Très beau livre, magnifique :)
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Sa taille était légèrement déjetée, la beauté de ses traits était flétrie ; mais les yeux noirs fort beaux, encore pleins de feu, animaient la pâleur mate du teint et de superbes cheveux bruns, souples et soyeux, coiffaient la tête fine, retombaient sur les oreilles et sur la nuque élégante.
Tout ce que peut contenir de mépris un regard humain se trouvait en celui qui suivait ainsi la comtesse de Varouze, parée, parfumée, toujours séduisante, reine et maîtresse en cette demeure où Luce de Francueil, la descendante d’une des plus nobles familles de France, tenait un rôle d’esclave...où cette femme, ces enfants inconnus, d’une distinction si rare, se voyaient traités en mendiants recueillis par charité, relégués dans la noire maison de Mahault, qui serait le tombeau de la jeune femme malade.
Elle avait de l’affection pour cette femme dont l’apparente froideur cachait peut-être un cœur déchiré, une âme brisée par quelque mystérieuse épreuve, pour cette femme qui, seule ici, avait été bonne pour elle et lui avait donné de solides leçons intellectuelles et morales.
Ah ! que voilà une chose triste, d’être toute seule au monde, sans personne pour vous conseiller, pour vous empêcher de faire des imprudences ! Car enfin, c’en est une, et une bien grande, ce qu’elle a fait là, cette chère innocente !
Elle l’aimait, sans le savoir encore… Et lui !… Ah ! ce cœur plein d’indifférence et de secret dédain, comme il s’ouvrait tout à coup aux chauds effluves de l’amour !