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3,7

sur 308 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Précédemment édité par les Éditions Alto, « Méduse » de Martine Desjardins vient tout juste d'être republié chez L'Atalante qui présente l'ouvrage comme « un roman d'apprentissage, gothique et féministe ». Forcément ça m'intéresse. le texte est court (un peu plus de deux cent pages) et, si la lecture est intéressante, le sentiment qui prédomine une fois la dernière page refermée est celui d'étrangeté et de malaise. La première chose qui étonne lorsqu'on entame la lecture est que l'autrice ne nous fournit aucune indication précise quant au lieu et à l'époque auxquels se déroule l'intrigue. Cette absence de repères spatio-temporels instaure dès le départ une ambiance atypique, tout en paraissant revendiquer l'intemporalité du mythe de Méduse, cette fameuse figure issue de la mythologie grecque, changée en monstre par Athéna après avoir été violée par Poséidon et avec laquelle notre héroïne partagent bien des similitudes. L'histoire nous est en effet narrée par une jeune fille surnommée Méduse et qui, pour une raison que l'on ignore, est condamnée à ne croiser le regard de personne au sein de la demeure familiale. Son quotidien se résume à des heures passées recluse dans sa chambre et à de brèves sorties à l'extérieur lorsqu'une tempête incite les voisins à se calfeutrer chez eux. Ses parents comme ses soeurs ne lui manifestent aucune affection et expriment même ouvertement le dégoût qu'elle leur inspire, bien que ses yeux demeurassent toujours cachés ou baissés. Et puis, après un incident de trop, la simple présence de Méduse finit par leur être insupportable. le père prend alors la décision de la faire interner dans un institut isolé dédié aux filles atteintes de malformations physiques, aussi diverses soit elles. Un institut financé par de mystérieux « Bienfaiteurs » qui demandent fréquemment à rencontrer les pensionnaires pour des soirées privées, et autour duquel règne une aura malfaisante.

Le propos de l'autrice dans ce roman est intéressant, et le message féministe assez explicite. le récit permet de mettre en lumière les violences et l'invisibilisation forcée dont sont victimes de nombreuses jeunes filles, et ce grâce à un procédé narratif habilement utilisé. L'autrice se réapproprie en effet l'une des particularités du mythe de Méduse (le pouvoir pétrifiant de ses yeux) pour le placer au service de son message, et il faut avouer que le résultat est plutôt réussi. le roman se révèle toutefois franchement glauque, et l'ambiance malsaine qui entoure l'institut et le quotidien des pensionnaires rend parfois la lecture malaisante. Aussi, si aucune scène ne dépeint de façon explicite des violences sexuelles commises à l'encontre des mineures, le lecteur est lui même tenté de faire le rapprochement à partir du moment où l'héroïne commence à relater les soirées passées aux côtés des donateurs de l'institution. Soirées au cours desquelles les jeunes filles, droguées, se voient soumises à des jeux habituellement associés à l'innocence mais qui prennent ici des tours bien cruels. Autant de passages franchement dérangeants qui servent, certes, le propos du roman mais dont la lecture se révèle très inconfortable. Les personnages qui gravitent dans l'entourage de Méduse, qu'il s'agisse de la directrice de l'institut, des bienfaiteurs ou encore des membres de sa famille, sont pour la plupart tout aussi déstabilisants. L'héroïne ne possède en effet aucun véritable allié, tous éprouvant pour elle de la crainte ou une fascination malsaine qui les poussera à tenter de l'asservir. le seul personnage véritablement humain dans cette histoire est finalement Méduse elle-même, une jeune femme qui peut parfois heurter par le détachement ou la froideur dont elle fait preuve, mais à laquelle on ne peut s'empêcher de s'identifier.

Martine Desjardins signe avec « Méduse » un roman insolite dans lequel elle se réapproprie le mythe grec éponyme en en soulignant le potentiel féministe et émancipateur. L'ambiance qui imprègne le récit est quant elle très particulière et pourra mettre certain.e mal à l'aise dès lors qu'il implique des violences commises à l'égard d'enfants.
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Quand un auteur contemporain revisite un mythe de l'Antiquité à la sauce de notre époque, je suis immédiatement attirée. Et puis cette couverture, rien qu'elle, ne peut que vous donner envie, non ? Rendez- vous avec une Méduse étonnamment monstrueuse.

« Etendue à plat ventre sur le tapis, le nez enfoui entre les pages de l'encyclopédie, je me faisais une idée de ce monde qui m'était interdit. San me lasser, j'étudiais les visages dans les livres d'images et j'examinais les yeux d'autant plus voracement que mes propres Exécrabilités étaient à l'abri de leurs regards. » Petite fille, surnommée Méduse par ses soeurs moqueuses, elle passe sa vie dans les livres, cachant ses yeux que personne ne peut, ni ne veut voir. Comment expliquer cette différence ? L'auteure ne nous donne pas d'indice.

« de toutes les tares contre nature qui affectent mes Difformités, c'est sûrement la moindre ; pourtant, je n'ai pu me résoudre à te la divulguer. Je suis restée sans voix, le bec cloué par le marteau de mon embarras, le caquet rabaissé au niveau du sous- sol... et la minute de vérité a passé comme un ange aphone. » Méduse grandit et devient gênante. Son père la place dans un institut pour enfants difformes. L'adolescente raconte son expérience sur elle- même et sur les autres à un destinataire mystérieux, qui ne sera dévoilé qu'à la fin du roman.

« Comme tu vois, le rire du roi du rye m'était resté au fond du gorgoton - et je ne l'ai toujours pas digéré. » L'écriture de l'auteure est originale. Jeux de mots, de sons et champs lexicaux déclinés dans des registres soutenus feront le régal des littéraires !

Au final, une première partie qui m'a transportée ! Puis j'avoue que l'ennui a pointé son nez… J'ai fini le livre grâce aux tournures lexicales originales de l'auteure, mais l'histoire en elle- même avait perdu tout intérêt. J'ai même trouvé l'explication finale grotesque, voire inadaptée par rapport à certains événements narrés. A lire par curiosité.
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Quelle drôle de lecture que cette Méduse ! Sélectionné par l'équipe de ma librairie locale pour son café littéraire, j'ai été séduite par le titre de ce roman et sa jolie couverture.

Le rythme très rapide façon micro-chapitre a joué aussi : très facile à placer entre d'autres activités, bonne découpe qui rend l'intrigue agréable à suivre et la possibilité de respirer entre deux récits horribles. En effet, bien que le roman soit court, j'ai du prendre quelques pauses pour m'aérer l'esprit ou réfléchir sur ce que je venais de lire. Encore aujourd'hui, je ne sais pas dans quelle catégorie ranger ce livre : il est pour le moins surprenant ! Tantôt sublime, tantôt répugnant. J'imagine que ça rejoint l'idée de niveaux de lecture ciblée par d'autres critiques à juste titre.

L'un des aspects que j'ai préféré dans Méduse, c'est l'utilisation d'un vocabulaire soutenu et varié, usant et abusant de termes rares ou même de néologismes. Ce style qui peut paraitre un peu poussif ou "m'as-tu vu" fait écho aux voeux d'érudition et lecture du personnage principal, et je trouve ça très charmant. C'est presqu'uniquement derrière ses mots que l'ont peut s'approcher un peu de la demoiselle tant cette dernière est distante -à raison.

En revanche, je n'ai pas trouvé ce texte particulièrement féministe. Il l'est, mais pas assez pour mes goûts. de plus, l'intrigue avance

Enfin, je m'interrogeais longuement sur l'utilisation soutenu du champ lexical des relations sexuelles. Je suis comblée par la réponse apportée à cette question. Et, bon, le fait que tous les personnages masculins soient des têtes à claque, ça change un peu et ça fait sourire. Un sourire accompagné d'un peu de dégoût (pensée à toutes les femmes qui se sont reconnues derrière certaines phrases ou situations). C'est bien là la force de l'oeuvre : sous couvert d'histoire fantastique et "tirée par les cheveux", on est mis très mal à l'aise et les sentiments sont sollicités dans tous les sens. A titre personnel, j'ai redouté qu'on migre en parodie douteuse des 120 journées de Sodome (l'arc de l'institut n'a pas été sans me rappeler cette autre lecture), et j'ai été incroyablement soulagée que ça ne soit pas du tout le cas.

Je recommande cette lecture aux curieuses et curieux, et fanas de Méduse en règle générale. Beaucoup moins aux personnes sensibles qui pourraient être rebutées par certaines scènes ( ). Je pense que je le lirai une seconde fois, afin de mieux savourer les sous-entendus et chapitres maintenant que je connais la révélation finale. Bonne lecture à vous !
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🌿𝓐𝓿𝓲𝓼 EXPRESS🌿
Quelle lecture particulière ! Ce livre est dérangeant à souhait, brutal, onirique, intense, horrible, glauque, malaisant, et j'en passe. Pour autant, j'ai adoré la magnifique plume de l'autrice et les messages puissants qui sont transmis. J'ai moins aimé la fin (surtout la révélation, que j'ai trouvé légèrement ridicule) mais c'est un livre à lire, ne fût-ce que pour l'expérience de lecture.
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La réécriture du mythe était vraiment bien j'ai beaucoup aimé les divers lignes directrices du roman ainsi que l'évolution de Méduse au fil de la lecture.

J'ai énormément apprécié la dimension de ce personnage et l'histoire à type de nouvelle essentiellement axé sur elle et son point de vue, on ne quitte jamais le personnage principal. le rythme du récit est également bien et sans temps morts. L'ambiance gothique est également bien présente.

Par contre je n'ai pas été emballée par la plume de l'auteur que j'ai trouvé lourde. C'est certainement le style voulu de l'auteur et je comprends aisément que c'est ce qui a conquis le reste des lecteurs mais avec moi ça coince. J'ai parfois eu l'impression de lire quelque chose qui aurait été remanié et remaché ×10 par tchat gpt.

Le livre est l'allégorie lui même de la figure de style. Nous en retrouvons une succession incalculable casiment à chaque phrase qui étale des centaines de synonymes et de métaphores etc... Autant dire que parfois ça me sortait un peu par les yeux 😆. Ce qui est certainement une prouesse d'écriture indéniable ne m'a pas laissé le même sentiment à la lecture.
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La réécriture de ce mythe m'a laissé mitigé et un peu sur ma faim.
La vie de Méduse est tragique. Tout au long de l'histoire, le mal être profond de l'héroïne m'a touchée et les violences qu'elle subit m'ont révoltée. Les épreuves qu'elle surmonte vont l'aider à se découvrir elle-même et ses pouvoirs. J'aurai aimé que sa vengeance soit à la hauteur de ce qu'elle a vécu.

Méduse est un livre qui prend aux tripes, qui évolue dans un monde où les injustices et les violences sont omniprésentes. L'histoire s'essouffle au milieu et n'arrivera pas à reprendre le rythme du début. J'ai trouvé que l'auteure n'a pas pris le temps de conclure son histoire. Cela manquait d'émotions et de développement.

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Si vous pensez lire un livre mythologique, vous faites fausse route. C'est une réécriture ou la " mythologie " arrive sur le tard.
Je suis très mitigée sur cette lecture car ce roman m'a dérangé à plusieurs reprises, on comprends à travers la plume de l'auteur rapidement la perversité des hommes face à des jeunes filles qualifiés de " Monstrueuses " par la société. Plusieurs scènes bien qu'écrit sous forme de " jeux " faisaient, pour moi référence à des scènes de viols. Comme ce passage où Méduse s'interroge : " Avec le recul, je m'en veux de m'être prêtée si docilement à ces jeux dangereux avec des hommes sans indulgence, qui ne m'inspiraient aucune confiance et dont je ne pouvais espérer aucune affection." qui a plusieurs reprises fait face à du " Victime Blaming ".
Sans parler des scènes où les jeunes filles sont droguées pour satisfaire les plaisirs " de jeux " de ses messieurs.
Malgré tout ça, je trouve l'évolution de Meduse intéressante tout au long du roman, mais le peu de paragraphes où elle reprends le dessus sur son corps n'est pas assez impactant à côté de toutes les scènes d'horreurs que j'ai pu lire. Pour autant, le roman est très bien écrit, presque poétique. le nombre de mot utilisé pour qualifier les " yeux " est exceptionnel, ça a même enrichie mon vocabulaire. Les chapitres sont courts. le livre aussi d'ailleurs, ce qui fait une lecture plutôt rapide, et qu'on se le dise, la couverture est vraiment magnifique.

Mais je pense qu'un " Avertissement " aux lecteurs devraient être mis au début du livre, il est pour un public averti et à ne pas mettre entre toutes les mains.


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Beaucoup de gens ont adoré Méduse mais je dois avouer que la lecture m'a laissée perplexe.
Je dois d'abord souligner la plume de l'autrice qui possède une véritable personnalité ainsi qu'une poésie qui sert le texte. Les chapitres courts sont ainsi dynamisés par elle, c'est très appréciable.
Je dois aussi évoquer la thématique, la façon dont on se construit par le regard des autres, dont celui-ci peut nous influencer, la relativité de la beauté, tout cela est très bien mis en scène dans cette novella et ce sont des thèmes qui sont importants, surtout au sein de notre société.
Mais...
Je suis restée relativement extérieure au texte. Je l'ai parfois trouvé un peu long et j'ai rapidement compris où l'autrice voulait en venir donc la fin n'a pas apporté la moindre surprise pour moi hormis l'apparence des yeux de Méduse. C'est le genre d'ouvrage dont je vois l'intérêt littéraire mais qui ne parvient pas à me toucher ni à m'emballer parce que j'ai le sentiment que malgré sa bonne volonté, l'autrice ne va pas au bout des choses et c'est dommage. Elle se contente d'une jolie plume mais l'histoire reste très banale, en surface, elle manquait de sel. Un retour mitigé donc.
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Ce court roman se lit comme un conte. Un conte très sombre qui nous plonge dans des situations extrêmement incommodantes. L'autrice joue avec les mots et si le style peut paraître simpliste, accessible ; je pense qu'il ne faut pas mésestimer l'écriture et ses niveaux de lecture. Bien que je pense avoir compris les fondements de l'ouvrage, je n'ai pas été « retourné » par sa lecture. Ce ne sera sans doute pas le cas pour tout le monde.
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Il y a pas mal de choses à dire sur ce roman. Tout d'abord, je dirais qu'il est dérangeant. Je comprends qu'on l'aime mais l'aspect lubrique dans ce contexte n'est pas vraiment passé avec moi..
La plume m'a vraiment plu, il y a un très beau travail d'écriture mais je crois que cela m'a éloigné des personnages auxquels je ne me suis pas attachée.
De même pour l'ambiance gothique du début que j'ai aimé mais qui a laissé place à une deuxième moitié de l'histoire assez différente et une fin que je n'ai pas tout à fait comprise (et dont je n'avais pas envie de faire l'effort de comprendre).
Du bon et du "mauvais" qui me laissent un avis assez moyen...
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