Citations sur Dickens, barbe à papa : Et autres nourritures délectables (30)
Savourer encore quarante pages de Mustang, c'est un meilleur rapport qualité-prix que pour tant d'œuvres littéraires qu'on se doit de lire sous peine de délabrement intellectuel. Aujourd'hui comme hier, c'est bon de mépriser la prescription.
La barbe à papa, ça ne se mange pas, d’abord. Ça se mordille dans la partie la plus rebondie, et le début n’est pas désagréable, quelques petits bouts de neige picorés. Mais bien vite, ça se gâte. Il faut attaquer le corps du délit, tenter d’arracher les lambeaux. Alors l’essence sucreuse et filandreuse se révèle, ça n’en finit pas de s’accrocher aux lèvres, aux joues, on se sent envahi. Le bâtonnet devient poisseux, on mange juste ce qu’il faut pour ne pas être ridicule. Puis on baisse la garde, on cache de son mieux le manchon adipeux au bout d’une main négligente – déjà on fomente l’espoir de s’en débarrasser -, et c’est de l’autre main qu’on salue l’enfant du manège. Au moins, les pommes d’amour, ça sent la pomme.
La barbe à papa, ça se vendait avec une espèce de générosité bizarre : il y en avait toujours trop.
C'est ainsi. On ne voit jamais sur son propre menu ce qui tente les autres? On ne voit jamais sur son propre menu une chose aussi tentante que celle qui tente les autres. [...] D'ailleurs, comment nier la concupiscence des regards obliques, quand on apporte aux tables voisines les plats que l'on n'a pas choisi ? [...] Car c'est l'envie des autres qu'on envie. (p. 60)
Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations.
C'est une assez bonne définition de la lecture, et la définition la plus subtile de l'appétit.
On dévore les livres, ou bien les livres vous dévorent.
C'est une drogue effrayante et douce, un séduisant voyage.
On est ensemble dans ce silence là, dans ce sang noir profond, quintessence sucrée de la tempête bleue. Vin chaud : c'est presque aussi bon que les mots.
Une habitude prise depuis sa plus petite enfance;
Il allait au bout parce qu'il était inconcevable de ne pas finir son assiette.
Une morale complexe l'exigeait, ses origines paysannes le contraignant à honorer toute abondance, fût-elle infligée.
La mie de ces miches paysannes que je trouvais bourrative et insipide à l'heure du repas prenait une légèreté presque neigeuse en se mariant avec d'infimes parties déchiquetées de la rondelle de saucisson.
Ce n'était pas parce que c'était bon qu'il fallait faire petit.
C'est parce qu'il fallait faire petit que c'était bon.
Le vrai musée des écrivains respire à ciel ouvert, dans tant de lieux qu'ils ignoraient mais qu'ils nous ont laissés.