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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout est vrai dans cette histoire incroyable et profondément choquante . Les recherches d'une journaliste, (l'auteure) sur sa propre famille originaire de Roumanie constituent le récit.
Son étonnement naît du silence de ses grands parents à une époque tourmentée. Ils l'auraient vécue sans en faire la relation à leurs descendants, sans toujours en voir les tenants et aboutissants, croyant - ou feignant de croire, que « tout irait bien ». Inconscience ou aveuglement volontaire ?
Voila qui nous interroge nous- mêmes sur ce que nous vivons de l'Histoire, englués dans notre quotidien.
L'histoire de la Roumanie sous la férule fasciste puis sous le régime communiste ne manque pas de surprendre : pratiques similaires, opaques et cyniques. envers des citoyens juifs vulnérables et qui se croient à tort « à l'abri », pour de multiples raisons.
Dès le début nous savons de quel trafic ils seront victimes, mais la clarté du récit nous fait vivre à quel point et comment ils seront finalement abusés.
En témoignent des pièces authentiques citées dans le texte et une bibliographie en fin d'ouvrage. La lucidité de l'analyse de Sonia Devilllers nous fait admirer son enquête. On se pose la question : à quel point sommes-nous conscients de ce que nous vivons et de ce qui nous attend ?.
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Sonia Devillers, voix bien connue de la matinale de France Inter, partage avec nous l'histoire de sa famille maternelle roumaine et de confession juive. « Ils n'ont pas fui, on les a laissés partir. Ils ont payé pour cela une fortune. Des papiers leur ont été accordés, puis retirés, puis finalement accordés. Ils ne voulaient pas quitter leur pays. Ils ne voulaient pas, mais ils n'avaient plus le choix. » Nous sommes en 1961 en pleine guerre froide. La Roumanie fait partie du bloc de l'Est et ses frontières sont hermétiquement fermées.
Si Sonia Devillers connaît l'origine géographique de sa famille, elle ignore les circonstances de leur arrivée sur le sol français parce que cette dernière n'en parle pas. Sa mère, alors âgée de 14 ans, en a été tellement meurtrie que toute évocation lui arrache des larmes. Et c'est grâce à un historien, Radu Ionid, qu'elle découvrira que ses grands-parents, sa mère, sa tante et son arrière-grand-mère « ont été mis à prix et monnayés contre des bestiaux, « des bêtes à haut rendement » J'ai découvert ce pan de l'histoire de la Roumanie à travers ce récit. Triste réalité dévoilée lorsque les archives de la Securitate ont été rendues publiques.
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Exceptionnellement un texte un peu plus long que d'habitude…mais faire court me semblait impossible

Livre émouvant, fort, violent, pudique dans lequel la petite fille de Gabriela et Harry Greenberg, Sonia Devilliers, tente de comprendre comment, dans la Roumanie des années 1940 puis 1960, être juif fut synonyme de risque d'extermination puis de troc contre du bétail.

Certes ces grands parents d'une dignité extrême refuseront toujours de parler de « pogrom », ce qui n'est pas inexact d'un point de vue historique pour la Roumanie.
Mais il n'en reste pas moins que durant des années le pouvoir du Maréchal Antonescu a voulu massacrer ses juifs, que la Roumanie a prêté allégeance à la grande Allemagne et que barbarie, humiliations et massacres se sont enchaînés.


Pourquoi n'avons nous pas en tête tout ce pan de l'histoire me direz vous?
Peut être parce qu'en 1944 Antonescu est renversé et la Roumanie passera les 9 derniers mois du conflit aux côtés des alliés inscrivant le pays dans le vaste mouvement de reconnaissance européenne…..
Peut être parce qu'avec le
coup d'état des communistes en 1947 et la prise de contrôle du récit national, la Roumanie c'est racontée comme l'ennemi déclaré des fascistes (cynisme d'un Grand effacement…)

Mais ce premier épisode anti juifs n'a pas été le seul puisque à la fin des années 50 et au début des années 60 commença une politique ignominieuse de troc d'êtres humains, les juifs de Roumanie contre du bétail et notamment des porcs pour renflouer les caisses du régime communiste.

Voici les deux visages de la Roumanie que la journaliste romancière nous dévoile dans un livre que l'on ne peut qu'encourager les jeunes et moins jeunes à lire (même si la deuxième partie comporte quelques longueurs)
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Un peu surprise de cet ouvrage que je pensais être un roman, je me suis vite prise au jeu de ce témoignage. Évidemment et très certainement comme beaucoup de citoyens lambda, je n'étais absolument pas au fait de cette histoire roumaine. Encore une extermination de juifs de plus, brutale avant-guerre et beaucoup plus pragmatique après-guerre. Échanger des Juifs contre des porcs, des moutons … et du matériel agricole. Il fallait y penser, c'est totalement dingue, ce serait presque drôle si ce n'était abject. Au moins ils n'ont pas été tués, c'est déjà une maigre consolation. La documentation est sérieuse, on voit que l'autrice maîtrise parfaitement le sujet. Pendant cette lecture, j'ai pensé à Daniel Mendelsohn avec « Les Disparus » et termine ce billet en me disant que l'humain est vraiment terrifiant et qu'il est bien difficile de croire en la bienveillance.
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Histoire improbable et pourtant vraie. Histoire vécue par des milliers de Roumains il y a presque hier et pourtant toujours mal connue !
Journaliste à France inter, Sonia Devilliers s'attache à élucider les dessous des tractations qui ont permit le passage à l'ouest de milliers de Juifs roumains sous l'ère Ceausescu. En dépouillant des archives enfin ouvertes et en collectant de nombreux témoignages, elle met en lumière l'aspect particulièrement sordide de la négociation. Les familles juives rejoindront l'Occident qu'en échange d'animaux de ferme ou d'outils-machine agricoles. Oui, oui, on a bien lu, dans les années 1960, on troque toujours des humains contre des animaux et des machines.
En creux de cette enquête inédite en France, Sonia Devillers démontre d'une plume sobre combien le silence dans les familles se transforment les secrets en traumas. Lecture essentielle.
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Il semble que plus rien ne nous soit inconnu quant à la cupidité et l'avidité de l'homme, pourtant il peut s'avérer encore surprenant d'imagination quand il s'agit de faire profit.
Vendre ses juifs était une option non négligeable pour renflouer les caisses roumaines et puisque personne n'a voulu y croire, autant en faire commerce en les échangeant contre du bétail et notamment de bonne race de cochon.
L'autrice enquête sur cette histoire intime de sa famille, implicitement liée à l'histoire d'un pays qui n'a pas attendu les nazis pour s'en prendre aux juifs.
Ce n'est pas un énième livre sur une enfant d'immigrée, mais bien celui du manque d'une partie de soi quand on ne sait pas quelle est la pièce manquante du puzzle.
Mêlant finement enquête et introspection, c'est au final le livre d'une quête, celle d'une famille meurtrie qui a préféré enfouir cette mémoire pour avancer dans ce nouveau pays tant idéalisé.
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A l'instar des enfants de la 3ème génération, Sonia Devillers a éprouvé la nécessité de sortir de l'ombre la vie passée, non verbalisée de ses aïeux et grands parents juifs, venus de Roumanie car exilés ou « exportés » en 1961 à Paris. Son travail de recherche est extrêmement bien documenté. Il balaye un demi-siècle, de 1930 à la chute de l'Union Soviétique en 1991. Fin 1930, la Roumanie habitait environ 750 000 juifs ; en 1989, après l'épuration de la droite fascisante de l'Etat Roumain, allié à Hitler, puis du commerce contre machines agricoles et différents animaux de reproduction dont des cochons de renommée « Landrace » Danois, instauré par le régime communiste, la population de juifs recensée est de 10 000 membres. le parcours de ses grands-parents est édifiant dans ce pays où la population a été prise en étau durant ce demi-siècle par des régimes dictatoriaux aux idéologies opposées mais identiques dans la méthode de répression de ses habitants. Toujours profil bas pour les juifs. Période très incertaine pour la famille jusqu'à l'issue de la guerre. Alors, pour effacer leur judéité, ils roumaniseront leur nom : de Greenberg, deviendront Deleanu, épouseront le régime communiste par conviction, et rapidement, accèderont à des postes à responsabilité au sein du parti. Mais le vent tourne. La suspicion et les dénonciations sont comme le fondement du fonctionnement de l'appareil politique. Ils en seront exclus , sans travail.
Grâce à l'aide d'un passeur anglais, ils viendront à Paris, sans avoir jamais su que leur liberté contre dollars a servi le commerce de réorganisation agricole du pays. Des juifs contre des cochons, des agneaux, des poulets et des machines agricoles. Dans un chapitre, elle fait référence à Schindler, mais la comparaison s'arrête là où le mercantilisme prend place.
Quand les archives s'ouvrent, le nauséabond peut asphyxier. Attention danger !
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RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚

Ce récit est une plongée historique dans la Roumanie de l'après-guerre. Harry et Gabriela, les grands-parents de Sonia étaient membres haut placés du parti communiste roumain. Leur seul « tare » : être juifs, même s'ils sont juifs non observant. Lorsqu'ils sont évincés du parti, ils n'ont plus rien, et pas d'autre choix que fuir. Pour tenter de quitter la Roumanie, ils font confiance à Henry Jacober, un passeur juif anglais, spécialisé dans l'import-export. Grâce à lui, ils réussiront à franchir le Rideau de fer et à gagner Paris. A quel prix ? Cela, ils ne le sauront jamais. C'est Sonia qui, au cours de ses recherches, va découvrir l'innommable : pour renflouer les caisses du régime, la Roumanie, exsangue, a fait le choix de vendre ses juifs contre du bétail, ou du matériel agricole, de manière « artisanale » dès la fin des années soixante, puis contre des dollars, de façon bien plus organisée, sous le règne de Ceaucescu, et ce pendant plusieurs dizaines d'années.

« A chaque liste de noms, il ferait correspondre des lots de bestiaux. Les camarades les plus difficiles à négocier seraient échangés contre des cheptels plus onéreux ou alors contre de plus gros troupeaux. »

Une histoire qui fait froid dans le dos. Les chiffres témoignent et sont effroyables : 750 000 juifs roumains avant-guerre, exterminés, déportés, exportés, vendus, seuls 10 000 vivaient encore en Roumanie lors de la chute du communisme.

Le fil rouge de ce roman est l'indifférence. Sonia va tenter de découvrir ce qui se cache derrière cette indifférence. Car ses grands-parents n'ont jamais raconté dans le détail ce qu'ils ont vécu en Roumanie. le pire a toujours été caché, les rafles, la déportation possible, les pogroms. Pas de mensonges, mais l'éviction de l'horreur. Tout est dénué d'affect. Gabriela raconte la culture roumaine, les expositions, les livres, les paillettes, les vacances à la montagne, l'opulence. Elle cache le fait que les juifs sont harcelés, emprisonnés, que la Transnistrie est devenue le dépotoir ethnique de la Roumanie communiste.

« J'ai entendu parler un peu, enfant, de la Garde de fer, de sa révolte, de la rafle de mon grand-père. Mais les mots étaient lisses. Les mots étaient vides. Les mots étaient prononcés d'un ton détaché. Ils plantaient le décor sans aucune émotion. Une anecdote de plus. Sans plus. Mes grands-parents ont tout vécu, presque tout dit, mais c'est comme s'ils n'avaient rien senti. »

Sonia nous propose une immersion en plein coeur de l'antisémitisme roumain. A travers la vie de sa famille, le récit de Sonia est une réflexion émouvante sur la mémoire, la transmission et l'Histoire. Elle explique comment la Shoah a été totalement occultée, effacée, en Roumanie. Elle remonte le fil jusqu'à l'origine de ce drame humain, sans se laisser submerger par l'émotion, ce qui est loin d'être le cas du point de vue du lecteur.

Personnellement, j'ai lu ce livre avec un poids sur le coeur et l'âme. Sonia utilise le « Je », considérant à juste titre, que c'est son histoire, et cela rajoute une dimension émotionnelle exceptionnelle au texte. Je connaissais les grandes lignes de ce « troc », mais j'ignorais quantité de détails. C'est une histoire totalement vertigineuse du point de vue moral, à plusieurs reprises j'ai posé le livre, j'ai réfléchi à tout cela et je me suis dit « C'est insensé ». le régime roumain a été pris dans un engrenage où il a perdu toute forme de valeur, de jugement et de rationalité.

La plume de Sonia est délicate, riche et sensible. Elle n'écrit pas « Les exportés » d'un point de vue journalistique, elle ne se laisse pas déborder par son métier. Et elle réussit, malgré le tragique du procédé, à sortir le côté comique et absurde de la chose. Les chapitres sont courts, « Les exportés » se lit bien, trop bien. C'est un témoignage essentiel sur un pan de notre histoire. Un génocide qui n'est pas suffisamment développé dans les livres d'histoires. Henry Jacober est loin d'être un Oskar Schindler, il s'est enrichi sur le dos des juifs, ce n'est pas à nier, mais beaucoup de familles ont réussi à quitter la Roumanie pour une vie meilleure, grâce à lui. Son marché était inhumain, mais il était réglo. Chaque famille a été accompagnée jusqu'à la gare de l'Est à Paris, personne n'est resté coincé aux postes frontières, comme nous le décrit Sonia lors du voyage de ses grands-parents.

Ce livre est à découvrir absolument, pas besoin de lire un thriller mettant en scène un serial killer pour Halloween….La réalité permet bien suffisamment de frémir, de glacer le sang et de nous faire faire des cauchemars. A votre avis, combien vaut la vie d'un homme ? Quel est le prix de sa liberté ? Jouons à un jeu….Imaginez-vous, dans les années 60, en Roumanie. Vous êtes juif, vous devez absolument quitter le pays pour ne pas finir emprisonné. A combien de porcs Landrace évaluez-vous votre salut ?…

« Ils n'ont pas fui, on les a laissés partir. Ils ont payé pour cela une fortune. Des papiers leur ont été accordés, puis retirés, puis finalement accordés. Ils ne voulaient pas quitter leur pays. Ils ne voulaient pas, mais ils n'avaient plus le choix. A chaque arrêt, chaque poste-frontière entre la Roumanie et la France, ils ont cru que le train ne repartirait jamais. le 19 décembre 1961, pourtant, Harry et Gabriela Deleanu, leurs deux filles et une grand-mère réussirent à atteindre Paris. Ils avaient franchi le Rideau de fer sans cesser de se retourner. »

#Lesexportés #SoniaDevillers #Flammarion #RentréeLittéraire2022
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Sonia Devillers nous livre à travers l'histoire de ses grands-parents, tout un pan de l'histoire roumaine. Et quelle histoire ! Effroyable. Terrible. Inimaginable si les faits, les archives ne l'attestaient pas.

Les exportés, ce sont les Juifs roumains, qu'on a vendu contre des porcs, du bétail. Oui oui, vous avez bien lu. Des hommes contre des cochons.

Je ne connaissais pas, peu, l'histoire de Roumanie. Ce que j'ai lu m'a sidérée. Certains passages sont très durs. La manière dont les Juifs ont été assassinés durant la Seconde Guerre mondiale...quelle horreur !

Un livre intéressant, qui nous fait halluciner sur ce que les hommes sont capables d'infliger à d'autres. 

À lire d'urgence !
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C'est avec effarement que je referme ce livre qui raconte l'histoire des Juifs de Roumanie et celle d'un peuple qui a collaboré à l'extermination de ceux-ci.
Sonia Devillers, journaliste, à travers son histoire familiale, nous livre un récit révoltant et bouleversant. Même si je connaissais la responsabilité de nombreux pays de l'Est et de leur population dans les arrestations et massacres de juifs, j'étais loin de m'imaginer ce que je découvrirais en ouvrant ce livre.
Un ouvrage de mémoire oh combien nécessaire et révélateur.


Un antisémitisme profond et ancien sévissait en Roumanie bien avant la deuxième guerre mondiale. le pogrom de Bucarest et l'implication de l'Etat dans les tueries de masse commises à travers le pays en témoignent. Après la guerre, les communistes ont achevé l'oeuvre des fascistes pour débarrasser la Roumanie des Juifs.
De 750 000 juifs avant guerre, le pays n'en compte plus que 350 000 au sortir de celle-ci et à la chute de Nicolae Ceausescu, ils étaient moins de 10 000 !


"Être juif en Roumanie. Quel autre pays a vendu ses juifs contre des cochons ? "

A la fin des années 50, le pays est exsangue et il met alors en place un trafic d'êtres humains (des juifs), en échange de cochons, de bétail, de volaille et de matériel agricole payés par l'argent des familles qui voulaient s'enfuir.
Le régime a assujetti le vivant aux impératifs du productivisme agricole!

C'est cette histoire que nous raconte Sonia Devillers à travers celle de ses grands-parents maternels, de sa mère et de sa tante.

Si comme moi, vous êtes intéressé par L Histoire à travers la petite histoire d'une famille, n'hésitez pas à vous procurer ce livre, il est stupéfiant.
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