Citations sur Le hameau des purs (27)
Notes du 25 juin 1989
Les maisons ont toutes brûlé en même temps. L’incendie a fait sept victimes parmi les Purs. Les pompiers sont arrivés trop tard. Sur le sol, ils ont découvert des résidus de matière inflammable. Son ampleur et sa soudaineté indiquent qu’il s’agit d’un incendie criminel. Il y avait eu une série de plaintes contre les membres de la communauté, une enquête avait été ouverte, avant que l’incendie ne ravage le hameau, la nuit du 21 juin dernier. Y a-t-il un lien entre les événements ?
Lui, il voulait autre chose. Les gens comme lui et moi veulent toujours autre chose. C’est aussi ce qui nous rapproche. Le manque. Un manque indéfinissable, qui ne semble pas avoir d’origine tangible. Un manque qui fait de nous les naufragés d’un vaisseau fantôme.
Le Gars. Son goût du sang, de la mort. Il portait ça en lui, se délectait de la chair encore chaude de sa proie. Attendre, flairer, traquer, tuer. La Crochue avait raison. Jamais il ne cesserait. J’en eus d’abord la sensation confuse, puis plus tard, la conviction. Il y aurait encore d’autres proies. Tout ce qui serait à sa portée, ce qu’il pourrait suivre, chasser, puis achever. Tout, sans exception.
Le gars. Son goût du sang, de la mort. Il portait ça en lui, se délectait de la chair encore chaude de sa proie. Attendre, flairer, traquer, tuer. La Crochue avait raison. Jamais il ne cesserait. J’en eu d’abord la sensation confuse, puis, plus tard, la conviction. Il y aurait encore d’autres proies. Tout ce qui serait à sa portée, ce qu’il pourrait suivre, chasser, puis achever. Tout, sans exception.
Depuis que j’avais appris qu’on pouvait mourir de rire, je ne riais plus
Malgré une certaine inexpérience, Audrey était taillée pour ce métier gouverné par l’inattendu. Elle s’y frayait peu à peu un chemin à la machette et avait pu, en quelques premières années difficiles, gagner le respect de ses confrères. C’était encore un monde d’hommes, malgré tout. Elle aimait par-dessus tout partir sur le terrain, parfois dans le chaos, la poussière, les accidents ou l’intimité d’un entretien et, la récolte faite, retourner écrire dans l’espace de son bureau ou d’une chambre d’hôtel. Après la griserie de la découverte, ce corps à corps solitaire avec les mots, ce défrichage des informations, des notes recueillies dans son carnet ou, lorsqu’il n’y avait plus de pages à noircir, griffonnées au dos d’un chéquier ou d’un paquet de cigarettes….
Audrey dut enjamber des poutres et divers débris de mobilier. Une fumée âcre se dégageait encore des restes carbonisés et piquait les yeux.
À contrecœur, elle sortit le Nikon de son étui et commença à prendre des photos de la scène. Plans larges, plans serrés des maisons calcinées. Évita les types de la police technique et scientifique vêtus de combinaisons bleues, en train de faire leurs prélèvements au coton-tige. Partout ailleurs, les gendarmes occupaient le terrain.
Elle avait tenté de faire comprendre à Josserand que l’idée de revenir traîner ici, même si c’était pour le travail, ne l’enchantait guère. Lui déplaisait fortement, même. Mais les arguments du rédacteur en chef du journal pour lequel elle travaillait depuis deux ans, qui savait toucher le point sensible d’Audrey, c’est-à-dire son ambition, avaient eu raison de cette appréhension.
Contrainte d’être matinale ce jour-là, Audrey venait d’arriver sur les lieux de l’incendie avec sa Clio rouge dans laquelle elle avait fourré à la hâte un sac de voyage, son appareil photo et son ordinateur portable enfermé dans sa housse. Il était près de six heures. Elle avait réservé un modeste hôtel au village, à cinq kilomètres du hameau. Elle n’avait pas eu de mal à retrouver la route et, de mauvaise humeur, avait bien vite coupé le sifflet à la pétasse du GPS.