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Citations sur Ma grand-mère avait les mêmes : Les dessous affriolants d.. (16)

On ne possède pas les autre. On ne détient jamais le secret des autres avec soi.
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Je dirais la même chose de mon boucher, qui a pris sa retraite, et que je croise quelquefois, étonnamment taciturne, lui qui savait distiller des petites phrases d’une sagesse liée au découpage de la bavette ou de l’entrecôte. Plus que la commande de ses clients, il maîtrisait alors le monde, entre le glaive et la balance.
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Même dans sa jovialité épicurienne, le bébé n’en pose pas moins une question métaphysique. Comment faut-il aimer en lui le temps qui passe ?
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ça va refroidir. Au fond c'est une réflexion sur le principe même de la cuisine.Des heures de préparation pour quelques minutes de dégustation.
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J'ai moins huit su'l'plateau

En achetant sa baguette, chacun y va de son petit commentaire sur le Général Hiver. Ça glisse dans la côte de la Ferrière; la mare aux saules est gelée...on s'accorde sur le moins quatre moins cinq, plutôt rare à la mi-novembre. Mais tout à coup, le débat prend un caractère nettement compétitif. La phrase a claqué net: "Moi j'ai moins huit, su'l'plateau."
Alors là chapeau. Respect. Un petit silence plane sur l'assistance. On n'entend plus que la voix de la boulangère, et quarante qui font cinq euros, merci. Bien sûr, moins huit ça paraît beaucoup, mais c'est su'l'plateau. Trois mots étroitement imbriqués que l'élision normande décline en un concept unique devant lequel il n'y a plus qu'à s'incliner. Il suffit de monter la côte du Neubourg, et c'est un autre monde. Là-haut, la vie est plus âpre, plus rude. Plus vraie peut-être. En tout cas moins calfeutrée que nos univers petits-bourgeois de la vallée. Comment avions-nous pu prétendre à de vraies sensations dans notre refuge alangui ?
Su'l'plateau, ce sont les hauts de hurlement. Si les habitants de cette terre sauvage viennent chercher leur campaillou au creux du bourg, ce n'est pas essentiellement par nécessité alimentaire, mais pour témoigner de cette intensité des forces naturelles auxquelles ils ont assez de tempérament pour résister.
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Alors, Nathalie, qu'est que vous allez faire aujourd'hui ?
On sent que l'homme de radio espère une réponse aérée, baladeuse, la perspective d'un bon bol d'air dominical. Mais au bout du fil on entend seulement :
- Des frites.
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C’est une de ces émissions radiophoniques où les auditeurs, savamment filtrés, sont censés exprimer la liberté de la voix du peuple. Dans le « D’abord, merci de prendre ma question », le « d’abord » est délicieux. Précaution oratoire ? En fait, la suite des évènements prouvera que l’on aurait pu le troquer facilement contre un « L’essentiel est que… »
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C'est du temps que je vous ai donné, le seul cadeau qui vaille.
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Celui qui dit " J'ai une contrainte" est le chassé,celui qui se fait désirer, mais entaille d'un coup de dent sournois le filet qui voudrait l'étouffer.
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V‘là l ‘bord d ‘la nuit qui vient.
Celle-là, c’est la marque d’une seule personne. Une belle personne. Madame Hermier était l’épicière. Elle est morte depuis quinze ans au moins. C’est elle qui régentait le quartier, avec, sous son apparence revêche, un sens de l’équité sans concession. Première rencontre un jour de panne d’électricité :
-Mon pauv’ monsieur, j’veux bien vous vendre trois bougies, mais pas la boîte. Il en faut pour tout le quartier.
Au fil des ans, elle était devenue une amie, venait à la maison partager la galette des rois, bavardait un peu, et disait tout à coup :
-J’vais renter. V’là l’bord d’la nuit qui vient.
Des mots entendus, des mots qu’elle inventait ? Peu importe. Les mots de Madame Hermier. J’aime les soirs précoces à cause d’elle, la sagesse solitaire de ses dimanches d’hiver. Rien ni personne ne l’attendait, mais il fallait rentrer avant la nuit. Peut-être une manière de ne pas vouloir nous importuner trop longtemps, de couper court à nos mais vous avez le temps. Comment la retenir, puisque le bord de la nuit venait ?
Le bord de la nuit. La nuit devient une matière, un tissu, les heures s’installent et nous mettent un manteau. Nos mouvements doivent suivre, s’envelopper dans cette amplitude du ciel, marcher à l’amble. Madame Hermier ne redoutait guère les deux cents mètres nocturnes de trottoir qui l’eussent ramenée chez elle sous les réverbères. Mais c’était aussi une politesse de suivre le rythme du jour. Jehan Rictus appelait le crépuscule « le furtif ». Voilà. Madame Hermier voulait rentrer à la lisière du furtif.
Plus tard, quand elle nous quitterait pour un plus long voyage, ce serait avec la même discrétion, le même souci de ne pas déranger, de se glisser dans l’ombre sans crainte et sans regret. Pas difficile pour elle en apparence de quitter le cercle des lampes basses, les flammes orange et bleues de la cheminée. Une jolie manière de dire adieu comme elle disait au revoir, à quoi bon proteste, il faut bien s’en aller, v ‘là l ‘bord d ‘la nuit qui vient.
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