Citations sur Le fruit mûr (17)
J’admire dans ses œuvres ce qui manque à tant d’autres, ce qui fera demeurer perpétuellement tant d’artistes dans les limbes de leur médiocrité : le rayon d’idéal, la vie profonde de l’âme transparaissant sur la toile, le marbre, ou dans les harmonies de la composition musicale.
Qu’il est bon de s’aimer ainsi, avec cette confiance, et sans sacrifier une parcelle de son devoir, de sa vertu ! C’est ainsi seulement que je comprends l’amour. Autrement, qu’est-ce donc ? Comment lui donner ce nom ?
Il y a des êtres qui savent jouir toujours, quand même. Peut-être ont-ils peu de cœur, ou pas du tout. Ils ne sentent pas comme nous, et la douleur passe sur eux comme l’eau sur les cailloux luisants d’un fond de rive : elle ne les pénètre jamais.
Ces belles femmes, que tout le monde admire, ne font que de mauvaises épouses.
L’amour, le vrai, celui que certaines âmes ne connaissent qu’une fois dans leur vie, vois-tu, c’est un sentiment très fort, qui vous prend tout le cœur, et qui dédaigne toutes les vanités mesquines, tous les faux amours-propres. Mais pour qu’il soit grand, pour qu’il ne nous abaisse pas, il faut toujours l’assujettir au joug du devoir, ma petite fille.
Ah ! ma pauvre enfant, l’amour est bien autre chose ! Un jour, tu le connaîtras, je pense. Il est comme un beau fruit qui mûrit à une heure de la vie, plus tôt, plus tard, selon chaque nature. Mais ne donne pas ce nom à toutes les passionnettes, à tous les attachements éphémères, ni même à ce qu’on appelle la grande passion, qui n’est trop souvent qu’une flamme destructrice, vite éteinte.
Il te plaisait de faire cette conquête d’un homme sérieux, froid, un peu autoritaire ; il te plaisait surtout de l’amener à renier tous ses principes, pour toi, pour ton petit cœur frivole et vaniteux. Et ce sont ces sentiments-là que tu décores du nom d’amour…
Quand l’homme satisfait sa passion aux dépens de la société, de la famille, de son pays, il s’abaisse au-dessous de certains êtres inférieurs qui, eux, reconnaissent une loi, se plient à des coutumes, à une discipline.
À notre insu, c’est souvent à des formules rebutées que nous devons les restes de notre vertu. Nous vivons d’une ombre, du parfum d’un vase vide .
Les arômes balsamiques montaient du jardin, descendaient de la montagne, s’amalgamaient en une senteur unique et fraîche que Tugdual aspirait lentement. Une joie profonde tressaillait en ce cœur d’homme, enivré par l’amour – son premier amour, si fort, si magnifique, ardent comme la vie.