Une journée d'avant Noël qui semblait s'annoncer comme une autre dans ce supermarché bordelais sur le point d'ouvrir : des décorations partout, des scintillements, de la musique, cette effervescence propre à l'arrivée des fêtes, les rayons et les boutiques de la galerie marchande sur leur 31, les premiers bonjours aux collègues, les premières présentations aux lecteurs. Richard, responsable du magasin, et Chantal, directrice du salon d'esthétique de la galerie, achèvent comme chaque jour leur café matinal sans s'être avoué leurs sentiments et se dirigent vers leurs poste pour accueillir les premiers clients… lorsque soudain, des déflagrations sèment la panique, des cris partout, des gens séparés, à terre, courant, hurlant ; plusieurs silhouettes noires et cagoulées bouclent le magasin et parquent des otages. Les communications sont coupées. Black-out.
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Chantal est parvenue à faire entrer un groupe de gens dans sa boutique, alors que celle-ci semble encore fermée : la meilleure stratégie pour eux est de rester enfermés là, même si l'esprit de chacun d'eux va successivement à leurs proches, à leur travail, leurs amours, leur santé, leurs bonnes et mauvaises décisions, leurs regrets. La narration omnisciente balaye la scène, scanne les pensées et sentiments de chacun d'eux et nous les répercutent avec fluidité. Qui sont-ils ? Quelle vie triste ou bien remplie se cache derrière chaque inconnu dont nous croisons la route et que nous trouvons charmant ou désagréable ? Ces pensées nous permettront, comme aux personnages, de nous évader régulièrement de ce huis-clos qui serait sans cela oppressant. Dehors, le commandant du RAID dirige et coordonne les opérations. Seront-elles un succès ?
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J'ai passé un bon moment de détente avec ce livre. Ma formule peut sembler un peu osée au vu du thème, mais l'histoire est en réalité centrée sur la personnalité de chacun et ce qui l'a amené ici, plus que sur les actes des hommes en noirs ou même leurs revendications. Cette construction permet de nous évader, la plume de
Martine Delomme est simple et fluide ; les personnages ne sont pas ultra complexes et le lecteur n'est pas si stressé car l'action n'est, par conséquent, pas haletante : ce n'est pas un roman d'action mais bien un roman qui raconte des vies. En cela j'ai renoué avec un genre de roman que j'affectionnais particulièrement il y a encore quelques années. Seulement entre temps j'ai parcouru d'autres plumes, constructions et personnages parfois exigeants mais extrêmement originaux, haletants, bouleversants. Intenses. Je n'ai pas été bousculée ici, ce qui explique ma note qui peut sembler un peu tiède ; pour autant ce n'est pas une note-sanction, je n'ai pas de reproche particulier si ce n'est que j'aurais aimé plus de paragraphe personnels sur le commandant. Si vous avez envie d'un roman facile à lire avant ou après un plus gros ou plus complexe par exemple, c'est reposant. Ni trop profond ni pas assez, ni trop léger ni pas assez.