_ Si tu veux, je peux t’apprendre quelques tours. Pour commencer, je peux t’enseigner celui de l’ombre bleue. A moins que tu n’aies une meilleure idée.
_ Justement, j’ai une idée. Voilà ce que je voulais te demander…
_ Pas question de revenir dans le passé, ni d’autres blagues de ce type. Nous sommes des sorcières, pas des écrivains de science-fiction. D’accord ?
Les sorcières ne peuvent passer leur pouvoir qu’à l’aînée de leurs filles. Voilà pourquoi la plupart d’entre nous se contentent de donner le jour à une seule gamine. C’est bien assez de souci. Franchement, quand on n’aime pas beaucoup les enfants, pourquoi s’encombrer de toute une tripotée de braillards sans le moindre avenir dans la profession ?
On n'est jamais si bien trahi que par sa famille.
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Elle aurait pu faire l'effort de m'appeler Violette.Mais non, il a fallu qu'elle choisisse Verte.Quelquefois j'ai envie de l'attaquer en justice.
- Ne te moque pas trop de ta mère. Tu lui ressembles forcément un peu, quoi que tu en penses. Elle t'a transmis ses dons à la naissance. Même si elle t'avait abandonnée, même si elle ne s'était jamais occupée de toi, tu deviendrais quand même une sorcière. C'est comme ça. C'est la nature.
- Je suis contre la nature, a dit Verte.
J'envie les familles normales, un père, une mère et deux ou trois enfants auxquels on ne demande rien de plus que d'être serviables à la maison et polis à l'école.
Parmi toutes les espèces, il en existe une pourtant qui n'a pas le droit de se plaindre. Une seule. L'espèce des mères. A la rigueur, elles peuvent se mettre en colère. Mais pas gémir, c'est mal vu. Pourquoi? Parce que grâce à leurs enfants, les mères baignent dans un océan de bonheur. C'est connu.
Les sorcières ne peuvent passer leur pouvoir qu'à l'aînée de leurs filles. Voilà pourquoi la plupart d'entre nous se contentent de donner le jour à une seule gamine. C'est bien assez de souci. Franchement, quand on n'aime pas beaucoup les enfants, pourquoi s'encombrer de toute une tripotée de braillards sans le moindre avenir dans la profession.
Et ma petite Verte cesserait de s'intéresser aux morveux de sa classe, elle renoncerait à me poser des questions sur son père. Elle deviendrait enfin la bonne petite sorcière que j'espérais de tous mes vœux.
J'avais atteint l'âge de savoir qu'on ne peut faire confiance à personne. On n'est jamais si bien trahi que par sa famille.