Avril 1818.
- Alors ? Comment fut la Normandie ?
- Reposante
- La province, quoi…
- J’y ai trouvé ce que je cherchais : du souffle, de la lumière et de l’horizon.
Notre époque est hypocrite. On abolit la traite mais pas l'esclavage.
D'une manière ou d'une autre je veux que mon tableau évoque tout cela.
Vous n’avez été qu’humain dans une situation qui ne l’était pas. Et c’est cela que je veux peindre. Vous êtes un survivant de cette tragédie… mais en aucun cas il ne s’agit d’une forme de victoire.
L'énergie n'est rien sans la maîtrise.
- Monsieur a les oreilles bien sensibles.
- Et Monsieur la langue bien pendue...
Je vois qu'en plus, il porte la violette en boutonnière, comme tout bon perturbateur bonapartiste...
- Je suis surpris de voir que le roi et ses valets s'intéressent de si près à la botanique.
Qu'ils prennent garde.
A trop se pencher vers la terre...
on se risque à exposer son derrière.
Les monstres n'ont pas de remords. Vous avez été qu'humain dans une situation qui ne l'était pas. Et c'est cela que je veux peindre.
- Je veux essayer de représenter votre histoire au plus vrai.
- Je ne suis pas sûr d'en voir l'intérêt ! J'en ai déjà assez dit dans mes témoignages et rapports.
-Mais Justement ! Il s'agira moins de dire que de faire ressentir par la peinture et la composition.
-Et ressentir quoi ? La détresse ? La violence ?
-Vos souffrances
(Géricault et Savigny, p.108)
Vous n’avez été qu'humain dans une situation qui ne l’était pas. Et c’est cela que je veux peindre. Vous êtes un survivant de cette tragédie... Mais en aucun cas il ne s’agit d’une forme de victoire. Sur ce radeau... je ne vois que des vaincus.
Le pardon n'existe plu soldat ! Seule subsiste la peine !
Après tout, le futur reste la plus belle des promesses.