Avoir un coup de coeur pour une maison, pour son carrelage, la vue sur mer à l'étage, y entrer à pas de loup comme dans l'oeuvre intimiste du délicat auteur-compositeur.
Dominique A nous offre ses poèmes. Ils évoquent des souvenirs comme ceux que peut receler une maison, empreints de brume, de nostalgie ; ils évoquent l'écriture, les retours impossibles ; ils sont un pas de côté, un regard d'artiste posé avec douceur, parfois ironie, sur la société, sur ses semblables, sur l'époque, sur un chat, sur les oiseaux, les paysages de campagne ou celui de villes tristes – La tristesse des villes imprime sur les gens dont la tristesse imprime les villes. Il est touchant lorsqu'il dit écrire comme un enfant et nous fait ici découvrir un peu plus son univers. Ce recueil de poèmes est comme une parenthèse partagée avec un ami, dans les rues d'une ville où nous errions plus jeunes, une ville triste que nous rêvions de quitter ou une ville où, étudiant, nous refaisions le monde, nous traînions dans un café ou dans les librairies.
Et hop, dans mon sac avec le Déversoir d'Arthur et Les Ronces de Cécile. J'aimais ses chansons, j'aime sa poésie. Comme Dominique, mon sac est rempli de livres, promesses de jolis vagabondages.
Le carrelage
La première chose que j'ai vue
c'est le carrelage
motif à trois couleurs
traçant le chemin
jusqu'à l'escalier
Je suis monté
et je suis resté en arrêt
à l'étage
face à l'eau qui s'étalait
J'ai pensé c'est l'endroit
pour mettre un crochet
aux années
Je suis redescendu
et j'ai marché lentement
sur le carrelage
pour l'habituer
Il a pris mes empreintes
pour mon retour