Citations sur Piège à rats (21)
...combien la vie serait plus facile si les sacs à main n’existaient pas, mais d’un autre côté comment pourrait-on survivre sans eux, encore que son amie Stefania avait définitivement renoncé aux sacs à main, elle avait tout bonnement jeté le sien un beau jour et apparemment elle se débrouillait quand même, donc c’était sans doute possible, avec le temps tout était possible.
Ces soupirs étaient immensément expressifs. Le monde, semblaient-ils dire, avait une fois de plus démontré ses capacités sans limites pour la stupidité, la vulgarité et surtout la plus totale insensibilité à ses besoins et à ses désirs. Non qu’il en fût le moins du monde surpris : au contraire, il s’était résigné depuis longtemps à ce que la cruauté de la vie s’imposât à lui sans relâche. Pourtant, chaque rappel du sort cruel qui était le sien était comme un petit caillou de plus qui venait alourdir encore le fardeau qu’il était contraint de porter sur ses épaules sans même avoir le droit de se plaindre. C’était trop atroce, vraiment !
On ne pouvait se défendre contre les kidnappeurs qu’avant le moment où ils passaient à l’action, en les persuadant de choisir une autre victime.
Pour nous, Rome est un autre monde. Si au début vous nous trouvez un peu rudes, un peu mal dégrossis, dites-vous que c’est simplement notre façon d’être. Vous verrez, vous vous y habituerez très vite. Nous manquons de vernis, c’est certain, mais le bois dont nous sommes faits est sain et solide !
Rien ne pourrait lui donner l’envie de vivre dans quelque déprimante contrée septentrionale où tout fonctionnait comme un mécanisme d’horlogerie. Comme si c’était cela, la vie ! Non, la vie, c’était par exemple ces deux jeunes gars dans le couloir, des petits durs typiques des faubourgs de Rome en jean et blouson de cuir, qui scrutaient l’intérieur des compartiments de première classe tout en parcourant le wagon avec une insolence naturelle et dégagée que nul degré de pauvreté ne pourrait jamais toucher, comme s’ils étaient les propriétaires des lieux ! Le pays souffrait peut-être de nombreux maux, mais aussi longtemps qu’il pourrait produire tant d’énergie brûlante, d’irrésistible vitalité et d’appétit…
C’est une conception qui vient du Nord, et il est juste qu’elle y reste. Elle n’a pas sa place ici. Je suis d’accord, nous avons quelques problèmes. Mais il y a des problèmes partout dans le monde ! Il suffit d’ouvrir un journal, de regarder la télévision. Croyez-vous que ce pays soit le seul où tout ne soit pas parfait ?
Les pauvres prient pour obtenir des miracles mais les riches les exigent comme un droit. Quoi qu’il en soit, je n’essaie pas de justifier ce qui est injustifiable.
Je demande justice. Est-ce qu’il faut un miracle pour obtenir justice dans ce pays ?
Lorsque quelque chose arrive à l’un de vous, les hommes politiques, tout le pays est en état de siège ! Il n’est rien qui ne soit mis en œuvre, rien qui soit trop difficile ou trop dispendieux ! Mais lorsqu’il s’agit d’un citoyen ordinaire, respectable, intègre comme notre ami Ruggiero, personne n’y prête seulement attention. Ce sont les affaires courantes. On se contente de dire : “C’est sa faute après tout ! Pourquoi n’a-t-il pas pris plus de précautions ?
Les kidnappings sont le fléau de la société aujourd’hui, un fléau et un danger devant lesquels nous sommes tous aussi désarmés les uns que les autres, aussi impuissants, et…