Mais rien n’a jamais moins fait avancer le temps que de lui coller au train ; les minutes s’étirent, épouvantablement longues, à la manière des nuits d’insomnies.
Pour peu qu'on sonde un peu les noms - parce que l'onomastique est un endroit où tout est permis - on pourrait en faire goutter une eau noirâtre, dégueulasse, sorte de prédestination sordide.
De toute façon, cette odeur du matin joyeux ne doit exister que dans son imagination.
C’était cela, cette ouverture aux autres, qui était formidable dans son travail. Certaines oeuvres d’art se contentent de soliloquer, toutes repliées qu’elles sont dans leur hermétisme. Les siennes jamais. Même nées de son histoire, d’un magma d’émotions intimes, les oeuvres de Niki de Saint Phalle ont toujours été accessibles, compréhensibles, tournées vers le monde, retournées au monde : adressées.
Et de nouveau la dysphorie. Etre une bonne mère et une bonne épouse et une bonne hôtesse, elle l'a voulu, voulu très fort. Et puis, soudain, malgré les efforts, la lutte intérieure, l'acharnement, elle ne peut plus, ne le supporte plus. A Harry qui ne comprend rien:
Je refuse de n'être qu'une femme d'écrivain qui fait de la peinture !
C'est dit, martelé, pleuré, craché, hurlé. (p. 75)
La maîtresse et les autres ne savent pas. Ne peuvent pas savoir. Que les couleurs sont en réalité des tristesses noires qui se griment en Arlequin pour s'assurer qu'on ne les reconnaisse pas : un désespoir qui voudrait passer incognito.
Est-ce que les femmes doivent être nues pour entrer au Musée ? Moins de 4 % d'artistes sont des femmes mais 85 % des nus sont féminins.
Guérilla Girls, 1985
Le temps est un adversaire redoutable qui ne se combat pas avec les petits poings de la volonté, toute hargneuse soit-elle. Il manque. On lui court après. On pleure, on s'essouffle. Pause !
Harry (...)
C'est un bon compagnon parce qu'il la comprend, et la fraternité vaut plus que la fidélité. Ils ne se sont, après tout, pas mariés pour autre chose. deux sensibilités en miroir, deux cancres de la vie mondaine (...) Sans autre but alors que de faire péter le cadre familial (...) (p. 51)
- Je savais bien que tu viendrais ruiner mon projet avec ta petite logique raisonneuse. Tant pis. Je construirai mon propre endroit magique.
- Les Français disent bâtir un château en Espagne.
- C'est ce que je ferai !
- Ils disent cela pour se moquer de l'inconstructible.
- Les Français fantasment et les Américains entreprennent.Je suis franco- américaine, mon château, je l'imaginerai et le construirai avec des courbes comme des bras qui vous entourent, et de la couleur, de la couleur à rendre ivre. Tu m'aideras, dis Harry ? (p. 60)