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3,57

sur 104 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ah les crocrocro, les crocrocro…
Aussi rare en Russie que la démocratie, un sac Hermès sur pattes est exposé à Saint-Petersbourg dans une galerie marchande au début des années 1860 par un couple d'allemands cupides.
Comme la bêtise fricote souvent avec la témérité et que l'inconscience n'a pas attendu que des imbéciles carencés en sensations fortes fassent des selfies avec des animaux sauvages ou au bord de précipices en reculant (oui, oui encore un ou deux pas, t'inquiètes, vas-y !), un fonctionnaire russe veut contempler la bête d'un peu trop près et se fait avaler pour le goûter. Un alligâteau.
Si Jonas fut vomi par la baleine car le prophète, plus pénible qu'un GPS bavard en voiture, lui était resté sur l'estomac, que Pinocchio fut recraché par le requin car le pantin en bois était aussi calorique d'un cure-dent, Ivan Matvéïtch s'installe confortablement dans le ventre de l'animal, espace vide, spacieux (comme quoi, certains sacs à mains sont bien rangés !) et il n'est pas mécontent de sa nouvelle célébrité car il peut communiquer avec l'extérieur.
Elena, sa veuve mais pas trop, profite de l'aubaine pour se faire consoler par quelques bons amis en itch, et le couple d'allemands triple le prix d'entrée pour exploiter cette nouvelle attraction. Seul le narrateur, collègue et ami du parasite est contraint de venir lui donner lecture des articles plus ou moins élogieux parus dans la presse. Pas de quoi verser quelques larmes de crocos qui vagit et se lamente quand il crie.
Pendant l'écriture des « Carnets du Sous-sol », on peut comprendre que Fédor du logis ait ressenti parfois le besoin de remonter à l'étage pour s'aérer la plume avec l'écriture de cette nouvelle fantastique légère et amusante un peu Gogolisée.
Derrière la fable absurde, néanmoins, comme Dosto n'est pas un grand comique par nature, il ne peut retenir son allergie de l'occident oxydant et une critique politique et sociale. le catholicisme, le socialisme, le capitalisme sont aussi mâchouillés et mals digérés que le fonctionnaire russe.
La lecture n'est pas déplaisante mais ces 70 pages ne pèsent pas grand-chose dans la bibliographie de l'immense écrivain russe. Il n'est pas étonnant que cette oeuvre reste assez méconnue et caïman oubliée. Elle est au niveau de mes jeux de mots de la journée.
C'est toujours mieux que cette comptine pour enfant qui justifie l'extinction de l'espèce et que je m'ôte plus de la tête. Un lézard au plafond.
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S'il y a bien un domaine dans lequel je ne m'attendais pas à croiser Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski, c'est bien celui de l'absurde et du burlesque ! Là où je suis accoutumée à voir briller Gogol, j'ai donc été surprise de découvrir l'auteur de "Crime et châtiment" et ce n'est sans doute pas un hasard si en lisant cette incroyable (et improbable) histoire de fonctionnaire vivant dans un crocodile, j'ai très souvent songé au "Journal d'un fou" dudit Gogol.

Oui, oui, vous avez bien lu, ce récit nous narre comment un fonctionnaire, Ivan Matveïtch - venu avec sa femme et un ami assouvir sa curiosité au spectacle d'un énorme crocodile (ça change des ours) produit en plein Petersbourg - est dévoré par le saurien et s'installe confortablement dans les entrailles du monstre. Aux cris de la foule, de sa femme, de l'ami et du propriétaire du crocodile, répond la calme résignation d'Ivan Matveïtch qui voit dans cette circonstance une heureuse opportunité de booster sa carrière, d'une part par le sensationnel de la chose, et d'autre part par l'étude approfondie qu'il peut ainsi mener sur la gent reptilienne.

Vous aurez compris que Dostoïevski se sert de cette farce pour disséquer non pas le crocodile mais la nature humaine, pointant du doigt ses nombreuses contradictions, son ridicule, sa vanité et son égoïsme. Les réactions qui découlent de cette situation atypique ont de quoi surprendre le lecteur et heurter le bon sens. De sa plume exceptionnelle, Dostoïevski brosse notamment un tableau cynique de l'administration et de la vénalité.

Même si ce court récit - resté inachevé - ne manque ni de mordant ni d'originalité, mon intérêt n'y aura pas complètement adhéré.


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Fable mordante
Le narrateur, son ami Ivan et l' épouse de celui-ci, Elena, se rendent au "Passage"où un couple d'Allemands expose un crocodile dans une baignoire. Le petit fonctionnaire Ivan, qui veut faire le malin, titille la bestiole qui le gobe tout cru. Qui va le sortir de là ?

La nouvelle est une fable ironique, écrite en 1865, dans laquelle Dostoïevski fustige les politiques qui proposent l'intrusion des capitaux étrangers en Russie avec l'assentiment servile, cupide ou aveugle de l'administration.
Personne ne veut tuer le crocodile. Cela reviendrait beaucoup trop cher, le propriétaire allemand demanderait des compensations, la victime des indemnités, cela entrainerait des tas de paperasseries, mieux vaut ne pas en parler au supérieur hiérarchique..;Néanmoins, la presse en parle, déforme tout, mais cela fait aussi de la publicité, ce qui profite à l'Allemand et à Ivan.
La nouvelle est drôle parfois hilarante. Le début surtout qui ressemble à du Gogol. Mais il y a également des passages un peu trop explicatifs qui nuisent au rythme de la farce. Surtout, il manque un narrateur complice, un narrateur confident. Semione Semionitch n'est guère sympathique. C'est même un bel hypocrite. Il présente Ivan comme son copain, son ami mais ne se prive pas de le dénigrer. Il est aussi anti-germanique primaire et misogyne .
(lu dans la traduction de W. Bienstock, 1909 qui se trouve sur le site gratuit de la bibliothèque russe et slave).
















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Un fonctionnaire se fait avaler par un crocodile.
Ce crocodile serait vide d'organes, de ce fait l'homme est bien installé et s'y sent bien.
Il clame ses exigences et croit posséder un certain pouvoir du fait de cet évènement peu ordinaire.
Cet évènement à lieu en Russie dans les années 1860.
Je ne connais pas l'histoire de la Russie à cette époque mais ce petit livre à sans doute eut un certain impact puisqu'il se situe à la naissance du capitalisme.
Ce qui permet à l'intéressé , du moins le croit-il, de penser, de parler et surtout d'être écouté.
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Je ne suis pas habituée à lire Dostoïevski dans ce registre... On est loin des ambiances sombres, réalistes mais désespérées. Ici, l'intrigue commence comme un conte pour enfants - un homme visitant une sorte de zoo est avalé tout entier par un crocodile, jusqu'aux lunettes et au chapeau. On bascule ensuite dans le burlesque quand le personnage raconte la façon dont il est installé à l'intérieur du crocodile, voire dans la farce.
Mais où j'ai retrouvé le Dostoïevski que je connaissais, c'est en prenant l'intrigue comme un prétexte pour critiquer et dénoncer les travers des Russes : coquetterie des femmes, rouages d'une administration où les fonctionnaires sont rongés entre ambition et respect servile de la hiérarchie, appât du gain, envie de faire des discours sans fin... J'ai trouvé intéressantes les réflexions sur l'importance de l'introduction du capitalisme et de l'industrie en Russie, pour permettre l'instauration d'une bourgeoisie et donc le développement du pays.
Mais d'un point de vue de l'intrigue, tout cela passe trop vite, c'est une courte nouvelle. Et le Narrateur n'est qu'un récitant, il n'a pas de personnalité - comme souvent dans les romans du XIXème siècle, le point de vue adopté aurait été plus intéressant si l'histoire avait été raconté par le personnage féminin, mais cela est rare au XIXème...
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