné, misère et famine des berlinois. Des images très fortes!

Si l'enquête soulève de façon improbable l'existence de sociétés occultes et une trame policière un peu incongrue et compliquée, le contexte de guerre citadine est impressionnant de réalisme.
Et comme en cadeau, l'amitié et la confiance entre combattants, la douceur d'une femme aimée, la compassion envers les plus damnés, la survie possible malgré toute l'horreur, par ce que la Vie apporte de plus lumineux.
C'est un thriller historique, nihiliste, au plus près d'une réalité brute et âpre, aux envolées lyriques wagnériennes pour décrire l'Apocalypse.
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J'avais particulièrement bien accroché à son roman précédent alors je me suis laissée tentée cette fois encore par un roman d'Ignacio del Valle et du coup je passe du Berlin de 1933 à celui de 1945

J'avais laissé le héros, Arturo Andrade avec la Division Azul dans le froid de l'hiver Russe.
Les Allemands ont fait retraite et le voilà dans Berlin qui ne va pas tarder d'être assiégé par les Russes. le Reich vit ses dernières heures et c'est à une peinture de l'apocalypse que l'auteur nous convie.
Sujet difficile qui pourrait être même scabreux sans le talent d'Ignacio del Valle
Berlin 1945, chacun cherche à survivre, le commandement allemand se délite et le danger est partout. Un chercheur allemand E von Kleist a été trouvé assassiné. Arturo Andrade est sollicité pour expliquer ce meurtre et mettre la main sur son auteur.
Très habilement on voit émerger le programme de recherche allemand vers l'arme atomique et la bataille des alliés pour le récupérer et mettre la main sur les savants qui en sont à l'origine.
Arturo va devoir piloter à vue pour éviter tous les pièges. Toutes ses recherches se font alors que les alliés sont aux portes de la ville et qu'Hitler vit enfermé dans son bunker.
« Les Anglais progressaient vers Hambourg, les Américains avançaient vers la Bavière, les Français étaient arrivés dans le haut Danube, les Russes cernaient Berlin et menaçaient Vienne »

C'est habile, intelligent, le tableau de la ville et de ses dernières heures est saisissant et j'y ai pris le même intérêt que dans le polar précédent.
J'ai aimé les clins d'oeil littéraires comme celui là « A l'instar des familles heureuses, toutes les armées en déroute se ressemblent » qui permettent d'esquisser un sourire alors que l'atmosphère est lourd.
je vous recommande le dernier chapitre qui est assez somptueux, un mélange de terreur et de beauté.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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critiques presse (1)
Telerama
27 juin 2012
Entre thriller et documentaire, Les Démons de Berlin donne à voir, quasiment en direct, l'écroulement de l'empire nazi.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Au début, nous nous sommes servis du besoin et de la terreur, mais seulement au début. Après, nous avons utilisé l'amour, la camaraderie, la confiance, la loyauté, le soutien, toute la joie que procure l'appartenance au groupe et qui, utilisée d'une façon appropriée, est l'instrument de déshumanisation le plus terrible. Armée, SS, SA, Lebensborn, KdF, le Front du travail, BDM, Jeunesses Hitlériennes, NSDAP, des colonies, des fédérations, des associations... des groupes, des groupes et encore des groupes qui empêchent de réfléchir ou d'être "je", seulement "nous", des groupes pour lesquels se sacrifier, des groupes qui donnent du plaisir, étourdissent et annulent toute responsabilité individuelle, rachètent le péché, permettent d'être absolu et de ne pas affronter la mort seul, mein Herr. Une masse qui ne réfléchit pas, désinhibée, dissoute en Adolf Hitler, le nom d'un dieu qui recouvre ce que recouvrent tous les dieux : le besoin de sens, car tous étaient lui et il était tous les autres.
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- Il y a trois sortes d'Allemands [...]. Les buveurs de schnaps en Prusse, les buveurs de vin en Rhénanie, les buveurs de bière en Bavière.
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[…] Le Reich offrait son visage le plus terrible dans le chaos des routes, bloquées par un flot gris de véhicules et de réfugiés faméliques, exténués et terrorisés par les cris de Der Iwan kommt !
[…] – Et où se trouve la ligne de front ? Gracq partit d’un rire de dément, ouvrant ses énormes bras pour englober toute cette scène sanglante. Ses yeux brillaient comme s’il était sous l’emprise de drogues.
– Partout, torerito, partout. On ne peut plus sortir de Berlin. Les Popofs ont complètement encerclé la ville. Berlin, c’est déjà Stalingrad, un Kessel, un chaudron gigantesque, ha, ha, ha…
[…] Tel que l’avait envisagé un général allemand, on pouvait se rendre désormais du front de l’Est à celui de l’Ouest en S-Bahn.
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Arturo esquissa un sourire. Il écarta sa main, toujours appuyée contre la porte.
- C'est dur, ces choses-là, tu sais ? avoua-t-il.
- Je sais, señor Andrade, mais il faut apprendre à abandonner.
- Abandonner, recommencer, sinon on ne pourrait pas grandir. Souffrir pour grandir, pour perdre l'innocence et devenir des êtres raisonnablement pervers, des hommes. Ca vaut la peine, toute cette douleur ?
- Je ne sais pas, mais il faut le faire.
- Tu as raison, il faut le faire.
- De toute façon, señor
Il hésita une seconde, mais se décida à parler :
-... l'amour, même quand on est seul à le ressentir, doit bien servir à quelque chose...
Arturo ne sut que répondre. Ils restèrent ainsi un moment.
Le corps ressentant le passage du temps.
Filtrant, tel du sable, à travers toute chose.
Se ruant sur l'aube.

p.327-328
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[C]e qui réveilla sa colère, ce ne fut pas leur misère, ni la malchance qui rampait autour de leurs personnes, pas plus que la faim qui les avait poussées à prendre des risques et à multiplier les larcins, ou ce long moment où elles étaient restées enterrées vivantes pour ne pas être emmenées dans un lieu plus terrible encore que la mort, mais l’absence, chez cette petite fille, de cette estime de soi infinie que possèdent les enfants, cette croyance primitive que le monde leur appartient, et avec lui, tout l’amour qu’il contient : cette conviction qu’ils ont le droit d’être aimés sans contrepartie. Parce que c’était bien cela, le plus grand crime de cette guerre infiniment criminelle : l’extirpation de l’innocence et, pis encore, la découverte de la mort autrement que par les rêves et les intuitions.
(p. 99)
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