Base Arctica, dans la région de Thulé au Groenland. Nous sommes en janvier 2017, alors que la nuit polaire étend son voile sombre d'un bout à l'autre des journées. Une équipe de scientifiques a investi les lieux pour y conduire des recherches. Au cours d'une expédition, ils découvrent par hasard un cimetière de boeufs musqués figés dans le permafrost. Interloqués par cette funeste trouvaille, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, une spécialiste en la matière. le lendemain de son arrivée, a lieu la première disparition parmi les neuf membres du groupe. Et ce n'est qu'un début…
«
Boréal » est un thriller écrit par
Sonja Delzongle. Comme son titre l'indique, l'intrigue se déroule dans la région subarctique de l'hémisphère nord. Les paysages sont particulièrement bien décrits et l'atmosphère si particulière bien rendue, assombrie par la nuit permanente. L'auteur montre d'ailleurs les effets qu'elle produit sur le moral des scientifiques pour lesquels la vie en huis-clos n'arrange rien : « Ici, le silence est celui d'une nuit profonde, insondable, glaciale. Un silence qui s'insinue jusqu'aux confins de l'âme, qui sourd dans les veines, emplit les oreilles, un silence que l'on respire comme un air épais. le silence des glaces. »
La première partie, celle d'un temps en suspens, temps de l'attente et d'une peur qui croît, est d'une beauté poignante, les descriptions magnifiant l'intrigue qui se met progressivement en place. Et puis, assez brusquement – et cela était un peu prévisible connaissant l'auteur – on bascule dans une autre dimension, celle de l'horreur, avec des disparitions inopinées et des retrouvailles étranges au coeur d'un autre monde, celui d'une humanité dévoyée. le contraste est brutal et il devient alors difficile de rester captivé. Au fur et à mesure, le lecteur se dit que décidément personne ne sortira de la nuit polaire.
Malgré tout, cette plongée à la fois dans un Grand Nord hostile, froid et noir, et dans les coutumes des Inuits, reste passionnante, avec une intrigue bien menée qui relie ces univers au nôtre. On ressort glacé de ce thriller, trop heureux de pouvoir contempler la lumière du jour. On n'oubliera pas, pour autant, ce monde « immaculé, fissuré, cassé. Un grand silence blanc dans lequel il n'est qu'un grain de sable, une poussière. Tout ça enseveli dans les ténèbres polaires. »