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sur 403 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne connaissais pas Agnès Desarthe, je m'en vais lire tous ces livres! C'est un roman qui ne lâche pas l'artillerie lourde, pas de traumas, de drame fatal, c'est un roman comme une petite musique, qui entre en vous et qu'on ne peut plus quitter tant tout semble juste, vous renvoie à votre propre expérience, à vos propres sentiments. C'est intelligent, fin. Un récit qui par touche, délicatement, nous dit la vie d'une femme, et tout d'un coup, alors qu'on l'abordait avec légèreté, nous frappe par sa profondeur, le relief qu'elle a réussi à lui donner. La petite musique se transforme en symphonie. C'est juste sublime.
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Étienne, quatre ans, l'aime. Il faut dire qu'elle a les yeux si ronds… choquée par ce petit garçon qui se permet de couper le concert de Noël par cette déclaration, la narratrice lui offre sa première veste, tout en s'estimant fiancée désormais.
Agnès Desarthe nous embarque dans une vie, entre quatuors à cordes et rocks des années 80, entre couple rangé (pour elle) et vie de bohème (pour lui), l'éternel regret de se manquer, de s'éviter, de s'oublier et de se retrouver.
Malgré la dureté de certaines situations, la légèreté et le style de l'autrice nous font pénétrer au coeur de tout ce qui fait le sel d'une vie aussi riche que vide, en passant par toutes les couleurs d'un milieu parisien où coexistent artistes déchus devenus gigolos et cadres performants devenus musicologues. Avec cette tendresse particulière qui fait qu'on referme ce roman en ayant l'impression de prendre congé de proches.
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Un livre qui m'a emporté dans ce portrait d'une jeune enfant, jeune fille puis femme. Elle garde en mémoire un "éternel fiancé", croisé à l'âge de quatre ans et qui lui a déclaré son amour mais elle n'a pas répondu. Et elle va le regretter toute sa vie, remords, regrets, résignations...
Agnes Desarthe nous parle de la vie de la narratrice, de ses choix de vies, de ses non choix. Ce texte est jalonné de portraits de femme : sa mère, ses tantes, ses soeurs, les "amies" d'Etienne, ce fameux "fiancé éternel". Elle nous décrit des vies parallèles avec toutefois des instants de rencontres mais souvent des rencontres ratées ou minimales. Des rencontres avec des êtres sensibles, comme la belle compagne du chef d'orchestre qui est atteint de perte de mémoire et ne vit que "le first time", il ne vit que dans le présent immédiat, des personnages philosophes, comme ce bijoutier qui lui donne une belle leçon de vie sur le temps (montres), sur la beauté ("les bagues sont horribles"). de belles pages sur la musique, jouée en famille, avec ses soeurs et son père, en orchestre, avec l'orchestre de son collège ou seule.
Un texte sensible, tendre et on s'attache à cette femme et ses questionnements, et son éternel fiancé.
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Tout commence dans la salle des mariages. En rang par deux, les enfants de l'école maternelle se tiennent la main. Ils assistent à un concert de Noël. Un petit garçon aux cheveux de travers se retourne vers une petite fille aux yeux ronds et lui dit qu'il l'aime. Elle non. À cause de la beauté de la musique, à cause de la salle des mariages, elle songe qu'ils sont à présent fiancés. Ce garçon lui appartient pour toujours. Liés à jamais, au gré du temps qui s'écoule, ces deux là vont se croiser, se recroiser puis se croiser à nouveau sans pour autant se rencontrer. Symphonie d'un rendez-vous manqué qui sera jouée et rejouée durant toute la vie d'une femme.

L'éternel fiancé est l'incarnation du temps qui passe. Au gré de leurs rencontres toujours impromptues, Étienne et Elle grandissent, vieillissent, aiment, désaiment, goûtent au bonheur, éprouvent. La vie, tout simplement. Voilà, Agnès Desarthe aborde toutes les thématiques qui composent une vie. La famille, l'éducation, l'amour, le couple, le travail, l'amitié, la parentalité, la déchéance, le deuil. le tout aurait pu être d'une banalité ennuyeuse, mais il n'en n'est rien. Il faut bien reconnaître que la plume de l'auteure et la dimension poétique de la narration transforment l'ordinaire en extraordinaire. Il suffit de se remémorer la scène de la rencontre entre Étienne et Antonia, la naissance de Rita, le départ de la mère de la narratrice pour s'en rendre compte. le récit ponctué de touches tantôt mélancoliques, tantôt poétiques, m'a renvoyé à l'univers d'Amélie Poulain pour la narratrice et à celui de Forrest Gump pour Étienne.

L'éternel fiancé oscille entre conte et partition musicale. Il stimule notre imaginaire, combine harmonieusement les mots, les arpèges, les silences. Quant aux personnages, ils sont tous divinement incarnés, véritables chefs d'orchestre de leur vie. L'ensemble forme une mélodie à la fois légère et profonde qui m'a émerveillée. Un conseil, partez à la recherche du temps perdu avec L'éternel fiancé.

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Cela fait des années que j'entends parler d'Agnès Desarthe en bien et que je passe malgré tout à côté. J'ai enfin plongé dans son oeuvre avec son dernier roman encensé et j'en sors chamboulé. Avec une narration parfaite, un travail sur les personnages qui procure un attachement immédiat et des situations souvent émouvantes, parfois cocasses, toujours touchantes, L'éternel fiancé est véritable petite merveille qui me donne envie de découvrir encore mieux cette auteure.
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Quelle révélation !
C'est le premier livre d'Agnès Desarthe que je lis et ce n'est sûrement pas le dernier. Quel plaisir de suivre les trajectoires de nos deux héros qui se sont connus à l'école à l'âge de quatre ans !
Il lui dit qu'il l'aime parce qu'elle a les yeux ronds et elle lui répond qu'elle ne l'aime pas parce qu'il a les cheveux de travers. Mais un sortilège est jeté et leurs destins sont liés car ils se trouvent sous un lustre de cristal dans la salle des mariages pendant un concert de Noël.
Ils vont se croiser subrepticement à différents moments de leur vie, se raconter plus ou moins, et se manquer à chaque fois. Ils sont liés mais leurs histoires sont parallèles. Etienne, dont la vie est mouvementée et tragique, ne se souvient pas de son nom à elle.
La narratrice dont la vie est plus lisse, plus normée s'invente, au travers de ses rencontres avec Etienne, une vie différente, fantasmée.
A son contact, elle se dissout et se révèle en même temps.
Ce sont beaucoup de souvenirs d'enfance qui nous sont offerts par Agnès Desarthe avec une réflexion intense sur la mémoire et le temps qui passe, les aléas de la vie et les bifurcations inopinées.
Il y a sûrement des éléments autobiographiques dans les saisissants portraits des membres de la famille de la narratrice qu'Agnès Desarthe nous propose, et notamment une magnifique description de la mère qui quitte son mari après avoir passé sa vie à plier et ranger des sacs en plastique.
Omniprésente dans le roman, la musique évoquée comme une métaphore de sensations dans le temps et l'espace, rythme les accords et désaccords des personnages.
L'éternel fiancé est un très beau livre, plein de poésie et de petites touches humoristiques, qui aborde de grandes questions existentielles.
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Ça arrive une fois tous les cinq ans, tous les dix ans, parfois ça n'arrive jamais : l'impression d'être complètement en phase avec un texte, d'en saisir toutes les nuances, toutes les allusions, de se sentir absolument sur la même longueur d'onde, d'avoir fait soi-même l'expérience de ce qui est dit. Alors, un phénomène étrange a lieu, une espèce de stupéfaction teintée d'émerveillement, d'exultation et en même temps, l'émotion est telle que l'on achève la lecture à la fois empli des mots de l'autre et comme vidé de soi-même…
Singulière expérience que j'ai bien du mal à formuler en réalité...
Quoi qu'il en soit, on s'en trouve soudain réduit au silence. D'abord les mots ne viennent pas. C'est bien normal, on vient de les lire. Et l'on n'a plus qu'à se taire maintenant que tout est dit. Et puis, parler de l'oeuvre revient tellement à parler de soi que cela paraît presque impudique.
Que vais-je vous dire alors ? Par quoi commencer ? Où se cacher pour n'être pas trouvée, pas découverte, pas trahie ?
« L'éternel fiancé » commence par une déclaration d'amour : « Je t'aime parce que tu as les yeux ronds » avoue le petit Étienne à la narratrice enfant. Elle refuse ces mots. Qu'il se les garde ! Il est si laid, lui, avec ses cheveux de travers…
Et le temps passe. Les années collège, le lycée. Et Étienne que l'on recroise, qui est devenu très beau et qui a déclaré sa flamme à une autre. Étienne est pris. Pas son frère. Alors pourquoi pas son frère ? Il ressemble certainement un peu à Étienne, le frère… Peut-être pourra-t-on ainsi se rapprocher de celui qu'on a renoncé à ne plus aimer… Et la vie continue, le mariage, les enfants. Et un jour, tiens, bonjour Étienne, qu'est-ce que tu deviens ? Trente ans ont passé, on vacille, il parle, longtemps, on l'écoute raconter des choses terribles, extraordinaires et l'on se dit qu'elle est bien banale cette vie qui est la nôtre à côté de l'autre, la merveilleuse, la passionnante et folle de celui que l'on n'a jamais oublié. Que faire de mieux que de se projeter dans cette autre vie, s'absenter de soi, être double, se perdre encore un peu plus… Il y a des blancs ? Qu'à cela ne tienne… Comme une romancière, on va remplir les vides, les creux, inventer ce que l'on ne sait pas de l'autre, se créer un autre monde, une deuxième existence virtuelle, se projeter ailleurs, vivre par procuration. On y arrive bien, on est très forte dans ce domaine, c'est un peu notre spécialité de créer, d'imaginer.
« Je ne dis rien de la sensation de plus en plus présente d'avoir une double vie. Celle qui m'appartient et dans laquelle je me déplace sans joie, et l'autre dont je ne fais pas partie et qui, néanmoins, me passionne. Une vie à laquelle je ne peux rien retrancher ni ajouter, que je ne puis ni améliorer ni empirer, dont les personnages ne pensent rien de moi, dans laquelle il n'y a aucun enjeu ni aucun risque. Cette autre vie qui m'aspire et ne sera jamais ratée ni accomplie. »
Réflexion mélancolique sur le temps qui passe, sur ce qui a eu lieu ou pas, « L'éternel fiancé » m'apparaît aussi comme une métaphore de la littérature dans le sens où celle-ci, par le pouvoir des mots, de la fiction, permet d'accéder à des vies qui ne sont pas les nôtres, de les investir, de s'y voir vivre. Pourquoi se limiter à être soi quand on peut être un autre ?
« Être soi, quelle solution décevante, un résultat piteux, surtout lorsqu'on le compare à la beauté de l'équation que pose toute existence. »
La littérature pour aider à supporter…
La littérature, peut-être, pour trouver le courage…
« Le courage, me dis-je, le courage qu'il faut à chacun pour accomplir cette expérience brève et dénuée de signification, sans la possibilité de reprendre pour corriger, de faire mieux ou autrement. le courage qu'il faut pour supporter qu'il ne reste rien. »
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Tout commence dans ce roman dans une salle des mariages, affublée d'un énorme lustre. C'est là qu'à quatre ans, lors d'un concert de Noël, Etienne se retourne et déclare son amour à notre narratrice, quatre ans également : « parce que tu as les yeux ronds ». La petite fille lui réplique : « Je ne t'aime pas. Parce que tu as les cheveux de travers ». Cette première déclaration signe le sceau pour elle d'éternelles fiançailles avec ce garçon qu'elle aura l'occasion de croiser à plusieurs reprises dans sa vie. Lui l'aura aussi vite oubliée. C'est en effet, entre autres, de mémoire dont nous parle Agnès Desarthe dans son roman, de ce que l'on choisit d'oublier et de ce dont on se souvient. Mais il est aussi question du temps qui passe, et de cette fameuse roue qui ne tourne pas de la même manière pour tout le monde. J'ai été très impressionnée par la différence d'intérêt de chacun des protagonistes les uns envers les autres. Est-ce donc ainsi dans la vie ? Oui, certainement. Tandis qu'Etienne est une préoccupation récurrente pour la jeune femme, qu'elle sort même avec son frère dans l'espoir de le croiser. Etienne ne pense plus depuis longtemps à cette petite fille, dont les yeux étaient si ronds. Il tombe amoureux d'une autre, une qui va l'emporter dans un tourbillon, et décéder brutalement en donnant naissance à leur fille. C'est avec son élégance habituelle que Agnès Desarthe nous raconte dans son roman, la vie, avec ses injustices, ces rencontres qui ne se font pas, ces amours non partagées, ces choix que l'on fait et dont on regarde parfois les conséquences avec étonnement. J'y ai vu surtout, je crois, les marques fortes du temps qui passe… C'est un roman que j'ai beaucoup aimé mais que je n'ai pas pu dévorer, tant j'ai eu envie de rester dans l'histoire de ces deux protagonistes, avec l'envie sans doute de changer leur destin.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Dans ce roman pluriel qui m'a émerveillée il est question tout d'abord d'une histoire d'amour qui découle d'un irrattrapable « je ne t'aime pas».

« Comme en musique, elle reprend au début et, à partir de là, le lien se noue.
ll lui dit qu'il l'aime parce qu'elle a les yeux ronds, et elle lui répond : « Moi aussi, je t'aime, parce que tu as les cheveux de travers », et tout recommence. »

L'énigmatique Etienne appartiendra pour toujours à notre narratrice, deviendra son « éternel fiancé », celui qui, chaque fois qu'elle le recroisera, aura oublié.
Parce que cette chance que la musique accorde de recommencer pour perfectionner, amender, la vie ne l'octroie pas.

C'est ainsi, sur une tonalité mélancolique qu'Agnes Desarthe aborde la notion du temps perdu mais qu'on retrouve, de l'oubli, de la mémoire.

« Je suis au centre. A gauche mon passé, à droite mon avenir, et moi, au milieu, au présent, à l'invariable présent.
Ce temps que la musique ignore. »

« Je rebrousse chemin, je revois chaque bifurcation, les instants de choix, les moments irrémédiables. Je démêle mon existence comme une chevelure qui n'a jamais connu le peigne. Je méprise mon destin, et cela crée en moi une aigreur terrible.
Je réécris mon histoire à partir de souvenirs, de bribes d'existence avortées qui, au terme d'une hésitation, à la faveur d'un changement d'avis, n'ont pas fécondé l'avenir. »

L'héroïne aimera, lui aussi. Elle quittera, lui aussi. Mais elle restera impuissante et ne dévoilera pas ses émotions.
L'auteur compose la partition de la vie et s'interroge sur ce qu'on peut bien faire du présent, moment incarné par un chef-d'orchestre emprisonné dans son oubli et sa joie constante et donc dans l'impossibilité de construire un avenir parce qu'il n'a pas de souvenirs.

Elle nous fait passer d'un chapitre à l'autre en jouant avec le rythme : sur la pulsation de la vie, elle alterne les tempo du largo au prestissimo, joue avec les nuances, les silences.
Quelle magnifique composition !
Il n'est pas simple de raconter l'histoire d'une vie et Agnes Desarthes le fait avec Brio !!

Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Tout commence quand ce petit garçon d'une autre école qu'elle lui dit, lors d'un concert de Noël qu'il souhaite l'épouser et qu'il l'aime car elle a les yeux ronds...Et, elle,de lui répondre qu'elle ne l'aime pas car il a les cheveux de travers...
Depuis ses 4 ans, Étienne semble donc être le fil rouge de sa vie somme toute assez normale vivant par procuration les expériences tumultueuses de son éternel fiancé, se demandant incessamment si son existence aurait été différente si elle lui avait dit oui...
Une très belle histoire, des personnages attachants, une grande réflexion sur l'effet papillon, les choix que l'on doit faire à tout instant et leur impact...


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