Un monologue intérieur, un rythme incantatoire, un flux de pensées noires, forcément noire vu le sujet, l'enfer des tranchées et la couleur de peau du narrateur, Alfa, tirailleur sénégalais. Il a vu son « plus que frère » mourir sous ses yeux, éventré, et il lui a refusé le coup de grâce qui aurait abrégé ses souffrances. Forcément, il s'en veut, hanté, forcément, il sombre dans la vengeance, quitte l'inhumanité de la guerre pour la folie et s'empare de l'esprit de son « plus que frère », à moins que ce ne soit l'inverse. Et le récit se conclut sur cette énigme, dans le même bain de violence où le début nous avait immergé. Quelques retours en arrière, dans une Afrique mythifiée, consolident les personnages, leur donnent un peu plus de chair que celle de chair à canon. Dans cet itinéraire qui se veut halluciné, Alfa dit se construire sa propre pensée, s'émanciper mais je me demandais bien de quoi, parce qu'il pense toujours de la même façon, par répétition de formules qui sonnent l'oralité africaine. La folie est mise en mots poétiques et métaphoriques … La tranchée qui recrache ses victimes comme des nouveaux nés à la violence, un vagin à l'envers, soit, mais ça fait hiatus avec le personnage qui se dit inculte, C'est de la supercherie littéraire.
L'image du fou furieux qui surgit de la tranchée avec son coupe coupe pour aller trancher les mains de l'ennemi aux yeux bleus jumeaux sous la lumière de la pleine lune, c'est peut-être incantatoire et poétique, mais ça frôle la caricature quand même … La folie, descente aux Enfers, est dans la même veine, à coup de grigris et de mains coupée séchées …
Dois-je ajouter que ce texte que ce texte m'a profondément agacée ?
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