L'autorité parentale est un mot idiot, il vaut mieux dire la "responsabilité parentale".
Le problème, c'est plutôt la neutralisation des rapports. Le non-échange. Et on cohabite, on se parle mais on ne se comprend pas ou on pense qu'on ne pas se comprendre et qu'on ne peut rien les uns pour les autres. Il n'y a plus le désir de communiquer. Je crois que cette neutralité passive est peut être plus grave que les violences conflictuelles entre générations. Le contraire de l'amour ce n'est pas la haine. La haine c'est la même chose que l'amour - mais c'est l’indifférence.
L’expérience montre que c'est d'une manière globale qu'il faut penser le rapport entre l'enseignant et l’enseigné. L’échec scolaire n'a de sens que si l'enfant est dans un échec de relations sociales, mais si l’échec scolaire dans telle matière s'accompagne d'une réussite musicale, ou d'une réussite technique, manuelle, ce n'est pas un échec humain. Si un mathématicien est en échec scolaire d'autre chose, qu'est ce que ça peut faire ? S'il est dans le social, qu'il a trouvé sa voie et qu'il n'est pas pour le programme mesuré que tout le monde lui a fait. Imposer la réussite dans toutes les disciplines en même temps est aberrant.
La patience. Je savais que je devais attendre. Je n'avais aucune possibilité de sortir, n'ayant pas un sou, même pas de quoi prendre un ticket d'autobus. Je n'avais aucune liberté de manœuvre. Et je prenais mon mal en patience dans cette seule perspective : pouvoir me débrouiller seule dès que j'aurais atteint ma majorité.
Si l'adolescent a un projet, même a long terme, il est sauvé. Il fait des choses pour nourrir ce projet. C'est ce qui rend l'attente supportable dans le purgatoire de la jeunesse, dans cet état d'impuissance et de dépendance économique. Ma mère m'a aidée a savoir ce que je voulais a force de s'y opposer.