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sur 994 notes
Obtenir un grand prix littéraire pendant le confinement était peut-être une chance. le Coeur synthétique, prix Médicis 2020, a fait beaucoup parler de lui. On a pu en connaître un peu l'histoire, elle promettait d'être croustillante. Adélaïde vient de divorcer après sept ans de vie commune, un choix assumé sous prétexte que son quotidien conjugal était devenu ennuyeux. La jubilation d'une liberté retrouvée s'effacera vite devant l'appréhension d'un célibat solitaire. Car Adélaïde ne conçoit pas de vivre sans être en couple avec un homme.

Hélas, ceux-ci sont rares. Les chiffres sont implacables, les femmes sont plus nombreuses. Rien qu'à Paris, elles sont plusieurs milliers à ne pas trouver de compagnon. Sur le marché de la rencontre amoureuse, la concurrence est rude. A quarante-six ans, Adélaïde ne se sent plus compétitive… Un simple problème de marketing ?

Ce serait comme au bureau ? Adélaïde est attachée de presse dans une maison d'édition. Là aussi, la concurrence est rude pour arracher un prix littéraire, seule façon de colmater les pertes sur un marché où il est plus rentable de publier de la chick-lit que de la poésie expérimentale.

Le problème d'Adélaïde est éminemment féminin. Autour d'elle, on est intellectuel.le, progressiste, bobo, féministe, et elle-même ne se voit pas autrement. Son problème est qu'elle aime les hommes et que ses velléités identitaires se heurtent à des aspirations sentimentales et romantiques de midinette fleur bleue. Une fleur bleue coupée et recoupée, qui craint d'être bientôt fanée et séchée, et qui part en quête désespérée d'un prince charmant introuvable.

L'auteure – j'ai du mal avec autrice – raconte sur un ton badin les pérégrinations d'Adélaïde, dans sa vie privée comme dans sa vie professionnelle, deux univers dans lequel tout ce qu'elle subit est pathétique et en même temps désopilant. Car il faut de l'humour pour supporter les contrariétés et y faire face. le roman n'est pas une autofiction, mais on imagine ce qui relie les deux femmes.

L'ouvrage ne se limite pas à une narration romanesque. La solitude, l'isolement, le repli sur soi sont mortifères. Pour y échapper en l'absence d'une vie en couple, Chloé Delaume suggère aux femmes la sororité, une « solidarité fraternelle » en petit groupe, conçue pour durer à la vie à la mort, cimentée au besoin par le partage d'un rituel secret plus ou moins métaphysique.

Chloé Delaume. C'est le nom sous lequel l'auteure de ce roman très agréable à lire a construit son identité de femme et d'artiste complète. Son écriture est superbe, tout en légèreté et en simplicité. Aucun artifice visible dans la construction ni dans le style. Les chapitres et les phrases semblent venir naturellement, comme lorsqu'on se raconte une histoire à soi-même. le ton est libre, juste, cru s'il le faut. Un rythme musical semble se dégager du phrasé, court, et je me suis pris à prononcer silencieusement ma lecture, comme quand on lit de la poésie. Virtuosité spontanée ou travaillée ?

Après mon sentiment de lecteur, je tiens à donner mon ressenti d'homme, et tant pis si je n'ai pas la légitimité pour, tant pis s'il s'agit d'une appropriation culturelle déplacée, car comme homme, je suis tout ce qu'il y a de plus détestable : blanc, pédégé, sexagénaire (et plus), hétéro, marié depuis quatre décennies et j'en passe…

J'ai lu le Coeur synthétique en voyeur, comme une chronique d'échecs féminins annoncés. Je me suis amusé des mésaventures d'Adélaïde… mais elles m'ont aussi attristé. On a beau être un homme, on peut faire preuve d'empathie. Et s'imaginer soi-même lâché tardivement sur le marché de la rencontre… Un dernier point, sur lequel je m'inscris en faux : de nos jours, les femmes ont la possibilité de rester jeunes et belles, compétitives donc, bien au-delà de quarante-six ans...

Et puis n'y a-t-il pas d'autre solution à l'ennui que la rupture ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Après sept ans de vie commune, Adélaïde se retrouve célibataire, la routine et le quotidien ont tué son couple. La voici à nouveau libre et elle est persuadée de pouvoir retrouver rapidement un compagnon. Mais elle découvre qu'à 46 ans, il est difficile pour une femme de refaire sa vie et va rapidement déchanter, traumatisée par l'angoisse de rester seule.
Chloé Delaume aborde le délicat sujet du vieillissement et les difficultés d'être une femme approchant 50 ans. Adélaïde est rongée par la peur de la solitude et de la vieillesse. Avec finesse, et toujours avec humour, l'héroïne, de plus en plus désabusée, est impliquée dans des situations souvent cocasses (rencontres ratées avec des hommes décevants, dragues foireuses, …) mais où elle se sent parfois humiliée. Serait-il donc interdit aux femmes de vieillir sous peine de devenir invisible ?

Le début m'a paru un peu long, un brin féministe, j'ai failli abandonner. Mais rapidement le récit est devenu plus dynamique, l'auteure prend le parti de la légèreté et de la dérision, s'adressant surtout aux femmes. Une comédie finalement attachante et grinçante, une sorte de Bridget Jones.
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Je n'ai pas aimé, du tout. le propos aurait pu être intéressant, mais la vision de l'auteur sur le célibat des femmes de plus quarante ans est assez extrême, et même carrément déprimant, sans compter l'accumulation de clichés. L'héroïne en devient pathétique et ses copines guère plus attachantes.
Et le style de l'auteur ne m'a pas convenu non plus. Çà ne "sonne" pas comme un roman. le texte au présent, les phrases courtes qui s'enchaînent rapidement, les prénoms qu'on nous répète sans arrêt comme s'il ne fallait pas qu'on perde le fil ; tout cela donne plutôt l'impression qu'un commentateur nous rapporte les faits.
Impossible donc de compatir aux déboires de l'héroïne et j'ai baclé la fin de ma lecture, pressée de passer à autre chose. J'ai du mal à comprendre comment un roman si caricatural a pu obtenir un prix...
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Adélaïde, 46 ans, décide de quitter son compagnon de longue date qu'elle n'aime plus. Amoureuse de l'amour, elle part rapidement à la recherche d'un nouveau compagnon. Mais, cette quête, à son âge, s'avère plus difficile que prévue... J'ai beaucoup aimé découvrir les péripéties et pensées de cette quadragénaire en manque d'amour (mais pas d'amies !). le propos est très lucide et la critique du monde l'édition très réussie (Adélaïde est attachée de presse chez un grand éditeur). Un roman drôle, touchant, lucide, amer (un peu). Une plume alerte, un excellent moment 😀
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Le coeur synthétique raconte l'histoire de femmes et plus particulièrement de la narratrice, Adélaïde, quadragénaire qui, suite à une rupture, se retrouve à chercher l'amour. Les hommes on ne les voit qu'à travers le prisme du regard féminin, c'est drôle et frôle parfois le pathétique.
Avec beaucoup d'empathie et de dérision, l'auteure nous conte l'histoire de son double, sa déprime et ses peines. Cette femme qui redoute la solitude et la vieillesse qui s'approche m'a touchée.
C'est une histoire qui semble légère mais qui pose un certain nombre de questions dont celle de l'indépendance sentimentale des femmes et du potentat des hommes.
« C'est l'histoire d'une fleur bleue coincée entre deux pages… C'est l'histoire d'une solitude qui se conjugue pour survivre » Au vu du nombre de femmes célibataires après un certain âge c'est l'histoire de nombres d'entre elles, une histoire bien ancrée dans le monde moderne et citadin, une histoire qui fait sourire ou grincer des dents.
Le style est fluide, les phrases sont incisives, elles savent aussi se faire poétiques.
Chloé Delaume a réussi un roman jubilatoire et doux-amer sans tomber dans la rancoeur et l'amertume.


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Adélaïde, fraichement divorcée de son mari se retrouve à 46 ans sur le marché des célibataires, avec une seule envie : retrouver très vite chaussure à son pied.

Hélas, elle va vite apprendre à ses dépens qu'une femme célibataire de plus de 40 ans a beaucoup de mal à trouver un homme qui lui plait que lorsqu'elle avait dix ou vingt ans de moins, malgré la frénésie de la vie parisienne.

La plupart des hommes présents sur le marché de l'amour semblent tous avoir des vices plus ou moins cachés : soit ils semblent bien plus interessés par des filles plus jeunes et affriolantes qu'Adelaïde, soit ils sont loin d'être fiables psychologiquement ou moralement..

Adelaïde, attachée de presse dans une grande maison d'édition parisienne, pourrait se consoler de ce triste constat en se focalisant sur sa vie professionnelle. Hélas, le tableau n'est pas très rose non plus avec un secteur de l'édition de plus en plus attaché au mercantilisme et aux apparences plutôt qu'à l'artistique et aux littéraires.

Heureusement que les copines, qui elles aussi, galèrent un peu sentimentalement parlant, sont présentes pour consoler Adelaïde de ce marasme ambiant...

Comment assumer son célibat à 45 ans et revendiquer d'être une femme libre et décomplexée tout en ne supportant pas la solitude et s'enflammer des que le moindre homme commence à nous parler? C'est tout le paradoxe auquel s'attache Chloé Delaume dans son nouveau roman, portrait acerbe et iroique de notre société actuelle où la technologie devrait nous permettre de faciliter les rencontres amoureuses alors que la réalité est tout autre.

Si Adelaïde, dans son coté parisienne un peu snobinarde aux idées bien arrétées sur les hommes et l'amour peut parfois agacer, elle reste touchante dans sa volonté farouche de trouver l'amour coute que coute.

La plume de Chloé Delaume, vive et constamment juste, est particulièrement convaincante lorsqu'elle insiste sur ce lien de sororité entre Adelaide et ses amies ou qu'elle dresse une peinture assez cruelle du monde de l'édition.

Le coeur synthétique n'est pas forcément le chef d'oeuvre de cette rentrée littéraire mais elle n'en demeure pas moins une lecture captivante et qui dit pas mal de choses sur les ambivalences de nos sociétés modernes.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Adélaïde a quitté son mari.
A 46 ans elle se retrouve seule et se cherche désespérément un nouveau mari.
Elle est agent de presse dans une maison d'édition.
Heureusement que dans sa détresse, elle est entourée d'amies sûres.
D'emblée, Adélaïde m'a été antipathique.
Egoïste, égocentrique, nombriliste, parisienne à l'extrême….
Féministe, je ne trouve pas qu'elle serve la cause des femmes.
Le monde de l'édition où elle travaille n'a rien d'enthousiasmant.
Il est décrit comme un véritable panier de crabes, chose que l'on n'ignore pas totalement d'ailleurs.
L'histoire donc ne m'a pas séduite.
Le style quant à lui n'est pas inintéressant. Il y a quelques belles tournures de phrases, mais qui manquent de naturel, font un peu plaquées, too much.
Bref, je ne suis pas séduite par ce roman auquel je n'aurais pas attribué le prix Médicis.
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Le prix Medicis a été créé en 1958 "pour un auteur débutant ou n'ayant pas la notoriété correspondant à son talent".
Ce doit être le second cas car c'est le 28ième ouvrage de l'auteur qui est ici récompensé.
Jusqu'à présent C.Delaume usait d'une écriture expérimentale, ce qui explique peut-être cela. Ce très court roman adapté si j'ose dire d'un essai paru il y a peu est effectivement clair, concis. Une femme "libre" de 46 ans mais à l'"épousite aigue" selon ses amies se retrouve seule, de son fait , et ne pense qu'à se recaser. Elle s'aperçoit très vite qu'elle a passé le délai de péremption, se console avec un chat et termine sa vie en compagnie des amies de toujours qui l'ont fidèlement accompagnée . le thème de la sororité est très important dans ce texte.
J'ai la vague impression que le Prix décerné cette année est le résultat d'un entre-soi qui ne se cache plus. L'idée du Médicis (assez pointu)que j'ai depuis des décennies en prend un coup quand même. Difficile de résister à la vague féministe et ses excès en ce moment .
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Adélaïde, 46 ans, vient de divorcer. Elle est attachée de presse dans une maison d'édition. Adélaïde est parisienne et citadine et elle hait la nature et le vert. Elle a quatre bonnes copines sur qui elle peut compter et un siamois C'est elle qui a choisi de se séparer car elle s'ennuyait. Mais elle souffre d'épousite aigue : elle ne supporte pas d'être seule et enchaîne les histoires dans lesquelles elle se projette avec un homme idéal. Et surtout à 46 ans, elle se rend compte avec horreur qu'elle est devenue transparente aux yeux des hommes, elle est carrément « périmée » sur le grand « marché de la rencontre ».

J'ai beaucoup baillé en commençant ce roman puis j'ai ri, vraiment de bon coeur, et je l'ai fini avec bien plus de conviction qu'au démarrage. Je l'ai lu en même temps que le dernier essai de Mona Chollet (Réinventer l'amour) et c'était un parfait timing car les sujets sont finalement assez proches :
L'image de la femme qui vieillit dans la société, le patriarcat, la recherche obsessionnelle de l'amour, la possibilité d'une sororité afin de s'extraire de la pression du « couple à tout prix », voilà les thèmes abordés par ce petit roman féministe.

Ils sont plutôt bien traités au final même si j'ai trouvé le trait trop appuyé au départ, notamment la description du monde de l'édition un peu caricatural (et un peu hors sujet). La deuxième partie est plus enlevée et beaucoup plus réussie à mon sens (la fête de Judith ou la rencontre avec Martin après la réunion des sorcières par exemple sont vraiment des moments poilants).

Je regrette un peu le format ultra court de ce roman et j'aurais aimé que les personnages des amies soient plus développés. Mais la plume alerte et ironique de cette auteure est vraiment plaisante.
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Pour moi la preuve que les prix littéraires ne se donnent pas à n'importe qui (Chloé Delaume a construit une oeuvre) mais à n'importe quoi.
Adélaïde, l'héroïne, est une femme qui n'aime pas les enfants et peine à trouver l'amour. Elle le substitue avec les ronronnements de son chat et les ondulations de son vibromasseur. Déçue par la gent masculine, elle se réfugie dans un régime au quinoa et une sororité apaisante et bien ordonnée. Ce n'est pas un roman, c'est la rubrique « love » d'un magazine qu'on a étirée en longueur. On y retrouve tous les clichés des femmes célibataires en situation dépressive.
Pour couronner le tout, Adélaïde est attachée de presse chez un éditeur sans vergogne. L'occasion, pour l'auteure, de nous servir ses frustrations et ses observations. Les premières n'ont aucun intérêt, les secondes peuvent être amusantes pour ceux qui aiment qu'on défonce le microcosme littéraire (« le prix de chlore », certains titres de romans inventés, des piques comme « son roman est mauvais mais ses amis sont nombreux »).
Au final, je ne comprends pas l'intérêt de ce livre dont le sujet, peu original, émerge page 192 : « Adélaïde Berthel, une femme comme un tas d'autres. Qui n'a pas besoin d'hommes pour se sentir exister ». Une complainte féministe de plus, donc.
Pour finir sur une note encourageante, je vous cite des tournures que j'ai aimées… mais le butin de cette lecture est maigre.
« C'est l'histoire d'une fleur bleue qu'on trempe dans l'acide ».
« Elle s'accroche à Paris parce que c'est le seul endroit où les gens marchent vite en étant bien habillés ».
« Les hommes disponibles sur le marché sont tous atteints d'un vice de forme ».
Bilan : 🔪
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