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Critique de Fleitour


Encore une fois Philippe Djian nous sert dans Impardonnables une intrigue improbable, non identifiée, loin des schémas scrupuleusement préconçus d'un John Irving, on quitte le rivage, on largue les amarres on peut même oublier l'ancre, l'important est de naviguer et pour Djian d'écrire.

Chaque jour, Philippe Djian se met à la tache, délivrance du quotidien, oxygène et apnée se conjuguent pour trouver le bon souffle, avancer d'une phrase, ruminer la suivante, comme un jeu de cache-cache avec lui même, se perdre pour mieux trouver un nouveau filon et surtout ne pas reproduire le truc qui a fonctionné, et réinventer un langage. Il le dit et l'affirme écrire est épuisant c'est un travail sérieux, pour tenir la note trouver à chaque récit le ton juste et ne jamais tomber dans le facile ou le déjà vu pire le déjà écrit.

Les personnages dans ce récit sont un peu paumés, Alice la fille de Francis, le devient, paumée, mais où disparaît-elle, ailleurs, pour se révolter, pour exister et donner à réfléchir à son père.

Chaque membre de cette famille recomposée et rerecomposée, est acteur de leur drame commun puis victime, l'auteur impardonnable de ce qu'il impose aux autres. La mélancolie imprègne ces pages, au point de rendre le bonheur illusoire, Francis se réfugie dans l'écriture d'un nouveau roman, comme l'unique chemin possible. Francis s'accroche à l'écriture pour ne pas sombrer, pour ne pas prolonger indéfiniment le deuil de sa fille, meurtri douloureusement par la perte de sa femme.

A chacun de trouver son mythe de Sisyphe pour fonctionner en dérivation d'un quotidien trop lourd.

Mais chez Philippe Djian le témoin, c'est le langage, témoin de ses frasques comme de ses succès, et "Perdre un lecteur est pire que de recevoir cent coups de fouet. Perdre un lecteur est une terrible sanction."
 
Ce que l'on attend de Djian, c'est du style, de la fougue de l'énergie, surtout dans le désespoir, "Lorsque j'y réfléchissais, je devais admettre que l'on ne connaissait rien de la douleur d'autrui, qu'il n'y avait pas d'étalon, que l'on pouvait être surpris, stupéfait, abasourdi par les dégâts que l'on occasionnait chez les autres.." 

Un langage qui s'ouvre sur des clins d'oeil, ou de l'humour, "Je les retrouvai dans la cuisine.... Ils étaient penchés tous les trois au dessus de mon navarin comme s'il s'agissait d'un berceau - en dehors du fait que celui-ci fumait " .
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