Un petit livre assez merveilleux - un ton qui ensoleille sans masquer.
La voix de Martin, le petit dealer armé de la franchise, du pragmatisme, de la générosité de sa mère, Martin et son regard sans illusion et fraternel, son regard sur les voisins, tous, uniques, les clodos,les estropiés, les charlatans, les mémères à chats.... eux tous qui affrontent la vie pas facile, Martin qui ne s'interdit pas la colère mais qui sait que l'important est de rire, de se débrouiller, de s'aider.
Martin qui pense poésie, sens à trouver, et surtout responsabilité, qui aime.
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Je vis parmi mes semblables — les clodos, les estropiés, les charlatans, les mémères à chats, Toni qui s’ennuie tellement qu’il appelle la police quatre-vingt-dix fois par jour pour tailler une bavette ; Michel, qui imite les singes, il a un corps de singe, l’énergie d’un singe, il m’a complètement fasciné ; Gertie qui a plus de permis pour une bête histoire de feu rouge, alors elle a rempli sa voiture de terre et elle l’a transformée en pot de fleurs ; Legazpi qui détient le record du rot le plus long ; Malik qui m’envoie chaque semaine acheter du bicarbonate pour cuisiner sa cocaïne devant un match de foot ; Jérémie qui a parcouru deux cent mille kilomètres sur son vélo d’appartement, cent bornes par jour depuis seize ans, cinq fois le tour de la Terre sans rien voir d’autre que son papier peint, et on va fêter ça dignement, parce que ce soir on monte tous chez lui, il y aura sa copine, énorme, d’une addiction à la mayonnaise, et leur chat, debout sur une guitare, qui grattera doucement les cordes ; l’instituteur et sa chienne kleptomane, qui piquait nos gommes sur les pupitres....
C’est bête de parler des saints. Il vaut mieux parler des vampires ou des dinosaures, là au moins les gens te comprennent. Colette reste allongée à côté de moi et on regarde le ciel ensemble. Ça me démange quand même de tout lui dire sur Martin, le vrai, le saint, le soldat. Que je suis là pour les aider, plus ou moins missionné par Martin. Non, je peux quand même pas lui dire ça. Mais j’espère qu’elle devinera, d’une manière ou d’une autre, que je suis pas comme tout le monde. Seulement ça en prend pas le chemin, elle continue à me demander ce qui me tracasse et moi je secoue la tête d’un air agacé : « Laissez tomber, je peux pas vous le dire".
J’ai découvert que laver les vitres est une autre façon d’être, comme acteur ou prêtre.Il peut aussi m’arriver de détester être debout sur un appui de fenêtre : intérieurement je rêve d’être à la maison à manger des spaghettis avec de l’emmental râpé. Plutôt que faire des vitres, j’aurais parfois envie de regarder la télé, mais le repos me plonge dans des états d’anxiété parce que parfois j’ai trop peur de voyager dans ma tête. Penser peut vraiment te jeter en enfer.
J’oublierai jamais comme il a dû s’ennuyer, mon père, quand on allait à la foire, parce qu’en ce temps-là les manèges me faisaient peur, le train fantôme me faisait peur, les montagnes russes me faisaient peur, je lui donnais la main tout le temps, je m’agrippais à lui, et j’ai honte d’avoir été aussi minable. Aucun sens des réalités.
Cinquante ballons blancs qui s’envolent du toit, presque ensemble, c’est un sacré beau vol de colombes, et je me dis que ce soir il doit être sacrément content de moi, le grand Martin, c’est pas possible autrement.
La bibliothérapie à pleine voix : les livres soignent et transforment !
Lire pour soi, lire pour l'autre. Après **Les livres prennent soin de nous** paru en 2015, Régine Detambel revient avec un ouvrage de bibliothérapie créative qui recense quelques-unes de ses sources théoriques et les grandes lignes de sa pratique.
**Lire pour relier. La bibliothérapie à pleine voix**, un essai de Régine Detambel en librairie le 6 septembre 2023.