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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trencadis est un livre hors du commun. Jamais je n'ai lu un style aussi novateur, avec une structuration aussi audacieuse.
Par bribes, avec des narrateurs divers, parfois inconnus, le lecteur se laisse emporter par une mosaïque de sensations, d'images, de textes. Tout, de la mise en page, au texte, en passant par la découpe des textes en chapitres ciselés invite à l'étonnement, mais aussi à l'addiction.
Les mots touchent leur cible. J'ai parfois eu l'impression que certains chapitres étaient des oeuvres d'art, tant l'écriture est créative et multiple. On voit. On sent. On ressent. de cette écriture exigeante ressort une puissance intense qui invite à reprendre régulièrement son souffle, ce que permettent les pages blanches.
On apprend beaucoup sur la vie de Niki de Saint Phalle, dont finalement, la plupart d'entre nous ont une image partielle, tant en ce qui concerne sa vie, ses blessures, que ses oeuvres d'art.
Il y a aussi cette impression de chaos, avec un découpage qui ne semble pas ordonné et qui pourtant, arrive à étourdir.
On est bien loin de la biographie d'artiste conventionnelle.
A découvrir, avec délectation.
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Son visage trône au milieu du salon depuis de nombreux jours à présent. La grâce d'une héroïne hitchcockienne, une fragilité apparente, beauté blonde et froide, port de princesse, rien qui ne pourrait laisser présager, en apparence, du feu brûlant de la création comme seul remède pour survivre. Niki de Saint Phalle c'est bien elle, moins connue sous son nom de femme mariée Tinguely, mariée à son amour Jean, peintre-sculpteur est dévoilée dans ce « roman biographique » .
Niki de St-Phalle la plasticienne, réalisatrice, artiste d'avant-garde et dont beaucoup d'entre nous connaissent les Nanas, ces superbes femmes rondes, généreuses, colorées. Un destin de femme et dans ce sens en lire une biographie représente un intérêt. Mais ce livre est bien plus qu'une biographie « classique ». Il prend la forme d'une mosaïque de regards, de récits, de témoignages, d'anecdotes, d'archives, le tout sous une plume d'écrivain qui fait entendre les voix, celle de Niki et de son entourage pour raconter une trajectoire, incarner une femme et approcher une oeuvre, son processus créatif. Ce livre est à l'image des créations de l'artiste : un éclatement, des brisures et cassures, du rond, du polychrome, un enchevêtrement, fourmillement, un imaginaire au service du réel, un brassage pour dire la vie.
Trencadis : n.m. Technique de constitution de mosaïque par récupération de morceaux de céramique.
Niki, et elle dans les lignes de cet ouvrage, n'est pas morcelée, elle s'équilibre au mieux et se forge, se forme de tous les éclats, failles, entraves, rencontres, luttes de son existence. Ainsi du brisé on construit quelque chose…
La cassure, la fragilité et voilà la résilience en action pour sublimer et exorciser les crimes, les odieux, le brisé en soi.
Rien n'est parfait, jamais. « Pourtant tout mon corps se tend à l'idée de cette gifle à empreintes rouges que je suis, hélas, incapable de leur flanquer. Je bous de colère, j'éructe, j'érupte, qu'on ne vienne pas me chercher des emmerdes, ah ça non….Mais en vérité, c'est surtout après moi que j'en ai, ce moi qui me déçoit. Longtemps je me suis pensée guerrière, capable de déloger l'ennemi intérieur, plus forte que tout, mais non ! La guerre est d'usure, et profite malignement de mes gardes baissées et de mes lassitudes. »
Echo si actuel quand j'écris ces lignes à la foule de témoignages spontanés qui rappellent et surtout disent, crient encore combien l'inceste fracasse, détruit et combien il est difficile de s'en relever, de cicatriser les blessures du corps malmené et de la honte infiltrée.
Dès lors merci Mme Niki de St Phalle.
Quel souffle, quelle force et dignité en suivant la lumière de la création, de la voie de l'imaginaire pour tracer un chemin et gagner une liberté, même brinquebalante.
Liberté et inventivité de la narration ingénieuse et pétillante pour nous approcher de la femme et de ses combats. Merci Caroline Deyns.
« Toujours est-il que ce secret ajouté à tous les précédents, puisqu'il est des familles ainsi bâties sur des silences grimpés les uns sur les autres comme des tas d'immondices, a du détraquer ma patiente plus sûrement que ne l'aurait fait la vérité. Mieux vaut dégoupiller une bonne fois pour toutes les mines qui nous courent sous la peau m'a-t-elle déclaré un jour. A condition de ne pas le faire à moitié au risque de se retrouver avec une explosion de pétard mouillé. »

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Caroline Deyns se glisse dans la peau de Niki de Saint Phalle, artiste peintre et plasticienne née en 1930 et célèbre, entre autres oeuvres pour ses « nanas » et son jardin des tarots. Elle l'habite de façon convaincante, selon les épisodes importants de sa vie et de ses travaux avec une écriture variée dans son style et qui suggère de façon remarquable, ses sentiments, son état d'esprit et ses états d'âme. On découvre l'univers de vie et de pensée de l'artiste de façon vivante dans une fiction qui n'est sans doute pas très éloignée d'une réalité vécue et marquant le 20ème siècle de son empreinte féministe. Une belle réussite littéraire.
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Une couverture arborant un titre intriguant et une photo de cover-girl dont l'absence de sourire et le regard semblent trahir un malaise, un trouble, une fêlure. Quelle sacrée entrée en matière pour un livre qui fait de l'artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle son héroïne...

C'est un ouvrage audacieux, qui a l'intelligence de ne jamais tomber dans les pièges de la biographie. Pour faire écho à l'art de la mosaïque [le fameux « trencadis » catalan] que l'artiste pratiquait si bien, l'auteur nous propose un récit à la narration éclatée, qui multiplie les angles de vue sur ce personnage complexe. Avec des ruptures de ton qui instaurent parfois des respirations, et qui coupent parfois brutalement le souffle ; la lecture de certaines pages fait l'effet de véritables coups de poings dans le ventre. Un récit qu'elle ponctue également de calligrammes et de citations qui viennent éclairer des pans entiers de cette vie tumultueuse, à l'origine d'une oeuvre puissante et protéiforme.

Encore merci à Caroline Deyns. Grâce à son livre, Niki de Saint Phalle entre définitivement dans « mon Musée Imaginaire », au plus près de Frida Kahlo et de toutes ces femmes qui refusent de vivre uniquement dans l'ombre d'un artiste, et qui luttent pour « s'exprimer ailleurs et autrement que dans le couple et la maternité ».
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Bien plus qu'une biographie, le portrait de cette femme présenté de manière originale, comme pourrait l'être une exposition, est un véritable enchantement.

Caroline Deyns nous offre à sa façon une aventure passionnante, bourrée d'anecdotes en nous offrant ce récit qui nous permet de découvrir la passion et l'admiration qu'elle a pour Niki.

Une magnifique découverte qui me permet de poser un regard différent sur l'artiste que je connaissais si peu, et qui me permettra dorénavant d'admirer ses oeuvres à leurs justes valeurs.

C'est publié chez Quidam Éditeur, qui nous offre toujours une belle galerie d'artistes d'horizons différents pour toujours surprendre et émouvoir les lecteurs .

Une belle surprise complètement inattendue.

Chronique complète sur mon blog Dealerdeligne sur WordPress lien ci-dessous :
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La narration parfaite, éclatée et solaire, pour nous faire partager la vie mosaïque de Niki de Saint-Phalle et sa manière unique de transformer le plomb de la dépression en or artistique resplendissant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/08/19/note-de-lecture-trencadis-caroline-deyns/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Niki de Saint Phalle, je croyais connaître. Un peu du moins, une femme artiste, ses Nanas, ses Tirs, son mariage avec Tinguely. J'aimais comme ça, sans trop savoir pourquoi. Suffisamment en tout cas pour attendre avec impatience le livre de Caroline Deyns (chez Quidam éditeur en plus).

Puis j'ai lu « Trencadis »… Je ne savais pas grand chose finalement : son enfance (ouch), sa vie, ses choix, sa libération cathartique au travers de l'art… sa folie (ou pas, qu'appelle-t-on folie ?). J'aime encore plus Niki, j'ai envie de découvrir plus avant son oeuvre et je remercie Caroline Deyns pour son travail de recherche et surtout d'écriture qui frôle la perfection.
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Bel objet de biographie romancée, le style et la narration dessine une littérature marginale mais belle et puissante. J'ai complètement adhéré au récit sans pour autant en tirer plus sur le travail de Niki de Saint Phalle. J'apprécie tout de même le pouvoir de littérature qui émane de ce roman « à côté ». C'est documenté sans être informationnel, c'est surtout touchant, l'autrice détenant un formidable savoir sur les émotions et comment les raconter.
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Avant toute chose il me faut avouer mon ignorance quasi-totale… de Niki de Saint Phalle, je ne connaissais que la fontaine près du centre Pompidou, devant laquelle je passais régulièrement lorsque j'allais travailler à la bibliothèque.

Je découvre donc, la femme et l'artiste grâce à ce roman-biographie et le moins que l'on puisse dire, c'est que le personnage est déconcertant, fascinant, attachant… Son destin extraordinaire est celui d'une femme éprise de liberté, une vie consacrée à l'art. Il lui en aura fallu de la force pour oser embrasser cette vie hors normes, renoncer à ce qu'elle avait construit, subir les jugements… Et pourtant, elle en trimballait des blessures, plaies ouvertes, ténèbres d'une enfance brisée, à mille lieues des oeuvres joyeuses qui caractérisent son oeuvre. Un paradoxe total.

S'accordant à la femme étonnante dont elle nous parle, Caroline Deyns nous propose un texte plein d'énergie et riche en émotions, à la construction étonnante. Un texte mosaïque, trencadis littéraire.

Très belle découverte, la lecture comme l'artiste.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Voilà une biographie romancée qui décape, questionne, dérange parfois et fait voler en éclats nos certitudes, nous plonge dans les états d'âme de l'artiste (névrosés), dans un style percutant, brillamment construit, incisif qui nous laisse parfois bouche bée devant une telle écriture !!!! Bravo. Pourtant au début on se questionne on s'interroge on ne comprend pas tout.... mais au fil des pages on se rend compte que cette biographie est tout à l'image de Niki : électrique, éclatée, percutante, violente. Cette femme traumatisée dans son enfance, a su trouver dans son oeuvre, très contemporaine, sa rédemption en sublimant son mal-être, sa violence et son désir de vengeance envers les hommes et la vie. Moi qui croyais la connaître après l'avoir découverte lors d'une exposition sublime au Grand Palais en 2014, j'avoue avoir découvert des pans de sa personnalité, de son féminisme, de son talent, et de mieux la cerner aujourd'hui. Quelques pages également sur l'explication de quelques unes de ses oeuvres au travers d'entretiens et de personnages qui l'ont cotoyée. Encore une fois BRAVO. Pour conclure je la citerai :"j'ai eu la chance de rencontrer l'art parce que j'avais sur le plan psychologique tout ce qu'il faut pour devenir une terroriste".
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