C'était la dernière étape avant l'océan, le silence et le vent. Plus de téléphone portable, plus d'Internet, plus de réseaux sociaux, plus de femme, plus de famille, plus d'ami, plus rien que l'horizon infini, le bourdonnement de moteur la houle, les odeurs de graisse, de fuel et l'ennui.
Et puis je me suis miré dans le bleu hypnotisant de l'Atlantique. Regarder la mer pendant des heures est une activité mystique qui vous habille d'une robe de bure invisible. A la longue, l'océan se mue en écran sur lequel se projettent des images floues
J'aime travailler avec les photographes taiseux, ça m'apprend à fermer ma gueule et les instants forts des reportages ne sont pas gâchés par le bruit des mots.
Ma mère est un ouvre-boîte, un brise-glace. Au bout de cinq minutes, elle raconte à l'intellectuel en face de nous qu'elle est effectivement ma mère, qu'elle a trouvé quelqu'un pour garder ses chats et son chien, qu'elle a du mal à imaginer que le nourrisson dodu qu'elle portait voilà quelques années dans ses bras est aujourd'hui en mesure de mener des interviews [...] Le brise-glace fend la banquise de la conversation en quelques secondes.
Au cœur de l’Afghanistan subsiste une fragile zone de paix, la région de Bamiyan, un merveilleux pays peuplé par des gens aux yeux bridés et aux pommettes hautes. On les appelle les Hazaras.
Il ne salue personne. Ne mange jamais avec les autres. Ne vient jamais au mess, ne se mélange pas à l'équipage. [...] Il doit avoir ses raisons pour préserver son isolement. Tout le monde a ses raisons.
Heureusement, les femmes savent perturber les trajectoires rectilignes.
Tu vois, dans la vie, il faut accomplir ses rêves malgré tout ; il y a toujours une bonne raison de ne pas se lancer, il faut aller au-delà.
Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J'allais en être riche, ne plus courir après le nez rivé sur l'ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j'allais devenir un milliardaire du temps, plonger les mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J'allais me gaver d'heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer.
On ne devrait peut-être pas trop s’approcher des choses qu’on imagine. On devrait les laisser au loin, intactes.